Tout le problème est là : l’équation Foot-Opium des peuples n’est même plus opérationnelle. Pis ! C’est son contraire qui est devenue la constante. L’autre jour déjà, à Béjaïa. Et ce week-end encore à Alger et à Tizi-Ouzou. Nous nous acheminons peut-être vers un drame à l’égyptienne avec des morts en nombre comme à Port Saïd. Si le régime compte encore sur la baballe pour décompresser les foules et actionner la cocotte-minute, c’est raté. L’expression de la colère muselée dans le carré associatif, muselée dans le cadre syndical, muselée dans les manif’ et marches pacifiques a trouvé son chaudron. Ou du moins l’un de ses chaudrons, le stade et ses abords. Dans la capitale, mais pas seulement, des familles entières, des centaines de familles, avec enfants à bord des véhicules ont vécu un enfer. Certaines ont perdu leur seul bien et moyen de subsistance, la voiture vandalisée, détruite, réduite à rien. Demain, peut-être, je n’en suis même pas sûr, la DGSN va revenir à sa décision «remisée» l’an dernier, celle de se retirer des stades. Je ne sais pas ce que ce genre de retrait peut réellement résoudre. Il y a un «dedans le stade», mais il y a aussi un «en dehors du stade». Faut-il alors que la police soit également retirée de la rue ? Son espace civique ? J’ai lu et relu le papier de ma collègue du Soir d’Algérie, Abla Chérif. Parmi les slogans crachés par les «supporters» à Alger, il y en a qui ne trompent pas sur le degré de violence en gestation, à venir : «El Aâssima, H’na Nahak’mouha». La capitale, c’est nous qui la contrôlons ! En même temps, il ne sert à rien de délocaliser les matchs d’Alger. Partout ailleurs, les échos de fin de rencontres aux bilans de violence effrayants parviennent aux rédactions, et bien évidemment sur les bureaux des services de sécurité. Peut-être faut-il juste se ranger à cette conclusion. L’opium foot ne produit plus d’effet planant, calmant. Au contraire. Ce n’est pas mon boulot, mais je pense que le Palais et ses dépendances ont tout intérêt à se chercher une autre drogue à fourguer. Quant à moi, c’est toujours la même «cam» que je vous propose de fumer pour rester éveillés à notre cauchemar qui continue.
H. L.