025-/-Dimanche 25 Janvier 2015
Dimanche 25 Janvier 2015
الأحد 25 جانفي 2015 م
الأحد 4 شهر ربيع الثاني 1436 ه
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LA COMPOSITION DU SECRÉTARIAT NATIONAL POSE PROBLÈME Prévue pour aujourd’hui à l’hôtel Mazafran de Zéralda, la réunion de la Commission exécutive nationale (CEN) de l’UGTA post-douzième congrès n’aura pas lieu. Elle a été reportée sur décision du premier responsable de la Centrale syndicale aux 27 et 28 février prochain. Un report qui soulève des questionnements, d’autant que Suite... |
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JS Saoura-MO Béjaïa 0-1 -- .Dimanche 25 Janvier 2015
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«Crever l'abcès qui pourrit la vie de la nation» Saïd Sadi, qui a animé hier un café littéraire à Béjaïa, trouve «graves» les réactions de... |
Le grand gâchis...
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Météo Algérie émet des BMS
Alerte à la pluie, à la neige et au vent
le 25.01.15 | 10h00
Le mauvais temps sera de retour à partir d’aujourd’hui après 24 heures d’accalmie.
Trois nouveau BMS ont été émis par Météo Algérie concernant 15 wilayas où il y aura de la pluie, de la neige et du vent. Hier, la journée a été caractérisée par un soleil souvent voilé par les nuages. L’Office national de météorologie a publié un nouveau bulletin spécial dans lequel il annonce un temps froid et instable dans les régions nord du pays, avec de la neige qui affectera les reliefs dépassant les 700 mètres d'altitude. Le temps restera froid et instable avec des averses de pluie et/ou de grêle, notamment sur le Centre et l'Est.
Les températures maximales oscilleront entre 10° et 13° près des côtes et entre 3° et 5° vers l'intérieur et les Hauts-Plateaux, tandis que les vents seront modérés à parfois assez forts près des côtes. Dans les régions du sud du pays, le temps sera froid et ensoleillé, avec des températures maximales qui varieront en général de 13° à 20° et des vents faibles à modérés avec quelques soulèvements de sable locaux.
A cette époque de l’année, notre pays enregistre généralement un net refroidissement des températures sur les régions nord et même sahariennes, accompagné de fréquentes averses de pluie et de chutes de neige. Les températures sont globalement dans les normales saisonnières.
Dans son analyse synoptique de janvier 2014, l’Office national de météorologie a souligné que ce mois «a été marqué au début par des conditions météorologiques assez stables, puis à partir de la deuxième quinzaine du mois on a commencé à enregistrer des pénétrations d’air froid (air polaire) vers le bassin occidental et le nord du pays avec même des infiltrations vers le Sahara central, entraînant des conditions météorologiques très instables et la formation de systèmes pluvio-orageux assez intenses». Cette année, on semble aller vers la même tendance.
Le grand froid et les intempéries font des victimes parmi les citoyens qui utilisent des appareils de chauffage non conformes. Dans ce contexte, 11 personnes résidant à Batna et à Constantine ont été sauvées d’une mort certaine, hier, après avoir inhalé du monoxyde de carbone, selon des sources de la Protection civile. Et de préciser que les pompiers ont procédé au dégagement de plusieurs véhicules bloqués par la neige et apporté aide et assistance aux voyageurs.
Kamel Benelkadi
Saïd Sadi à propos de l’histoire
«Crever l’abcès qui pourrit la vie de la nation»
le 25.01.15 | 10h00
Saïd Sadi, qui a animé hier un café littéraire à Béjaïa, trouve «graves» les réactions de certains universitaires qui ont pris part à la polémique qu’a suscitée son livre Amirouche, une vie, deux morts et un testament. «On peut comprendre que la pression du pouvoir sur les témoins de la guerre de Libération puisse malheureusement conduire à une censure.»
Mais les universitaires, dont certains sont des historiens, sont entrés dans ce procès en sorcellerie qui, à mon avis, doit être absolument mis à plat calmement, sereinement, sans surenchère mais sans tabou.» Sadi souligne la position «claire» des universitaires que sont, entre autres, Kamel Daoud, Boualem Sansal et Anouar Benmalek, qui ont soutenu que «toute forme de censure opposée à un témoignage équivaut à une chape supplémentaire qui empêchera la construction de la nation».
«En quoi la connaissance de notre histoire, avec ses phases lumineuses, ses incertitudes et ses zones sombres, va-t-elle nous empêcher d’appréhender une fois pour toutes notre passé avec sérénité ?» s’est interrogé Sadi qui ne trouve pas en l’existence de «problèmes urgents» un motif pour ignorer les problèmes fondamentaux de la nation. Pour lui, ce n’est pas son livre qui suscite polémique, c’est plutôt son auteur. Sadi dit que «l’irruption citoyenne a provoqué un climat» qui a réorienté le sujet de l’heure sur le climat du livre.
«C’est dans les moments de confusion, d’incertitude, d’instabilité qu’il faut redonner à la nation ses propres fondamentaux pour reconstruire sur du solide», estime-t-il, considérant les polémiques «sans intérêt (…) qui nous enferment dans l’invective», un moyen de parasitage du débat essentiel.
Mieux, il y voit un «couloir de la polémique où le régime a évidemment toujours le dernier mot». Sadi invite à un débat serein et libre et réfute le discours qui diabolise la liberté d’expression comme étant source de désordre et de chaos. Un discours qui «justifie la censure et l’étouffement de l’expression citoyenne». «L’histoire reste utile à connaître parce qu’elle témoigne des handicaps qu’oppose le pouvoir à la réflexion libre et autonome», dit-il.
La série d’obstacles que son livre, interdit du Salon du livre d’Alger, a connus «signe la réalité de la politique culturelle du régime algérien», selon Saïd Sadi. Edité à compte d’auteur, malgré tout, à 60 000 exemplaires, «c’est le livre le plus vendu de l’Algérie indépendante» et c’est là pour Sadi une preuve suffisante de «l’échec du pouvoir algérien».
De la responsabilité universitaires
Il estime que «lorsqu’une vérité est dite, elle est importante parce qu’elle apporte un éclairage sur une partie plus ou moins importante de la nation». Et une vérité en appelle d’autres ; parmi celles-ci, Saïd Sadi rappelle des témoignages qui lui ont été faits. «A la deuxième édition, des intervenants se sont exprimés, notamment celui même que Boumediène avait chargé de déterrer Amirouche pour l’enterrer sous un numéro et non pas sous son nom, en décembre 1962.
Le responsable des communications du MALG, qui est le beau-frère de Ben M’hidi, qui avait hésité à témoigner, a finalement parlé. Celui qui a témoigné avoir reçu l’ordre d’exécuter Lotfi est encore vivant.» Les réactions suscitées par la première édition reviennent à la faveur de la quatrième édition du même livre.
Des vérités qui en appellent d’autres
L’auteur n’y voit rien de moins qu’un «séisme», lui à qui on a reproché d’avoir écrit que «Boussouf a ordonné la mort de Lotfi». «Ce n’est pas à moi qu’il faut s’adresser. J’ai dit qui l’a dit, où ça été dit et je donne les clés de la conférence où ça a été publié», répond-il. «J’aurais tout à fait compris si les universitaires qui sont en train de m’attaquer aillent voir ces témoins vivants pour vérifier l’authenticité des documents.» «Malheureusement, je le déplore sincèrement, le débat auquel j’ai appelé n’a à ce jour pas eu lieu», regrette-t-il après avoir expliqué les «origines et implications» de la polémique.
Il reconnaît parmi ses premiers détracteurs «les agents les plus orthodoxes du MALG». La polémique, explique-t-il, a servi à faire comprendre «pourquoi le MALG a été conçu». Sadi trouve «pernicieux» l’argument qui s’est greffé à la polémique autour de son livre, à savoir celui qui consiste à dire que «l’histoire de la guerre de Libération est définitivement codifiée dans son enchaînement, les référents qui doivent la structurer définis et tout ce qui vient remettre en cause cette doxa équivaut à une trahison nationale».
En arrière-plan, le conférencier voit «un discours toxique». «Evacuer les tabous» dans les débats, c’est ce à quoi il invite. «Il faut qu’on en parle, c’est un abcès qui est en train de pourrir la vie de la nation», dit-il, mettant le doigt sur les «séquelles dans la mentalité des citoyens» le fait «que l’on déterre clandestinement des ossements de deux officiers de l’armée que le pouvoir officiel ordonne de les enterrer sous des numéros et que, par la suite, on les déterre pour les séquestrer dans la cave de la Gendarmerie nationale».
«Je n’ai pas le souvenir d’un régime qui ait commis des horreurs, des forfaitures aussi graves», déplore Saïd Sadi, convaincu qu’«on ne peut pas construire une conscience nationale tant qu’on n’a pas définitivement parlé et évacué ce genre de crimes moraux. Je n’ai pas de compte à régler avec qui que ce soit. Mais on ne peut pas taire des forfaitures, sauf à vouloir les greffer pour l’avenir». Par ailleurs, Sadi avait été attaqué sévèrement sur ses déclarations sur Messali Hadj.
Hier, il a clarifié les choses : «Nul ne peut nier à Messali d’avoir été à l’origine de la création de l’Etoile nord-africaine, d’avoir conduit le PPA/MTLD avec le courage et une constance en faveur de l’indépendance… Mais lorsque le pouvoir personnel et l’éloignement du terrain viennent à croiser le parcours, on peut aller vers des dérives.» Et de soutenir que ces dérives peuvent se manifester par des conduites «y compris la trahison». Sadi conclut enfin qu’«il est temps que les universitaires disent que l’université n’est inféodée ni au Caire, ni à Moscou, ni à Paris».
K. Medjdoub
Les voies de la diplomatie algérienne sont impénétrables
le 25.01.15 | 10h00 4 réactions
Le deuil de trois jours décrété par le président Bouteflika à la suite du décès du roi d’Arabie Saoudite, Abdallah Ibn Abdelaziz Al Saoud, appuyé par l’envoi d’une forte délégation conduite par le président du Sénat Abdelkader Bensalah, accompagné du ministre de la Justice Tayeb Louh et du président du Conseil constitutionnel,M. Mourad, divise les Algériens.
Beaucoup s’interrogent sur cette fébrilité de la diplomatie algérienne à nulle autre pareille, pour autant que l’on se souvienne, même lorsque des deuils frappent des nations et des gouvernements liés à l’Algérie par des relations séculaires d’amitié sincère, de solidarité et de respect mutuel.
Que le président Obama et les gouvernements européens se précipitent pour témoigner leur compassion et leur amitié à un allié stratégique sur lequel ils s’appuient pour redessiner la carte géopolitique du Monde arabe en rapport avec le conflit israélo-palestinien et le dossier iranien, il n’y a rien de surprenant à cela ! Quand les grands de ce monde se déplacent en force, comme ils l’ont fait il y a quelques jours suite à l’attentat contre Charlie Hebdo et, cette fois-ci, à Riyad, en Arabie Saoudite, c’est que l’événement est d’importance capitale pour leurs intérêts stratégiques.
Le rôle joué par Riyad dans la chute brutale et continue du prix du pétrole sur injonction des Américains ne semble pas, en revanche, inspirer quelque ressentiment que ce soit, pourtant légitime, de la part des autorités algériennes pour ce coup de poignard dans le dos dont l’Algérie aura à payer une lourde facture dans les prochains mois.
Il fut un temps où les principes d’amitié, de solidarité, de fraternité, de coopération mutuellement bénéfique et de communauté de destin invoqués par l’Algérie dans la structuration et la conduite de sa politique extérieure avaient leur prolongement pratique dans l’action politique, diplomatique et les grands choix et décisions économiques.
Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Il y a comme une espèce de sadisme dans la conduite de la politique étrangère de l’Algérie, à voir cette disposition primaire de nos dirigeants à se prosterner et à embrasser la main de dirigeants qui ne veulent pas de bien à notre pays et, de manière plus générale, aux peuples arabes qui cherchent à s’affranchir des tutelles étrangères.
En dépit du verrouillage des espaces de liberté, la diplomatie de la rue en tant que réponse du cœur et de la raison à la diplomatie policée officielle est en train de s’imposer dans le comportement civique des citoyens. Désormais, à chaque fois que s’exprime la position officielle de l’Algérie sur un événement international, l’opinion réagit à rebrousse-poil.
Ce fut le cas il y a quelques jours à la suite des attentats parisiens où la présence du ministre des Affaires étrangères, M. Lamamra, à la marche parisienne a été «chahutée» en Algérie, dans plusieurs wilayas, par des marches de dénonciation des caricatures de Charlie Hebdo. Le même scénario est observé avec le décès du roi d’Arabie Saoudite.
Pendant que nos dirigeants tirent leurs mouchoirs, les réseaux sociaux s’enflamment et s’indignent de l’allégeance de l’Algérie vis-à-vis des monarchies du Golfe. Au niveau des mosquées, de nombreux fidèles ont refusé d’accomplir ce vendredi «la prière de l’Absent» à laquelle a appelé le ministère des Affaires religieuses en hommage au défunt roi saoudien.Les voies de la diplomatie algérienne sont impénétrables.
Omar Berbiche
Surdoués, talentueux et enfants à fort potentiel en Algérie
Le grand gâchis…
le 25.01.15 | 10h00
Je suis tout simplement plus intelligent que les autres.» Ryad, 9 ans, hoche la tête et répond naturellement, voire doctement. «Ce n’est pas de ma faute si je m’ennuie en classe. Ce sont les autres qui sont lents», dit-il. Et il n’a pas tort. Il fait partie d’une population infime encore largement inconnue en Algérie : les surdoués.
La non-reconnaissance affichée à l’égard de ces personnes dotées d’aptitudes innées hors du commun équivaut, évidemment, à l’absence de toute donnée locale et de toute étude fiable à ce sujet. Mais l’on estime statistiquement que 2,5 à 5 % d’une population donnée font, théoriquement, partie de cette catégorie. Les surdoués jouissent ainsi d’un intellect supérieur à la moyenne, qui dépasserait donc la barre des 130-145 de quotient intellectuel (QI).
Ce que Ryad semble avoir compris. Déroutant, le garçon l’est. Sur son visage alternent des moues d’enfant et une gravité d’adulte. Son physique frêle contraste avec son regard sérieux et droit. Même lorsqu’il parle, sa tonalité et ses mots sont ceux d’une «grande personne». Et ce n’est pas Baya, sa maman, qui dira le contraire. «Depuis qu’il est tout jeune, j’ai l’impression d’être confrontée à un adulte. Ce qui n’a pas été de tout repos», confie cette enseignante supérieure.
Avant que l’on soupçonne sa précocité, l’incompréhension et les conflits dominaient les relations entre mère et fils. Plus Ryad grandissait, plus il était non seulement turbulent et colérique, mais aussi et surtout très exigeant et demandeur d’attention, se plaignant à longueur de journée de s’ennuyer.
De son propre aveu, jamais elle n’aurait pensé que son fils puisse être soupçonné d’être précoce ou surdoué. «Pour moi, il était juste turbulent et difficile, toujours dans la confrontation avec moi. J’ai même envisagé la séparation temporaire, tellement le quotidien était devenu invivable pour nous deux», souffle Baya. Et à ses tentatives de trouver de l’aide chez un spécialiste, l’enfant oppose un niet catégorique. Elle est en plein désarroi. Un début de réponse lui tombe dessus, par hasard.
C’était à une conférence à laquelle elle assiste, ayant pour thème la neuroscience. «Le docteur Benyacoub donnait une communication décrivant les différents ‘symptômes’ que présentaient les enfants surdoués. Et j’y ai reconnu, trait pour trait, mon fils», relate-t-elle. «J’ai été partagée entre le soulagement, la peur, mais aussi la stupeur qu’avant cela, aucun professionnel n’ait jamais attiré mon attention sur cet aspect», admet-elle. «La douance est effectivement encore très méconnue et carrément ignorée en Algérie», déplore d’ailleurs Naïma Benyakoub, docteur en psychologie clinique (voir interview).
Surdoué cherche confirmation…
L’on ne peut ainsi donc pas établir, en Algérie, avec certitude la douance d’un enfant tant les tests standardisés qui sont parfois effectués, ici, ne sont pas adaptés à l’enfant algérien. Idem pour les méthodes de prise en charge de ces enfants. «Je suis encore dans le flou et, même après m’être beaucoup documentée à ce sujet, je ne sais pas avec exactitude comment me comporter avec lui», s’attriste d’ailleurs Baya. Sa sœur, Rosa, abonde dans son sens.
Elle-même est mère de trois enfants, âgés de 16, 15 et 11 ans. Et si la génétique et le facteur héréditaire jouent un grand rôle dans la douance, cette famille peut en être la preuve ; tout porte à croire que ses enfants montrent aussi des signes de douance négligée. «Ils sont très souvent en conflit avec moi et font montre d’une maturité redoutable. Malgré leur intelligence et leur culture, ils se désintéressent de l’école», résume-t-elle.
Pour l’heure, impossible de le vérifier pour tenter de leur venir en aide de manière idoine. «Il n’est pas évident de distinguer de prime abord un enfant précoce ou surdoué. Mais il y a des éléments qui peuvent déclencher une prise de conscience», affirme d’ailleurs la psychologue (voir interview). Le diagnostic est d’autant plus mal aisé à faire tant de nombreux paramètres peuvent entraver, voire fausser les choses, comme la subjectivité des parents ou une hyperactivité.
Autre élément : l’école. «Les élèves excellents à l’école ne sont pas forcément surdoués, et les enfants au QI très élevés ne sont pas automatiquement brillants en classe», contredit d’ailleurs Mme Benyakoub. Il est d’ailleurs statistiquement admis que 30 à 40% des personnes surdouées sont en échec scolaire. «Le surdoué est la première victime du système scolaire», affirme même Ahmed Tessa, expert en éducation et pédagogue, créateur de la revue L’Ecole et la vie. Pourquoi ? «Parce qu’il est au dessus de la moyenne et que les cours prodigués sont régulés sur un niveau jugé moyen», argue-t-il. De même, ses centres d’intérêt sont généralement autres que ceux des enfants de son âge et ils ne sont pas pris en charge par l’école.
Exclus du système scolaire
Le précoce, hypersensible, se sentira de ce fait exclu. Toutefois, selon M. Tessa, la précocité et la douance ne sont notables qu’avant huit ans. «Si l’enfant n’est pas détecté et pris en charge avant cet âge là, il est perdu», ajoute-t-il. Il faudrait donc mettre en place un dispositif de détection spécial, au préscolaire, avec des enseignants formés, encadrés par des pédopsychiatres et des psychologues. «L’accélération scolaire, ou le saut de classe, ne se fait plus comme avant.
Il faut aujourd’hui une autorisation spéciale suite à une demande introduite par les parents. Il y a ensuite une évaluation et un diagnostic de l’enfant et de ses compétences», assure-t-il. Toutefois, le pédagogue déconseille d’y avoir recours en l’état actuel du système scolaire. Un système qui n’a, étonnement, jamais pris en compte ces capacités. «Depuis l’indépendance, l’école a été confrontée à énormément de défis. La prise en charge des enfants ‘hors normes’ n’a tout simplement pas été une priorité», explique-t-on au ministère de l’Education nationale. Il y a évidemment eu quelques tentatives, jugées par certains comme étant autant de «supercheries» et de «poudre aux yeux».
Comme l’ouverture, sur aucune base «scientifique», de classes de lycée pour surdoués ou encore la création de lycées d’excellence.
Aujourd’hui, un intérêt certain a été affiché par la ministre, Nouria Benghebrit, pour ce dossier. «L’intérêt est là et a été manifesté lors du congrès international d’Alger. Mais en attendant la concrétisation de cette démarche, de nombreuses mesures sont réfléchies et incluses dans la réforme de l’école, qui vise à la création d’une vie scolaire attractive et attrayante», avance M. Tessa.
Il est aussi conseillé aux parents de ne pas trop exiger d’un enfant qui affirme, par exemple, s’ennuyer en classe. «Il ne faut pas réintroduire l’école à la maison. Les parents, et l’école aussi, doivent donner l’opportunité aux enfants de tester leurs dons et leurs penchants extrascolaires comme les sports, les arts, etc. Cela pourra mener à la découverte de vocations et les encourager, pour donner un équilibre au bambin», expose-t-il.
Des délinquants surdoués ?
Car, de l’avis de nombreux spécialistes, un enfant dont les aptitudes sont brimées est «en souffrance». Plus empathiques et plus sensibles, les surdoués sont plus exposés aux troubles psychologiques en tout genre. «Ils développent des signes d’inadaptation sociale, sont sujets aux dépressions, au passage à l’acte et au suicide», déplore le Dr Benyakoub. De même, ces enfants peuvent tomber dans la délinquance. Et «la nature ayant horreur du vide», si un don n’est pas détecté et exploité, il refera surface à mauvais escient.
Le psychologue Fodhil Ladjel a ainsi pu étudier les aptitudes de plusieurs mineurs au sein du Centre de réinsertion de rééducation de Birkhadem. Parmi ces délinquants, M. Ladjel a pu détecter «de vrais dons, une intelligence hors du commun». «Ils viennent pour la plupart de familles défavorisées ou à problèmes. Mais ils sont pleins de rêves et ont la volonté de changer leur vie et leur réalité, car ils savent qu’ils valent mieux», analyse-t-il.
La société et les institutions ne leur donnant pas la chance et les moyens de réaliser ce changement, alors ils tombent dans la délinquance. Quitte à fructifier leurs dons pour en faire mauvais usage. «Et leur excellence se manifeste dans divers domaines. Intelligence et maturité, mémoire prodigieuse, condition physique et sportive supérieure, don des langues, habileté manuelle extraordinaire, etc.», énumère M. Ladjel. Et de conclure : «C’est un véritable gâchis que la perte de ces compétences…»
Portrait : Mehdi, un cursus hors du commun
Etre en avance n’est pas toujours de tout repos. Mehdi, la vingtaine, en sait quelque chose. Il y a quelques années, le jeune homme a décroché son baccalauréat à un âge très précoce, faisant de lui l’un des plus jeunes bacheliers d’Algérie.
Son cursus scolaire est atypique. «J’adorais l’école et au primaire je n’avais que des 10 de moyenne. Malgré cela, je n’ai jamais été considéré comme un surdoué par mes parents», raconte-t-il. C’est son professeur qui insiste pour lui faire sauter une classe. «Mes parents ont commencé par refuser.
Mais mon père, devant l’insistance de l’enseignant et du directeur, a cédé, contrairement à ma mère qui n’a jamais été d’accord», ajoute le jeune homme. Là, tout s’accélère. Il n’effectue que trois années de primaire et se retrouve au collège à huit ans. Après quelques années, il passe son bac en candidat libre et le décroche, non sans faire grincer quelques dents.
Il a d’ailleurs dû bénéficier d’une dérogation spéciale de la part du président de la République pour pouvoir poursuivre des études supérieures. «J’ai même pu faire deux inscriptions simultanées. L’une en faculté de médecine, mon rêve d’enfant, et ce, en dépit de ma moyenne insuffisante, l’autre en biologie», relate-t-il. Mais les choses ne se passent pas comme escompté.
La notoriété que lui ont valu son exploit et son jeune âge se retourne contre Mehdi. Au bout de sa deuxième année de médecine, ses professeurs le déclarent «illégitime» et le jeune homme écope d’une mise à pied. «J’ai été la victime d’un conflit. Mais j’ai préféré laisser tomber, la médecine ne m’intéressait plus du tout.
Ce que je veux faire, c’est de la recherche scientifique», tempère-t-il. Tout en passant une nouvelle fois son baccalauréat, il poursuit sa biologie. Licencié à 16 ans, il obtient son mastère d’immunologie à 18 ans et fait «une pause» avant de passer son doctorat.
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Dimanche 18 Janvier 2015
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«En attendant, je m’occupe comme tous les jeunes de mon âge», rit-il, en citant, par exemple, une association d’amateurs de bolides, l’une de ses passions. Car il admet avoir eu la chance de ne s’être que rarement senti «en décalage» avec son environnement tant il arrivait à «assumer ses différents âges».
Il se rappelle par exemple que, durant son enfance, il ne s’est jamais senti différent de ses camarades, quel que soit leur âge. Idem lorsque l’écart s’est vraiment creusé. «Il est vrai que quand j’ai débarqué à la fac, j’ai eu des débuts difficiles.
Mais avec le temps, les plus âgés, qui ont vu arriver un enfant, se sont rendu compte que mon âge était annulé par le reste. Que le plus important est le niveau intellectuel, que l’âge ne compte pas.
Puis ils se sont habitués et ont fini par voir en moi un adulte», insiste Medhi, en reconnaissant que son statut lui a quand même valu certaines pressions et des «hauts et des bas». Raison pour laquelle le jeune homme sait qu’il s’en tire à très bon compte.
«J’ai eu la chance d’avoir des parents très instruits, mais aussi très attentionnés, qui m’ont vraiment entouré et pris en charge. Car sans cela, je sais que les surdoués qui ne sont pas accompagnés se perdent et finissent souvent très mal», conclut-il. G.L.
Ghania Lassal
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