La Libye au bord de la partition. D’un côté les islamistes. De l’autre, les…
… intégristes !
L’Alliance des islamistes est maintenant là. Née et vachement bien née. Elle regroupe le MSP, Ennahda et El Islah. Mais je ne dois pas m’inquiéter, n’est-ce pas ? Ce n’est rien que des frères barbus aient réussi là où des frangins démocrates ont toujours lamentablement merdé, yek ? L’essentiel étant bien évidemment qu’il ne nous faille pas paniquer, parce que de toutes les façons, dans les kits des législatives, dans les modes d’emploi et autres manuels du parfait électeur distribués pour les législatives, et plus précisément dans la rubrique «rassurage », on peut lire partout «qu’il n’y a aucune crainte à avoir pour l’avenir de l’Algérie.» Je ne m’inquiète pas ! Je ne m’inquiète pas ! Bien sûr que j’ai eu à voir comme vous tous une première initiative unilatérale des frères barbus. Munis de bidons de peinture, ils ont entamé le GR de la République, le Grand Ravalement. Ils peignent tout en vert. Je n’ai rien contre la couleur verte ! Je ne suis pas particulièrement allergique au vert. C’est juste que j’ai tout de même besoin qu’on m’explique un petit chouïa certaines choses. Que va-t-on faire du joli rouge et du délicat blanc qui baignaient ensemble, avec le vert dans l’immensité symbolique du drapeau de l’Algérie ? Si le projet islamiste, c’est d’étendre le vert partout, que va-t-on faire du rouge et du blanc ? J’ai encore dans les oreilles les phrases pleines de conviction tonnées par mon prof d’histoire-géo qui m’expliquait à l’école que ce rouge-là signifiait le sacrifice par la vie de nos martyrs. Mais attention ! Il ne faut surtout pas paniquer ! Ne paniquons pas pour une histoire de couleurs. L’islamisme ne peut pas l’emporter, c’est écrit partout dans les kits électoraux. Ils peuvent à la limite jouer aux apprentis teinturiers, mais ils ne l’emporteront pas. Tout de même ! Eux que l’on disait immariables, impossibles à pacser, «inréunissables» autour d’un projet, ne les voilà-t-il pas scellés autour de listes communes ? Ne vous méprenez pas frères rassureurs, en disant cela, je ne fais pas preuve d’inquiétude, je me pose juste des questions. Et puis, vous comprendrez que je me les pose maintenant, ces questions, n’est-ce pas ? Je ne suis pas sûr d’avoir le temps de les poser à mon aise, tranquillement, une fois que les peintres auront terminé leur GR, leur œuvre de verdification de notre environnement. Et puis, de toutes les façons, quelles questions voudrais-tu poser une fois le vert mis, cette couleur badigeonnée partout ? C’est vert, c’est vert, un point c’est tout ! Tu ne vas tout de même pas sortir dans la rue, tout seul, avec un bidon de peinture bordeaux, bleue ou marron couleur coque de barque et tenter comme un Don Quichotte ravagé du cerveau de repeindre, de recouvrir le vert ? Non, bien sûr. D’autant plus que tous les teinturiers te le confirmeront, le vert, une fois mis et séché, est très difficile à enlever. C’est une particularité de cette couleur. J’en connais d’autres qui tentent d’effacer le vert qui leur colle à la peau depuis 1978, et rien à faire ! Mais ne nous inquiétons pas. Ce n’est pas parce qu’ils ont fait liste commune, qu’ils ont scellé leur alliance et lui ont donné une couleur que nous allons nous mettre à nous inquiéter. De toutes les façons, l’inquiétude, ce n’est pas bon pour la santé. Y’a un tas d’autres choses qui ne sont pas bonnes pour la santé, comme la mort. Mais l’inquiétude, c’est pis que la mort. Et puis imagines que tu cèdes à ta panique et que tu clamses. Qu’est-ce qu’ils vont bien pouvoir inscrire sur ta tombe verte ? «Mort d’inquiétude » ? Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue. H. L.
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