Photo :Riad
Par Younès Djama
Un air de guéguerre s’installe au sein du corps des médecins généralistes. Sur fond de déclarations incendiaires par presse interposée, les deux syndicats représentant la corporation s’échangent, en effet, les accusations et les invectives. D’un côté, le Syndicat national des médecins généralistes de la santé publique (SNMG/SP), présidé par le Dr Salah Laouar, et de l’autre le Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP) du Dr Lyès Merabet. Profitant de l’assemblée générale de son syndicat tenue hier au
CHU Mustapha, à Alger, Salah Laouar s’est empressé de déclencher sa riposte à l’encontre du Dr Lyès Merabet, sans le nommer toutefois, et du SNPSP, accusé d’être l’instigateur d’une «campagne calomnieuse». Il se démarque, aussi, de toutes les actions de contestation auxquelles ont appelé les syndicats de la santé, à l’instar des grèves initiées par les praticiens et praticiens spécialistes (SNPSP et SNPSSP). Le Dr Laouar a tenu à démentir de prétendues affinités avec l’UGTA de Sidi-Saïd et nie être sous la coupe de celle-ci. «L’UGTA est un syndicat digne et respectable, nous ne le nions pas […] mais le ministère de la Santé est notre seul partenaire», a-t-il assuré, non sans préciser qu’«au sein du SNMG/SP, nous croyons mordicus au pluralisme syndical». M. Laouar a critiqué la grève du SNPSP qu’il qualifie de «déraisonnable», voire «qui n’a pas de sens». «Vous mettez la vie des patients en danger», s’est-il adressé aux syndicalistes du SNPSP, sans les citer nommément. Le président du SNMG/SP précise que le syndicat qu’il préside «a fait l’objet d’une
campagne calomnieuse de la part de parties connues de l’opinion publique (allusion à peine voilée au Dr Merabet et le SNPSP, ndlr), qui a touché des personnes dans leur dignité». «J’apporte un démenti formel aux allégations calomnieuses et mensongères dont nous avons été la cible, et je condamne la campagne d’intox et de désinformation qui s’en est suivie», a-t-il déclaré en marge de l’AG. «Nous ne répondrons pas par l’invective», a-t-il néanmoins renchéri. «Nous avons accepté le statut particulier des médecins généralistes en 2009 pendant que d’autres l’ont refusé. Pourquoi ? La réponse est que ces syndicats ont des revendications politiques contrairement à nous», a-t-il accusé. «Nous récoltons, aujourd’hui, les fruits d’un long combat depuis la création de notre syndicat le 27 octobre 2001.» «Nous avons travaillé avec cinq ministres ; nous avons travaillé avec MM. Aberkane, Redjimi, Amar Tou et Saïd Barkat, et c’est lorsque ce dernier était à la tête du secteur de la santé en 2009 que nous avons obtenu notre statut particulier, que nous avons du reste
globalement approuvé avec quelques réserves concernant les articles 19 et 29. Nous sommes toujours en négociation avec la tutelle concernant ces deux points. Ensuite, nous avons examiné et élaboré notre régime indemnitaire sur la base du statut particulier
de 2009.» Le Dr Salah Laouar s’est félicité des récentes augmentations de salaire au profit des médecins généralistes, allant de 70 à 110% pour les médecins généralistes stagiaires et de 70 à 80% pour les médecins généralistes en exercice depuis au moins une dizaine d’années. Il a qualifié d’«avancée indéniable» le régime indemnitaire élaboré sur la base du statut particulier des médecins généralistes élaboré en 2009 «et ce, aussi bien sur le plan de la revalorisation salariale que du recouvrement de la dignité du médecin généraliste longtemps méprisé». «A la faveur du nouveau régime indemnitaire, les médecins généralistes percevront ainsi le double de ce qu’ils gagnaient jusque-là avec, en plus, un effet rétroactif à compter du 1er janvier 2008, soit un rappel de total de près 42 mois». Détaillant ces augmentations, le syndicaliste a indiqué qu’un médecin généraliste (10e catégorie) verra son salaire brut passer de 63 574 DA à 77 481, soit une augmentation de 75%. Le salaire net passera, lui, de 46 997 à 77 481 DA/mois, soit une majoration de 65%. De son côté, le médecin généraliste principal verra son salaire brut passer de 76 699 DA à 97 149 DA/mois (+87%), tandis que le net passe de 55 359 DA à 97 149 DA/mois (+75%). Enfin, le médecin généraliste chef verra son salaire brut et net passer de 80 749 DA et 57 938 DA/mois, soit avec 98 et 85% d’augmentation. Concernant la catégorie 6, les augmentations varient entre 70% (salaire brut) et 65% (salaire net) pour le médecin généraliste, entre 82% (salaire brut) et 72% (salaire net) pour le médecin généraliste principal et, enfin, entre 94% et 81% pour le médecin généraliste en chef. «Nous en sommes satisfaits (des récentes augmentations des salaires des généralistes), mais nous n’en resterons pas là», a toutefois tenu à préciser le Dr Laouar. «Nous continuerons notre combat.» Interrogé sur l’objectif de l’AG d’hier, le Dr Laouar a répondu : «L’objet de cette réunion est à la fois d’informer, communiquer, en un mot de revenir à la base comme de tradition, et surtout pour dire qu’on se démarque de tous les mouvements de contestation auxquels ont appelé d’autres syndicats. Nous ne sommes donc pas concernés.»