Depuis le début de la haute saison, l’endroit est pris d’assaut par les visiteurs, surtout de nuit. On s’y rend pour se prélasser sur les rochers à papoter ou à contempler le mouvement des bateaux entrant et sortant du port mitoyen, pour siroter un soda ou déguster un plat de poisson frais dans les restaurants qui ont en fait leur spécialité dans le coin, ou, tout simplement, pour se gorger les poumons d’air marin pur.

Pour s’y rendre, la route la plus indiquée est celle de l’arrière-port, en contrebas de l’ancienne ville et sa célèbre Place Gueydon, surplombant l’antique Porte sarrasine.

En voiture ou à pied, il faut d’abord traverser le petit tunnel Sidi Abderrahmane. Au bout, La brise de mer s’étend sur quelques dizaines mètres.

A la seconde où on y met les pieds, une légère et fraîche brise marine vous caresse le front et assèche votre sueur. L’endroit mérite bien son nom. A ce moment-là, la seule idée qui vient à l’esprit c’est de parcourir la rive aménagée et dont la partie basse est rocheuse.

Calme

L’eau est juste à quelques mètres, calme, avec seul mouvement de légères ondulations, le site étant ceinturé par la jetée qui protège toute la baie de Béjaïa des caprices de la grande bleue. Dans un calme plat et apaisant, des familles, des couples, des grappes de jeunes filles et de garçons prennent place à même les rochers, souvent les pieds dans l’eau, loin du vacarme de la ville, grouillante et bourdonnante.

Des habitués des lieux viennent avec leur attirail de pêcheurs pour assouvir leur passion, en faisant sortir de l’eau de petits poissons qui servent souvent d’appât pour le jour suivant. De loin, on peut voir des dizaines de bateaux en rade qui attendent leur tour d’accoster au port.

D’autres arrivent et d’autres appareillent en douce. En levant les yeux, le mont Gouraya, l’autre site phare de Béjaïa, qui trône à 600 mètres d’altitude abrite au sommet le tombeau de la sainte du même nom.

De nuit, quand l’imposant mont se noie dans le noir, le nom de la ville décliné en lumières veille jusqu’au aurores sur la ville.

Aux pieds du tombeau de la sainte, la Brise de mer ne fait que gagner en beauté. Le tableau est idyllique, surtout depuis que des travaux d’aménagement et d’embellissement sont venus rehausser la beauté du site il y a quelques années.

Enfin décidées à faire de la Brise de mer une attraction touristique, les autorités ont bétonné et pavé la partie haute du rivage et installé, à intervalles réguliers, des jets d’eau. Des bancs et des lampadaires y sont implantés de bout en bout.

Appât

Du coup, l’endroit offre un cadre idéal pour abriter des festivals et autres manifestations culturelles. Des agents de police ont été postés pour assurer la sécurité et veiller au bon fonctionnement des parkings, saturés par les flux d’automobiles.

Quatre restaurants-cafétérias, tout en verre, et avec terrasses ont également vu le jour, en plus de ceux établis là depuis des années.

Ces derniers sont adossés à la crête qui domine toute la Brise, et où des villas d’été de l’ère coloniale nichées au sommet paraissent toute décrépies. La restauration est l’autre point fort de la Brise de mer.

Les tables, fleuries et aguichantes, sont installées à l’intérieur des salles ou sur la corniche donnant sur la mer. Pour servir les clients, les serveurs traversent la chaussée tout le temps encombrée. Avant le bitumage de cette route, il était impossible de déguster un plat à l’air libre à cause de la poussière.

A l’approche de la saison chaude, les restaurateurs de la Brise se frottent les mains. Et tous les moyens sont bons pour rabattre des clients. Les odeurs de poisson frit qui viennent vous titiller les narines servent d’appât. Les présentoirs, parfaitement garnis et opulents, n’en font pas moins.

De géantes pièces d’espadon, de thon et autres dons de la nature y sont exposées telles qu’elles ont été prises au large. Au milieu de tous ces pièges olfactifs et visuels, des serveurs se tenant sur les trottoirs s’égosillent en rivalisant de formules alléchantes à vous donner l’eau à la bouche. Concurrence oblige.

Encore faut-il avoir les moyens de s’attabler sans se soucier de l’addition. Car, a-t-on constaté, il n’est pas rare que l’addition dépasse les 15 000 Da pour des plats de poisson. S’y aventurer, c’est avoir les moyens de sa gourmandise. Autrement, c’est se permettre sciemment une folie  pour une virée à Brise de mer qui restera gravée dans la mémoire, une fois n’étant pas coutume.