8 mars Journée internationale des femmes
Aujourd'hui on célèbre les femmes... Les petites, les grandes, les dodues, les maigres, les sensibles, les garçons manqués, les timides, les boute-en-train, les aventurières, les battantes, les naïves, les rigolotes, les mamans, les grands-mères, les célibataires, les divorcées, les folles amoureuses... Bref. on adore TOUTES les femmes du monde ! Alors, pensez à leur faire un clin d'oeil en cette journée si spéciale avec une carte rien que pour ELLEs...
C'est Amira Rose Nadia Françoise, Rachida Rosine Aneesa et Fatima Justine qui vont être contentes !!!
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Condition de la femme : Le poids des archaïsmes
le 08.03.17 | 12h00
Même si le combat pour l’émancipation de la femme a pu engranger des acquis considérables au fil des années, le statut de celle-ci demeure néanmoins en deçà de celui de la citoyenneté à part entière. Si le législateur a consenti des efforts en initiant, notamment, l’obligation des quotas s’agissant de la représentation politique, les verrous consacrés par le code de la famille se posent encore comme un obstacle à l’égalité entre les deux sexes. La société en général reste, par ailleurs, peu réceptive à l’exigence du changement des mentalités.
Plus de cinquante ans après l’indépendance de l’Algérie, elles se décident enfin à témoigner de leur engagement contre l’occupation coloniale et pour l’avènement d’une Algérie démocratique et plurielle (dans sa pluralité ethnique, religieuse, sociale, politique). Trois femmes se confient à la réalisatrice Fatima Sissani : Eveline Lavalette -Safir, fille de colons de vieille lignée, Zoulikha Bekaddour, originaire d’une famille de Tlemcen et Alice Cherki, d’une famille judéo-berbère qui plonge ses racines dans l’Algérie millénaire.
De cette parole pudique, toute de retenue et de modestie, rare de la part de femmes engagées, fortes de leurs convictions, Fatima Sissani (auteure de la langue de Zahra) en a fait un très beau film «Tes cheveux démêlés cachent une guerre de sept ans», hymne à l’engagement de femmes, à peine sorties de l’adolescence, voire encore adolescentes et qui ne se livrent à une caméra qu’au crépvwuscule de leur vie. Des femmes restées éloignées des luttes d’appareils et de clans pour le pouvoir, qui n’ont eu qu’une seule ambition : accompagner l’Algérie dans son émancipation, pour le recouvrement de sa dignité et l’affirmation de sa citoyenneté.
Cette parole de femmes est précieuse, d’autant qu’elle est rare. «Pour Eveline dont c’était le premier témoignage filmé, ce n’était pas simple», relève la réalisatrice. Et d’ajouter : «Eveline parlait collectif, pour elle, la guerre était collective. Elles ont du mal à dire je. C’est toujours les hommes qui parlent de la guerre, c’est important que les femmes le fassent.» Alice Cherki et Zoulikha Bekaddour, présentes à la projection du film le 1er mars à la Société civile des auteurs multimédia (SCAM) à Paris, soulignent la difficulté pour les femmes, notamment celles qui n’ont pas été habituées à prendre la parole en public, à parler.
Et Alice Cherki d’appuyer qu’il faut «encourager celles qui ont été silencées, renvoyées dans leurs foyers». Interrogée sur les raisons qui l’ont amenée à la réalisation de ce film, Fatima Sissani affirme que «la guerre d’indépendance de l’Algérie a pesé lourd dans ma famille, comme dans toutes les familles algériennes». Et que pour les besoins du film, elle a lu beaucoup de récits, de livres sur la colonisation, la torture. «La colonisation, les ségrégations, les humiliations, on les porte avec soi.
C’est l’histoire des miens. J’ai la résistance en héritage, ce film m’a mise dans une histoire, une verticalité.» Fatima Sissani indique qu’il lui a fallu trois ans pour réaliser ce film , un «film sur la résistance» qu’elle dédie à Pinar Selek, écrivaine et sociologue turque, féministe engagée, antimilitariste, mobilisée dans les actions pour la paix, accusée d’avoir participé à un attentat en 1998, accusation qu’elle a toujours niée. En exil en France depuis 2009, elle continue à être harcelée par la justice de son pays. Et aussi à Djamila Amrane-Minne, moudjahida et historienne, récemment décédée, dont la contribution a été précieuse à Fatima Sissani pour réaliser son film.
Nadjia Bouzeghrane
Résistance
le 08.03.17 | 12h00
Deux vocables illustrent la situation des femmes à travers le monde en cette année 2017 : résistance et violences.
Résistance aux violences de la guerre, des déplacements, de l’exil. Résistance aux violences conjugales et familiales.Résistance aux préjugés, aux mentalités rétrogrades, aux mariages forcés et précoces, au machisme. Résistance aux discriminations sociales, professionnelles, politiques…
Quelle que soit la région du monde, le pays, y compris les démocraties les plus avancées, les femmes doivent continuer à déployer leur énergie pour conquérir des droits, comme les droits élémentaires à la vie, à la santé, à l’instruction, à la formation, à la reconnaissance professionnelle, à la dignité, à la citoyenneté.
Partout dans le monde, les femmes sont victimes de violences sexuelles, physiques ou psychologiques, et la persistance du sexisme reste un obstacle majeur à la conquête de leur autonomie. Reliées les unes aux autres, elles constituent une longue chaîne universelle, par-delà les frontières, d’une même aspiration : être femme, sans avoir à courber l’échine, à baisser la tête, à raser les murs, à avoir peur.
Les Algériennes mesurent tout le poids du verbe résister. Depuis des millénaires, l’Algérienne résiste pour la survie de sa famille, de son peuple, pour sa souveraineté et sa liberté. Nos aïeules, grands-mères, grandes sœurs ont résisté pour que l’Algérie soit libre et souveraine, pour qu’elles-mêmes aient la place qui leur revient de droit dans cette nouvelle Algérie, parce qu’elle est (doit être) la leur, naturellement. Combien de moudjahidate ont dû déchanter face aux nouveaux maîtres du pays. «Notre combat a été trahi», dira Zoulikha Bekaddour dans son livre autobiographique.
Ces valeureuses femmes qui se sont engagées, dont nombre d’entre elles encore adolescentes, pour que l’Algérie recouvre son indépendance, n’ont pas pour autant baissé les bras, elles ont été les premières à s’insurger contre la promulgation du code de la famille en 1984, une trahison au sens de leur engagement nationaliste.
N’est-ce pas que l’Algérie telle qu’esquissée par la Proclamation du 1er Novembre 1954 devait être démocratique consacrant la citoyenneté des Algériens, hommes et femmes, et la pluralité des origines, des religions de ses enfants. Las ! Le combat n’est pas fini.
Oui, il se transmet de génération en génération jusqu’à ce que le code de l’infamie – amendé dans certains de ses articles grâce à la mobilisation des associations féministes et des défenseurs des droits de l’homme – tombe définitivement et que la femme soit enfin reconnue majeure. Reste la mobilisation contre les violences domestiques, les traditions rétrogrades qui hélas sont portées par les femmes elles-mêmes. Lot de millions de femmes à travers le monde.
Ailleurs, dans le monde arabe, en Afrique, les femmes sont victimes des guerres, des groupes terroristes, de l’extrémisme religieux, elles sont jetées sur les routes périlleuses de l’exil, avec leurs enfants. Et le premier droit qu’elles veulent, c’est le droit à la vie dans la paix, pour elles et leurs familles.
Aussi, la mobilisation, l’engagement et la résistance des femmes ne prendront pas fin, tant que les violences sous quelque forme que ce soit continuent à les frapper, tant que l’égalité des droits ne leur est pas reconnue. Ce combat est universel. Ce jour-là, le 8 Mars sera véritablement un jour de fête et de partage hommes-femmes.
Nadjia Bouzeghrane
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