Attentats d’Alger du 11 décembre

Cinq complices des kamikazes devant le tribunal de Rouiba

Arrêtés il y a une dizaine de jours à Boumerdès, les membres de la cellule de logistique ayant aidé à l’exécution des attentats du 11 décembre 2007 à Alger ont été présentés hier au parquet de Rouiba près la cour de Boumerdès.

Il s’agit de cinq personnes ayant à leur actif plusieurs autres attentats, nous a-t-on indiqué de sources sécuritaires, parmi lesquels l’attaque du bus transportant le personnel de la firme américaine Brown and Root Condor (BRC) en décembre 2006 à Bouchaoui, mais aussi celle qui a visé la voiture du chef de la police judiciaire près de la sûreté de wilaya de Boumerdès. Il s’agit de F. Yacine, employé de BRC comme informaticien, de trois entrepreneurs, B. Fouad, K. Youcef, M. Mustapha, ainsi que K. Ahmed, un architecte exerçant dans une entreprise de promotion immobilière, et B. Amine, livreur de son état. Cette cellule était dirigée par un certain Abderrahmane, de son vrai nom Bouzegza Abderahmane, émir de katibat El Farouk abattu par les forces de sécurité à Souk El Had, dans la wilaya de Boumerdès, dans une embuscade tendue la même journée, où les membres de son groupe ont été arrêtés dans des opérations simultanées à Alger et à Boumerdès. Selon les services de sécurité, l’enquête a révélé qu’en dehors de l’émir qui était recherché depuis des années (en vertu de 43 mandats de recherche) pour plusieurs actes criminels, les autres mis en cause ne sont pas fichés et leur implication dans ces opérations terroristes semble avoir succombé à différents types de manipulation et à des intérêts financiers. Un profil qui a laissé perplexes les enquêteurs dans la mesure où, habituellement, les terroristes recrutent dans les milieux défavorisés et dont les nouvelles recrues sont généralement d’un niveau scolaire bas ou moyen. Or les deux éclaireurs ayant guidé les kamikazes des attentats du 11 décembre à Alger se sont avérés être des architectes, et un autre membre de cette même cellule, un informaticien. Seule l’organisation terroriste, Front du djihad armé (FIDA), qui avait agi entre 1994 et 1998, avait dans ses rangs des universitaires, car elle-même avait pour mission principale les assassinats d’intellectuels, à l’image de Djillali Liabes, Tahar Djaout, Mahfoud Boucebci, Lhadi Flici, Belkhenchir... et la liste est longue. Le GSPC a de tout temps recruté surtout parmi les jeunes délinquants, très proches des familles des terroristes abattus ou dans les maquis. Même dans sa direction, le niveau le plus haut de ses cadres est la troisième année secondaire. Le recours à des universitaires est une nouvelle donne qui a suscité une nouvelle réflexion sur la stratégie de lutte contre le terrorisme. En tout état de cause, la présentation des cinq personnes arrêtées au parquet de Rouiba a duré plusieurs heures, à l’issue desquelles elles ont été placées sous mandat de dépôt pour, entre autres, constitution d’une organisation terroriste, appartenance à une organisation terroriste, aide et assistance à une organisation terroriste, attentat à l’explosif dans des lieux publics, détention d’explosifs et assassinats. Des accusations qui encourent de lourdes peines allant de la perpétuité à la peine capitale.

Salima Tlemçani

 Actualité 
LES COMMANDITAIRES DES ATTENTATS DU 11 DÉCEMBRE DÉFÉRÉS DEVANT LA JUSTICE
La cellule du Gspc d’Alger neutralisée

Bouzegza Abderahmane, émir de la katiba ´´El-Farouk´´, a été abattu le 28 janvier 2008 au cours d’une opération menée par les forces de l’ANP dans la wilaya de Boumerdès.

Bouzegza Abderahmane, émir de la katiba ´´El-Farouk´´, a été abattu le 28 janvier 2008 au cours d’une opération menée par les forces de l’ANP dans la wilaya de Boumerdès.

Coup de maître pour les services de sécurité.
Les commanditaires des attentats kamikazes en Algérie ont été arrêtés et déférés devant la justice. L’information a été rendue publique par le ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales. «Les responsables présumés des attentats du 11 décembre ont été arrêtés et déférés devant la justice», souligne le communiqué diffusé par le département de M.Zerhouni et répercuté par l’APS. Le ministère confirme que ce groupe était le «planificateur», des attentats perpétrés contre les sièges du Conseil constitutionnel et du Pnud.
Le même communiqué révèle que le groupe était l’auteur de l’attentat du 10 décembre 2006 ayant ciblé un autobus transportant les employés de la firme algéro-américaine, «Brown and Root Condor» dans la zone de Bouchaoui.
Ce groupe comprenait F.Yacine (informaticien à BRC), B.Fouad, K.Youcef, M.Mustapha (tous trois entrepreneurs), K.Ahmed (employé dans une entreprise de promotion immobilière) et B.Amine (livreur). A croire le communiqué du ministère, ces noms ne possédaient pas «une carte de visite riche» dans les maquis.
Contrairement à leur chef, Bouzegza, qui était une figure connue des services de sécurité, «la plupart de ses acolytes semblent avoir succombé à différents types de manipulation, appuyée par des intéressements financiers». Ces derniers agissaient sous les ordres de l’ancien émir Abderrahmane Bouzegza, connu des services de sécurité. Il était recherché depuis 1998. Il avait à sa tête 43 avis de recherche. Ce chef du groupe a été éliminé le 28 janvier dernier par les éléments de l’ANP au cours d’une opération menée dans la wilaya de Boumerdès, à l’est d’Alger. Plus précisément dans le secteur de Souk-El-Had.
«Leur responsable Bouzegza Abderahmane, émir de la katiba ´´El-Farouk´´, a été tué le 28 janvier 2008 dans la wilaya de Boumerdès». Ce groupe de terroristes activait au sein de la katiba «El Farouk». C’est ce même groupe qui a été à l’origine, également, des autres attaques terroristes perpétrées dans l’Algérois, note également le communiqué.
Et de préciser que les terroristes arrêtés sont les auteurs, aussi, de l’attaque menée contre le Palais du gouvernement et un commissariat de police de Bab Ezzouar, le 11 avril 2007. «Avec ces arrestations, tous les attentats commis récemment dans l’Algérois ont été élucidés», rapporte la même source.
Suite à cette opération réussie, le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, M.Yazid Zerhouni, a tiré un coup de chapeau aussi bien aux services de sécurité qu’à la vigilance citoyenne. Il s’est félicité de l’aboutissement des enquêtes ayant permis de présenter à la justice les auteurs de ces crimes. «Ces remarquables résultats sont le fruit d’un professionnalisme plus poussé et d’une efficacité prouvée des services de sécurité et de l’ANP qui sont constamment mobilisés pour mener une lutte sans merci contre le terrorisme», a souligné le ministre. En d’autre termes, le ministre insiste pour dire que ces opérations, à l’actif des services de sécurité et de l’ANP, sont menées avec une célérité remarquable et des délais relativement réduits.
Ce qui confirme les progrès accomplis par nos forces en termes de professionnalisme et d’efficacité. Et d’ajouter: «Il est également utile de souligner en particulier l’apport des citoyens dans cet aboutissement grâce à leur vigilance et leur patriotisme pour être aux côtés des forces de sécurité dans cette lutte implacable». Le ministre de l’Intérieur relance son appel à «cette vigilance de tous les instants pour contrer les méfaits du terrorisme et de la criminalité sous toutes ses formes».
Nourredine-Yazid Zerhouni a tenu, enfin, à rendre hommage au «sacrifice des martyrs du devoir, à tous les serviteurs de l’Etat à tous les niveaux, à l’esprit citoyen dans ce travail mené au quotidien nuit et jour». A noter que les attentats du 11 décembre avaient fait 41 morts, dont 17 employés de l’ONU, et des dizaines de blessés. Quant à l’attentat de Bouchaoui, il avait fait 1 mort et des blessés. Il y a lieu de signaler que quelques éléments du groupe à l’origine des attaques du 11 avril 2007 contre le Palais du gouvernement et le commissariat de police de Bab Ezzouar ont été arrêtés. Se référant aux déclarations de ces derniers, le ministre de l’Intérieur avait affirmé au lendemain du double attentat du 11 décembre que l’acte est l’oeuvre du Groupe salafiste pour la prédication et le combat.
«Le groupe terroriste arrêté au lendemain des attentats du 11 avril dernier à Alger a avoué aux services de sécurité que le Conseil constitutionnel et le siège de l’ONU à Alger, faisaient partie de leur cible. Ce qui nous permet d’affirmer que les attentats d’hier sont l’oeuvre du Gspc et que leurs auteurs appartiennent à cette même organisation», a-t-il conclu.

Tahar FATTANI