Après coup, c’est-à-dire à compter du 9 avril prochain, ils se considéreront en droit d’attendre que cet obstacle qu’ils auront su contourner soit levé officiellement et légalement. Abdelaziz Bouteflika est à même de répondre favorablement à une telle attente.
“Revenus à de meilleurs sentiments” par la grâce de la loi sur la concorde civile qui remonte au premier mandat de Bouteflika et de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale qui date de son second quinquennat, des terroristes repentis s’emploient à contribuer au sacre du même Bouteflika.
Ne pouvant pas voter eux-mêmes, car déchus de leurs droits civiques pour la plupart, ils font toutefois campagne pour le président-candidat. Devrait-on avoir le droit de prendre part à une campagne électorale quand on n’est légalement ni électeur ni éligible ? A priori, non. Même si la Charte pour la paix et la réconciliation nationale ne l’interdit pas expressément. En tout état de cause, ce droit-là, les repentis se l’arrogent… de plein droit, à la faveur de cette élection présidentielle. C’est qu’ils savent ce qu’ils veulent, les bougres ! Ils savent même où ils vont. Que des repentis fassent campagne, c’est déjà bien : ils prouvent qu’ils sont revenus de leur entreprise belliqueuse et violente et, cerise sur le gâteau, cela devrait grossir la participation au scrutin. Pourquoi donc les en empêcher ? Qu’ils fassent campagne pour Bouteflika, c’est encore mieux : cela en fait des terroristes… très repentis. Mais eux savent pourquoi ils soutiennent Bouteflika.
Ce faisant, ils auront déjà franchi une ligne rouge que l’esprit de la Charte a tracée pour les empêcher de revenir sur la scène politique. Après coup, c’est-à-dire à compter du 9 avril prochain, ils se considéreront en droit d’attendre que cet obstacle qu’ils auront su contourner soit levé officiellement et légalement. Abdelaziz Bouteflika est à même de répondre favorablement à une telle attente. En 2014, s’ils se trouvent en situation de devoir plaider pour un quatrième mandat à défaut de mieux, ils le feront. Ils le referont autant de fois que cela sera nécessaire. Mais un jour viendra, se disent-ils, où ils auront “leur candidat”, celui qui appliquera “leur programme”. Ce vieux bon programme qui, dans un passé encore récent, les avait menés au maquis.
Alors, très repentis les repentis ? Pas si vite : la devise de cette espèce de “militants”, c’est “aux urnes comme au maquis”.