Enlisement en Libye et sursaut à Abidjan
*Egypte: 2 morts dans des affrontements à Tahrir
autour du rôle de l'armée Deux
personnes ont été tuées dans la nuit de vendredi à samedi au Caire lorsque la
police militaire a tenté de disperser des manifestants exigeant le départ du
chef de l'armée, deux mois après la chute de Hosni Moubarak qui lui a confié les
rênes du pays, selon des sources médicales. Un responsable
militaire a indiqué à l'AFP ne pas pouvoir confirmer ou infirmer les décès,
ajoutant qu'une enquête avait été ouverte. S'ils étaient confirmés, il s'agirait
des premiers depuis la chute du président Moubarak le 11
février. Samedi 09
avril 2011, 13h21 "Nous n'avons pas utilisé de balles réelles", a
pour sa part affirmé le responsable de l'armée sous le couvert de
l'anonymat. Quelque 200 manifestants occupaient toujours
la place en milieu de journée. A l'aube, la police
militaire a tiré en l'air des rafales d'armes automatiques, ont indiqué des
témoins tandis que l'agence officielle Mena faisait état d'une intervention des
forces du ministère de l'Intérieur. Un bus militaire et un
camion civil ont été incendiés à Tahrir alors qu'un camion de l'armée
partiellement calciné était visible à proximité. La police militaire a déployé
des barbelés et le sol était jonché de pierres. Ces
violences témoignent d'une récente montée des tensions autour du rôle de
l'armée, en charge du pays depuis le départ de M. Moubarak après une période de
large consensus sur son action. Des manifestants ont
affirmé vouloir rester à Tahrir tant que le maréchal Hussein Tantaoui, qui
dirige le Conseil suprême des forces armées (CSFA) serait en
place. Le CSFA, un collège d'une vingtaine de généraux,
est dépositaire du pouvoir depuis la chute de M. Moubarak, et le maréchal
Tantaoui, 75 ans, qui le dirige, a été pendant 20 ans ministre de la Défense du
président déchu. "Je suis venu à Tahrir parce que nous
assistons à une contre-révolution", affirmait un des manifestants, Malik Asam,
un étudiant. "J'attendais de voir l'autre visage de l'armée. Si elle continue
comme cela, elle va voir l'autre visage du peuple", déclarait un autre étudiant,
Anas Mohamed. L'armée a affirmé que "les forces de
sécurité et des citoyens sont intervenus contre les actes d'émeutiers à
Tahrir". Les affrontements ont eu lieu dans la foulée
d'une vaste manifestation vendredi à Tahrir de dizaines de milliers de personnes
réclamant que M. Moubarak et d'autres hauts responsables de son régime soient
jugés. Cette manifestation avait déjà donné lieu à des
critiques ouvertes contre l'institution militaire. Malgré
une interdiction formelle de leur hiérarchie, sept officiers en uniforme avaient
pris la parole à la tribune pour soutenir les manifestants et réclamer une
épuration de l'armée. La retenue dont elle a fait preuve
face à la foule au cours des événements qui ont provoqué la chute de M. Moubarak
vaut à l'armée d'être populaire parmi la population. Mais
son image a été ternie par des accusations de violence et de torture, et par les
incertitudes et les désaccords qui persistent sur les modalités de retour à un
pouvoir civil. L'armée a promis de rendre le pouvoir aux
civils vers la fin de l'année, après des élections législatives et
présidentielle. Nombre d'Egyptiens redoutent toutefois de
voir les réseaux de l'ancien régime se reformer pour contrôler le
pouvoir. Plusieurs responsables politiques et hommes
d'affaires proches de M. Moubarak font actuellement l'objet de poursuites ou
d'enquêtes, mais les manifestants demandent une action plus ferme vis-à-vis de
nombreux autres qui ne sont pas inquiétés, ou restent même dans les allées du
pouvoir. L'ancien président est assigné à résidence. Une
commission a été instituée pour enquêter sur sa fortune et celle de sa famille
proche. Côte d'Ivoire: le quartier général
de Ouattara attaqué par les
pro-Gbagbo La
bataille d'Abidjan a connu samedi une nouvelle montée en puissance avec
l'attaque contre le Golf Hôtel d'Abidjan, le quartier général du président
reconnu par la communauté internationale, Alassane Ouattara, par les hommes du
président sortant Laurent Gbagbo. Menée après une journée
relativement calme à Abidjan, ces tirs contre le Golf Hôtel sont les premiers
visant directement l'hôtel où sont retranchés M. Ouattara et son gouvernement
depuis le début de la crise post-électorale ivoirienne, il y a plus de quatre
mois. Samedi 09 avril
2011, 22h23 Les Forces de défense et de sécurité (FDS,
pro-Gbagbo) "sont en train de nous attaquer et nous essayons de les repousser",
a indiqué un combattant des Forces républicaines de M.
Ouattara. "Les
tirs sont très très proches. Des snipers ont tiré des rafales de kalachnikov.
Les pro-Gbagbo nous attaquent sur tous les fronts", y compris depuis le bord
opposé de la Lagune qui longe le Golf hôtel, a déclaré un résident du Golf
hôtel. "Avant l'attaque du Golf hôtel, un convoi de
soldats FRCI (Forces républicaines, pro-Ouattara) est tombé dans une embuscade
alors qu'il sortait de l'hôtel en direction d'Abobo (nord d'Abijan)", a déclaré
à l'AFP un responsable militaire du camp Ouattara. "Il y a
au moins quatre morts et une dizaine de blessés", a-t-il ajouté. Il n'était pas
possible dans l'immédiat de confirmer ce bilan. Les
Casques bleus défendant le QG de Ouattara ont riposté samedi après cette attaque
au mortier, a annoncé la mission de l'ONU en Côte d'Ivoire
(ONUCI). "C'est
venu de l'autre côté de la lagune (au sud de l'hôtel) et de la résidence du
président Gbagbo (situé dans le même quartier de Cocody)", a déclaré Hamadoun
Touré, porte-parole de l'ONUCI. "Conformément à leur
mandat de protection de l'hôtel du Golf où se trouvent le président Ouattara et
son équipe, les Casques bleus ont riposté en ciblant l'origine des tirs venant
de l'autre côté de la Lagune. Nous avons volontairement évité la résidence du
président Gbagbo", a ajouté le porte-parole. Sur le
terrain, une accalmie avait prévalu samedi à Abidjan après de violents combats
la veille à la mitrailleuse lourde et à l'arme légère qui ont fait rage dans le
périmètre qui englobe la résidence de M. Gbagbo, la RTI et l'école de
gendarmerie. Les
troupes de Laurent Gbagbo se battent avec acharnement dans les fiefs qu'elles
ont conservés et où elles bénéficient d'une certaine mobilité, selon des
témoignages concordants. Les troupes d'Alassane Ouattarra
essaient de sécuriser le reste de la capitale économique qui souffre d'une grave
situation alimentaire. L'organisation de défense des
droits de l'homme Human Rights Watch a accusé samedi les forces pro-Ouattara et
les forces pro-Gbagbo d'avoir commis des massacres dans l'Ouest ivoirien,
affirmant détenir de nouvelles preuves de ces atrocités déjà dénoncées par l'ONU
et des ONG. Les forces loyales à Alassane Ouattara ont tué
ou violé des centaines de personnes et brûlé des villages, fin mars, dans
l'ouest de la Côte d'Ivoire, a affirmé HRW dans un rapport publié à New
York. L'ONG affirme aussi avoir des preuves d'atrocités
commises par les forces de Laurent Gbagbo, dont un massacre commis à Blolequin
le 28 mars de plus de cent hommes, femmes et enfants originaires du nord de la
Côte d'Ivoire et de pays voisins. Le 29, dix autres de même origine ont été tués
à Guiglo et huit Togolais dans un village près de Blolequin, ajoute
HRW. Dans ce contexte, l'ONU et la force française Licorne
ont confirmé leur présence samedi dans le port stratégique d'Abidjan après la
levée des sanctions européennes et les vols commerciaux ont repris à l'aéroport
d'Abidjan, toujours en proie à l'insécurité. L'Union
européenne a annoncé vendredi avoir levé ses sanctions à l'encontre de deux
grands ports de Côte d'Ivoire - Abidjan et San Pedro - ainsi que contre
plusieurs entreprises liées notamment au secteur du cacao, afin de soutenir
Alassane Ouattara. D'importants stocks de fèves de cacao,
la principale source de devises du pays, le premier producteur mondial,
attendent depuis des semaines de partir à
l'exportation. D'autre part, les vols commerciaux ont
repris à l'aéroport d'Abidjan samedi matin, a indiqué à l'AFP une source
militaire française (Force Licorne). "Ce matin, un vol d'Air France est arrivé.
La reprise des vols commerciaux à l'aéroport d'Abidjan est effective", a déclaré
cette source. Le regroupement des expatriés vers le camp
militaire français de Port-Bouët à Abidjan, près de l'aéroport international,
par la Force Licorne s'était poursuivi vendredi, ainsi que les évacuations vers
plusieurs pays de la
région. |
Libye: les rebelles reculent, les diplomates se mobilisent
Les forces fidèles au dirigeant Mouammar Kadhafi ont repoussé samedi à coups de tirs d'artillerie les rebelles vers Ajdabiya, dans l'est de la Libye, à la veille d'une nouvelle mobilisation diplomatique pour tenter d'obtenir un cessez-le-feu. Alors que les insurgés s'étaient rapprochés dans la matinée à quelques dizaines de kilomètres de Brega (80 km à l'ouest d'Ajabiya), ils ont essuyé des tirs d'obus et de roquettes qui les ont obligés à battre en retraite vers l'est. Samedi 09 avril 2011,
21h34 Après une violente explosion, suivie d'un immense panache de fumée, plusieurs témoins ont assuré qu'il s'agissait d'une frappe aérienne de l'Otan. Mais l'Alliance atlantique a démenti, affirmant qu'aucun de ses avions n'avait effectué de frappe samedi sur Ajdabiya. En milieu de journée, des dizaines de voitures ont fui la ville vers l'est et le nord, direction Benghazi, le fief rebelle situé à 160 km plus au nord.
En chemin, des journalistes de l'AFP ont vu un hélicoptère militaire, arborant les couleurs des rebelles, volant à très basse altitude dans la direction du front, donc en violation de la zone d'exclusion aérienne en vigueur depuis le 19 mars . L'Otan a dit enquêter sur cet hélicoptère. Des avions de l'Otan ont par ailleurs intercepté un chasseur MiG-23 piloté par un rebelle qui violait la zone d'exclusion et l'ont contraint à atterrir, a déclaré à l'AFP un responsable de l'Otan. En fin de journée, les insurgés contrôlaient toujours l'est d'Ajdabiya et quelques voitures revenaient dans la ville, notamment un convoi de véhicules militaires. Selon des habitants, des affrontements isolés avaient cependant lieu dans différentes parties de la ville. Jeudi et vendredi, les tirs d'obus de l'armée régulière avaient déjà provoqué des mouvements de panique parmi les rebelles, accompagnés dans leurs mouvements par des dizaines de jeunes Libyens, à l'image de Mohamed Muftah, 20 ans, béret noir sur la tête et drapeau de la "Libye libre" sur les épaules. "Je suis là pour faire tomber Kadhafi. Soit on meurt en martyr, soit on gagne", dit-il. Mais, sans arme ni expérience militaire, il reconnaît que sa contribution se limite à "encourager les soldats, les aider pour porter les munitions, distribuer la nourriture".
Le ministère britannique de la Défense a indiqué que des Tornado de la Royal Air Force avaient touché sept chars des pro-Kadhafi vendredi, deux dans le secteur d'Ajdabiya et cinq dans celui de Misrata (ouest). Alors que l'Otan et les Etats-Unis divergent sur les risques d'enlisement, l'Union africaine (UA), l'Union européenne (UE) et la Ligue arabe ont annoncé de nouvelles initiatives, à quelques jours d'une réunion du Groupe de contact sur la Libye mercredi prochain à Doha (Qatar). La Ligue arabe accueillera le lendemain jeudi au Caire une conférence en présence notamment du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon et de la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton. Dès ce dimanche, un groupe de dirigeants africains --le président sud-africain Jacob Zuma et ses homologues du Congo, du Mali, de Mauritanie et d'Ouganda-- est attendu en Libye. Objectif affiché de ces médiateurs de l'UA: rencontrer Mouammar Kadhafi puis des responsables de l'insurrection dans leur fief de Benghazi pour tenter d'obtenir un cessez-le-feu. La rébellion a par avance rejeté toute idée d'un cessez-le-feu impliquant le maintien au pouvoir de Mouammar Kadhafi ou de ses fils. "Nous savons exactement ce que nous voulons. S'ils pensent qu'il peut y avoir une période de transition avec Kadhafi ou ses fils, alors ils doivent se rendre à Misrata (ville théâtre de violents affrontements, ndlr) où des femmes et des enfants ont été violés et leur dire ça", a averti Moustapha Gheriani, un porte-parole de la rébellion. Le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, a estimé qu'il n'y avait "pas de solution militaire" au conflit et qu'il fallait une solution politique, dans une interview au magazine Der Spiegel. Dans ce contexte mouvementé, l'écrivain français Bernard-Henri Lévy est attendu à Benghazi, point de départ d'une visite "indépendante" d'une semaine dans le pays. L'intellectuel s'était déjà rendu début mars à Benghazi, où il avait rencontré des membres du Conseil national de transition (CNT) avant d'organiser leur rencontre à Paris avec le président français Nicolas Sarkozy et de plaider pour une intervention militaire. Mardi, les ministres européens des Affaires étrangères ont prévu de rencontrer un représentant du CNT, une première pour l'UE dans son ensemble. La France, le Qatar et l'Italie ont déjà reconnu officiellement cet organisme représentatif des insurgés. L'UE se prépare en outre à lancer une mission militaro-humanitaire pour aider la population assiégée de Misrata (210 km à l'est de Tripoli), bombardée depuis un mois et demi par les forces de Kadhafi. Samedi, un navire affrété par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a accosté dans cette ville, la troisième du pays, avec à son bord suffisamment de fournitures médicales pour soigner 300 blessés |
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