NOUVELLES ACCUSATIONS DE TAÏEB
FASSI FIHRI «L’Algérie bloque
l’UMA» Mohamed
TOUATI - Jeudi 31 Décembre 2009 - Page :
4 | | Le Maroc n’a guère l’intention d’évoluer
sur le conflit du Sahara
occidental | Le chef de la diplomatie marocaine
n’a pas manqué d’imputer, encore une fois, à l’Algérie l’immobilisme de l’UMA et
l’état actuel des relations
algéro-marocaines.
A l’issue de la 29e session du Conseil des ministres des
Affaires étrangères de l’Union du Maghreb arabe (UMA), Taïeb Fassi Fihri a
laissé, encore une fois, ses états d’âme s’étaler. Le ministre marocain des
Affaires étrangères et de la Coopération soutient que les entraves à
l’intégration maghrébine sont dues principalement à «la fermeture des
frontières terrestres et à une normalisation totale du fait des nouvelles
conditions relatives à la question du Sahara marocain». Cette
déclaration rapportée par l’agence MAP laisse entendre que le Maroc n’a guère
l’intention d’évoluer sur le conflit du Sahara occidental. La tenue d’un
référendum d’autodétermination dans le cadre des résolutions votées par le
Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies, qui doit permettre au
peuple sahraoui de décider librement de son avenir, si l’on se fie au discours
du diplomate marocain, n’est plus et ne sera plus à l’ordre du jour. Le chef de
la diplomatie marocaine évoque chaque fois «la question du Sahara
marocain» lorsqu’il parle du conflit du Sahara occidental. Fassi Fihri
impute ainsi à l’Algérie l’arrêt de la mise en oeuvre de la construction de
l’Union du Maghreb. «Cette situation se répercute négativement, non
seulement sur les relations entre les deux pays et les deux peuples frères et
voisins mais également sur la réalisation de leurs aspirations quant à
l’édification de l’UMA», a-t-il ajouté en marge de cette rencontre à
laquelle a aussi pris part le ministre algérien des Affaires étrangères.
S’agissant du processus d’édification d’un socle maghrébin, le chef de la
diplomatie algérienne n’a pas caché qu’elle s’est heurtée ces dernières années à
des difficultés conjoncturelles. «Le moment est opportun pour revoir
notre méthode de travail, amorcer la réforme des institutions de l’UMA et penser
aux meilleures formules pouvant garantir la continuité dans l’édification et la
consolidation des bases de l’Union et le renforcement de ses
structures», a souligné, mardi à Tripoli, Mourad Medelci. Si la
position algérienne concernant la question du Sahara occidental est aux
antipodes de celle des autorités marocaines, il faut tout de même rappeler que
la brouille entre Alger et Rabat est montée d’un cran lorsque furent fermées au
mois d’août 1994, les frontières entre les deux pays. L’hôtel Asni, situé à
Marrakech, avait été la cible d’un sanglant attentat terroriste. Le Royaume
alaouite a pointé du doigt et désigné les services algériens comme responsables.
Suite à quoi, des visas ont été imposés aux Algériens. La mesure fut levée en
2005. L’Algérie en fit de même l’année suivante sans pour autant rouvrir les
frontières terrestres. Depuis, la diplomatie marocaine ne rate pratiquement
aucune occasion pour évoquer leur ouverture. «Nous caressons tous
l’espoir au Maroc que la possibilité d’une normalisation avec l’Algérie puisse
se faire au plus tôt et dans les meilleurs délais», avait confié en
avril dernier Taïeb Fassi Fihri, en marge d’une réunion des ministres des
Affaires étrangères des pays de l’UMA. Des déclarations que l’on aurait pu
qualifier d’apaisées si, à peine une semaine avant, à l’occasion d’une marche
contre le «mur de la honte» érigé par les autorités
marocaines au Sahara occidental, à laquelle ont participé quelque 1400
personnes, l’Algérie n’avait fait encore une fois l’objet, comme à l’accoutumée,
de graves accusations. «Cette opération a été menée
directement à partir du territoire algérien. Le Maroc ne se laissera pas
intimider par de tels agissements et défendra par tous les moyens qu’il jugera
appropriés son intégrité territoriale», avait alors déclaré Taïeb
Fassi Fihri sur les ondes de la chaîne de télévision 2M. Difficile de rabibocher
quoi que ce soit ou de décrypter ne serait-ce que l’ombre d’une tension
décrispée lorsque l’on tient de tels propos belliqueux et guerriers. Cette
animosité s’est retrouvée de nouveau attisée après le bras fer ayant opposé la
militante sahraouie des droits de l’homme, Aminatou Haïdar, au gouvernement
marocain après son expulsion vers l’île de Lanzarote aux Canaries. Une fois de
plus, Taïeb Fassi Fihri désigne l’Algérie qui aurait, à travers cette affaire,
monté une cabale pour discréditer la diplomatie marocaine. Il serait tout de
même étonnant que cela soit le gouvernement algérien qui eut l’idée de
conseiller les autorités de Rabat pour confisquer le passeport de la militante
sahraouie. A Alger, on a fait la sourde oreille à ce trop-plein de provocations
loufoques. La position algérienne par rapport à la question du Sahara occidental
n’a pas changé d’un iota. Elle est constante. Le chef de l’Etat l’a
rappelée au cours de son discours d’investiture au mois d’avril
dernier. «Je n’ai pas besoin de réaffirmer nos positions dans
le monde arabe, en Afrique et dans le tiersmonde et notre appui à toutes les
causes justes, et notamment à celles des peuples en lutte pour leur libération
comme le peuple sahraoui et le peuple palestinien», a alors souligné
Abdelaziz Bouteflika.
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