Aujourd'hui - 03 février 2010
L'Iran dit avoir procédé au tir d'un lanceur de satellite
il y a 4 heures 1 min
Parisa Hafezi et Reza Derakhshi
L'Iran
dit avoir procédé avec succès mercredi au tir expérimental d'un lanceur
de satellite, initiative propre à inquiéter les pays occidentaux qui
soupçonnent Téhéran de vouloir se doter de l'arme nucléaire. Lire la suite l'article
Lors
d'une cérémonie où ont été présentés trois nouveaux satellites et
d'autres éléments relevant de la technologie spatiale, le président
Mahmoud Ahmadinejad a déclaré que la République islamique espérait
envoyer prochainement des astronautes dans l'espace.
"Le domaine
où l'on brisera le système autoritariste mondial est celui de la
science et de la technologie", a-t-il déclaré en se référant aux
adversaires de l'Iran.
La Maison blanche a estimé quelques heures plus tard que ce tir expérimental était un "acte de provocation".
"Un
lancement comme celui-ci est un acte de provocation, c'est évident", a
dit à la presse un porte-parole de la Maison blanche, Bill Burton.
"Mais le président pense qu'il n'est pas trop tard pour que l'Iran
agisse comme il faut - qu'il s'assoie à la table des négociations avec
la communauté internationale et respecte ses obligations
internationales".
Les Etats occidentaux craignent que l'Iran ne
cherche à se doter d'armes nucléaires et que la technologie des
missiles balistiques à longue portée utilisée pour mettre des
satellites en orbite ne lui serve aussi à lancer des ogives. Téhéran
affirme ne nourrir aucun projet de ce type.
Mardi, Mahmoud
Ahmadinejad avait déclaré que l'Iran était prêt à transférer à
l'étranger son uranium faiblement enrichi pour qu'il soit converti en
combustible nucléaire à usage médical, conformément à un compromis qui
est censé dissiper les soupçons occidentaux.
Il semblait ainsi
renoncer pour la première fois aux conditions que son pays posait
jusque-là. Les Etats-Unis ont aussitôt réagi en faisant savoir que si
ce changement d'attitude était sérieux, l'Iran devait en informer
l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Mercredi, le
président iranien n'est pas revenu sur la question nucléaire.
"PERCÉE CONSIDÉRABLE"
"L'Iran
lance avec succès un lanceur de satellite Kavoshgar 3 de fabrication
nationale", a rapporté la chaîne de télévision en langue anglaise TV
Press. La fusée doit renvoyer vers la terre des données électroniques
et des séquences filmées en direct, a-t-elle ajouté.
Press TV a
diffusé des images d'une fusée qui décollait d'une rampe de lancement
dans le désert. D'autres médias iraniens ont dit qu'il s'agissait d'un
tir expérimental.
"C'est une percée considérable (...) et nous
espérons pouvoir envoyer bientôt nos propres astronautes dans
l'espace", a déclaré Mahmoud Ahmadinejad.
Le chef de l'Etat
iranien prenait la parole dans une salle de conférence de Téhéran où
ont été dévoilés les nouveaux satellites et un autre lanceur de
satellite.
L'événement, retransmis en direct à la télévision
d'Etat, coïncidait avec dix journées de festivités nationales marquant
le 31e anniversaire de la Révolution islamique de 1979.
Il y a un
an, l'Iran avait procédé au tir expérimental d'un missile à longue
portée Sejil 2 modernisé. Le Premier ministre britannique, Gordon
Brown, avait alors déclaré que ce lancement était un sérieux motif de
préoccupation pour la communauté internationale et mettait en évidence
la nécessité d'un durcissement des sanctions imposées à l'Iran.
Le
Pentagone a noté dans un rapport publié lundi que l'Iran avait accru
ses capacités dans le domaine des missiles balistiques et faisait
planer une menace grave sur les forces américaines et alliées au Moyen-Orient.
Pour
contrer cette menace, les Etats-Unis ont renforcé leurs systèmes de
défense antimissiles basés à terre et sur mer dans le Golfe et ses
environs, disent des responsables américains.
Avec Hossein Jaseb et Fredrik Dahl, version française Philippe Bas-Rabérin et Eric Faye
Mercredi 3 février, 13h36
Ali Akbar Dareini
L'Iran
a a lancé mercredi, avec succès, une fusée d'environ trois mètres dans
l'espace à des fins scientifiques, avec à son bord une souris, deux
tortues et des vers, a annoncé le ministère de la Défense. Pour le
président Mahmoud Ahmadinejad, cela montre que l'Iran est capable de
battre l'Occident dans la bataille de la technologie. Lire la suite l'article
Le
lancement de la fusée Kavoshgar-3 ("Kavoshgar" signifie "explorateur"
en farsi), annoncé par le ministre de la Défense, le général Ahmad
Vahidi, s'inscrit dans le cadre de l'ambitieux programme spatial
iranien. Il intervient un an après la mise en orbite, par Téhéran, de
son premier satellite de télécommunications de fabrication iranienne.
L'Iran
justifie ce besoin de satellites pour surveiller les risques de
catastrophes naturelles et améliorer ses télécommunications. Mais ce
programme inquiète les puissances occidentales, car ce type de fusée
peut en effet servir à lancer des ogives.
A Paris, la France a
dit accueillir cette annonce "avec une grande préoccupation". Au cours
du point de presse électronique, le porte-parole du ministère des
Affaires étrangères a jugé qu'elle "ne peut que renforcer les
inquiétudes de la communauté internationale alors que l'Iran développe
en parallèle un programme nucléaire, sans objectif civil identifiable,
en violation de cinq résolutions du Conseil de sécurité des Nations
unies".
"Les lanceurs spatiaux et les missiles balistiques
utilisent des technologies communes", a poursuivi le porte-parole,
ajoutant que "les États ne doivent pas contribuer à la prolifération de
missiles balistiques susceptibles de servir de vecteurs à des armes de
destruction massive".
La télévision d'Etat a diffusé des images
des animaux à l'intérieur de la capsule avant le lancement. On pouvait
voir une souris, deux tortues et une dizaine de bestioles ressemblant à
des vers.
Le général Ahmad Vahidi n'a pas fourni de détails sur
les recherches qui allaient être effectuées, et aucune précision n'a
été donnée sur la date, ni sur l'endroit où le lancement a eu lieu.
Cette
fusée est la troisième d'une série portant le même nom. L'Iran avait
fait état du lancement de Kavoshgar-1 (Explorateur-1) en février 2008.
La première section de la fusée s'est détachée après 90 secondes et est
redescendue sur Terre grâce à un parachute. Un second segment était
entré dans l'espace pendant environ cinq minutes, tandis que la
troisième section était lancée en orbite pour recueillir différentes
données.
Plus tard en 2008, une fusée baptisée Kavoshgar-2 avait
été lancée à moindre altitude dans l'espace, et était revenue sur Terre
40 minutes plus tard grâce à un parachute. Aucun détail n'avait été
donné sur ce lancement.
Mercredi, le président Mahmoud
Ahmadinejad s'est félicité du dernier lancement, assurant que des
événements plus importants auraient lieu dans l'avenir. "Le domaine
scientifique, c'est là que nous pourrions battre la domination" de
l'Occident, a-t-il déclaré à la télévision publique. Il a ajouté que ce
lancement était "un très grand événement". "C'est la première présence
d'animaux dans l'espace lancés par l'Iran. Cela annonce des réussites
plus importantes", a-t-il déclaré.
Parallèlement, le président
iranien a dévoilé mercredi une fusée porteuse de satellite et trois
satellites -Mesbah-2, Tolo et Navid-e-Elm-o-Sanat- fabriqués également
en Iran, dans le cadre de la Journée nationale de technologie spatiale.
La
cérémonie organisée mercredi entrait dans le cadre de dix jours de
manifestations précédant le 31e anniversaire de la Révolution
islamique, le 11 février.
Selon des responsables, cette fusée
porteuse, baptisée Simorgh, peut transporter un satellite de 100kg
jusqu'à 500km dans l'espace.
L'Iran, qui cherche à étendre son influence au Moyen-Orient,
médiatise ce type de prouesses technologiques pour montrer son aptitude
à aller de l'avant, malgré les menaces de sanctions américaines et
onusiennes liées à son programme nucléaire controversé.
Mahmoud
Ahmadinejad a déclaré que l'Iran avait construit Mesbah-2 avec de la
technologie iranienne, après que des partenaires étrangers eurent
refusé de coopérer. Il n'a pas donné de noms de pays, mais l'Iran avait
annoncé l'an dernier son intention de lancer un satellite de
communications d'ici fin 2011 sans aide extérieure, l'Italie et la Russie ayant refusé de la mettre en orbite.
Son
prédécesseur, Mesbah-1, avait été présenté en 2005. L'Iran prévoyait de
le lancer la même année avec l'aide des Russes, mais Moscou avait
retardé à plusieurs reprises la fourniture d'un lanceur de satellites.
"Mesbah-1 a eu un triste destin (...) ils n'ont pas eu le courage de
lancer notre satellite", a souligné Mahmoud Ahmadinejad. Il a ajouté
que Mesbah-2 serait lancé avec un lanceur fabriqué en Iran.
Les Iraniens ont également l'intention d'envoyer un homme en orbite dans les dix ans qui viennent. AP