Les forces de Mouammar Kadhafi, appuyées par des avions de chasse, ont repoussé dimanche les insurgés qui tenaient depuis la veille la ville côtière de Bin Djaouad, à 160 km à l'est de Syrte, le fief du dirigeant libyen.Lire la suite l'article
Ces derniers se sont regroupés à l'extérieur de la localité, a constaté un correspondant de Reuters. "On entend le bruit sourd d'obus de mortier qui tombent près des positions rebelles et également le son de mitrailleuses dans le lointain", a déclaré Mohamed Abbas. "Un flot régulier de combattants rebelles repart vers l'ouest en direction de Bin Djaouad."
Un combattant, revenant blessé de la ligne de front, a déclaré que les forces de Mouammar Kadhafi tiraient à la mitrailleuse et lançaient des grenades RPG.
Prié de décrire ce qu'il avait vu, il a répondu: "La mort."
Manifestement choqué, il n'a rien dit de plus.
Les insurgés ont occupé Bin Djaouad samedi mais se sont retirés ensuite, ce qui a permis aux forces pro-Kadhafi de s'emparer de bâtiments où ils ont posté des tireurs et organisé leur contre-attaque.
"Les combats sont très intenses, comme au Viêtnam", a déclaré un combattant rebelle, Ali Othman. "Tout type d'armes est utilisé. Nous avons battu en retraite après une embuscade et nous allons nous regrouper."
"Les forces de Kadhafi ont attaqué avec des avions et tiré du haut des bâtiments", a témoigné un autre insurgé, Ibrahim Boudabbous.
NOMBREUSES VICTIMES
Les médecins et le personnel de l'hôpital de Ras Lanouf, où les insurgés se sont repliés, ont enregistré l'arrivée de deux cadavres et 22 blessés de Bin Djaouad. Des témoins font état de nombreuses victimes, dont des civils.
Le docteur Heitham Gheriani a fait état d'au moins 15 blessés dans les combats de la matinée à Bin Djaouad, dont un photographe français touché à une jambe.
Un homme a dit avoir vu un bâtiment civil touché par une bombe. "Les blessés nous ont dit de faire sortir les enfants. Nous avons laissé les morts sur place", a déclaré un rebelle, Khaled Abdoul Karim.
"J'ai vu des gens crier et hurler. J'ai vu 20 à 25 personnes qui semblaient mortes, des civils ou des rebelles", a ajouté un autre combattant, Achraf Youssef.
Certains rebelles ont accusé des habitants de Bin Djaouad d'avoir trahi leur cause et de s'être rangés du côté de Kadhafi. "Il y avait des gens en civil qui nous tiraient dessus", a dit l'un d'eux. Mais d'autres ont minimisé ces déclarations. "Ce sont nos frères. Ils ont été forcés par Kadhafi."
Le gouvernement libyen a affirmé dimanche qu'il avait repoussé les insurgés, maîtres de l'Est depuis plus d'une semaine, jusqu'à leur principal bastion de Benghazi.
Mais les correspondants de Reuters ont constaté que les rebelles contrôlaient toujours, contrairement aux déclarations de Tripoli, le port pétrolier de Ras Lanouf.
D'après des témoins, un avion a attaqué Ras Lanouf dimanche matin mais aucune victime n'a été signalée.
CONTACTS AVEC LA TRIBU DE KADHAFI
Bachir Abdoul Gadir, l'un des commandants des insurgés dans l'Est, a déclaré que les rebelles s'étaient emparés de Nofilia, à l'ouest de Bin Djaouad. Il a ajouté que ses forces attendaient un signal des habitants de Syrte pour tenter de faire tomber cette ville, à 120 km plus à l'ouest.
"Ce n'est pas compliqué de prendre Syrte", a-t-il dit à Reuters. "Je pense que 70% des habitants sont avec nous mais ils nous ont dit de ne pas entrer dans Syrte par crainte de violents combats. On va attendre qu'ils nous disent quand ils sont prêts."
Auparavant, au cours d'une conférence de presse, Bachir Abdoul Gadir avait estimé qu'environ 8.000 combattants rebelles se trouvaient entre Ras Lanouf et Nofilia.
A Benghazi, le colonel Lamine Abdelwahab, membre du conseil militaire formé par les insurgés, a fait état d'une prise de contacts avec la tribu Gaddafda, celle de Mouammar Kadhafi, qui se trouve à Syrte.
"Nous avons reçu un contact de la part de membres de la tribu Gaddafda à Syrte qui souhaitent négocier (...) Il n'y aura pas de négociations. Ils nous demandent ce que nous voulons. Nous disons que nous ne voulons plus de Kadhafi", a déclaré Abdelwahab.
Selon lui, des militaires issus de la tribu Ferdjan se font exécuter car ils refusent de combattre les rebelles.
Mouammar Kadhafi pourrait disposer de plus de 20.000 combattants à Syrte, a déclaré ce colonel, expliquant que la ville natale de Kadhafi abritait le bataillon Saadi (un des fils du dirigeant libyen) qui comprend quatre brigades, ainsi que des milices tribales.
Bertrand Boucey et Jean-Stéphane Brosse pour le service français
L'opposition libyenne recule dans l'Est, Kadhafi dit avoir repris des villes
le 06.03.11 | 11h22
Bombardements et recul de l'opposition dans l'Est, manifestation de...
Bombardements et recul de l'opposition dans l'Est, manifestation de "victoire" orchestrée par les pro-Kadhafi à Tripoli: la régime libyen tentait dimanche de reprendre la main, au 20ème jour d'insurrection et affirmait avoir repris plusieurs villes.
Le colonel Kadhafi s'est déclaré favorable à l'envoi d'une commission d'enquête "des Nations unies ou de l'Union africaine" pour évaluer la situation. Il a également brandi les spectres d'Al-Qaïda et d'une immigration massive en Europe.
La révolte qui a débuté le 15 février prend désormais des allures de guerre civile et la télévision d'Etat libyenne a annoncé que des forces fidèles au colonel Kadhafi étaient en route vers Benghazi, fief de l'opposition à près de 1.000 km à l'est de Tripoli.
L'armée libyenne avait déjà tenté ces derniers jours de lancer une contre-offensive pour stopper la progression des insurgés, bombardant Ajdabiya et Brega.
Mais malgré de violents combats mercredi dans le port pétrolier de Brega, l'insurrection, un mélange de jeunes sans réelle expérience du combat et de militaires ralliés à l'opposition, a avancé jusqu'à la ville pétrolière de Ras Lanouf, à 300 km au sud-ouest de Benghazi.
La télévision d'Etat a affirmé dimanche que le gouvernement avait repris le contrôle de Ras Lanouf, de Tobrouk (est) et de Misrata (ouest). Elle a diffusé des images de "manifestations de joie" à Tripoli, Syrte, la ville natale du colonel Kadhafi, et Sebha (sud).
Mais les insurgés ont immédiatement contesté la reprise des trois premières villes.
Selon des journalistes de l'AFP sur place et les insurgés, Ras Lanouf était ainsi toujours contrôlée dimanche matin par ces derniers. Dans la matinée, les forces pro-régime ont cependant mené deux raids, sur un camp de rebelles et sur un poste de contrôle, sans faire de blessés selon les premières informations.
En revanche, des combats ont forcé les insurgés à se retirer de Ben Jawad, à une centaine de kilomètres à l'est de Syrte et à une trentaine de kilomètres à l'ouest de Ras Lanouf, où ils ont annoncé vouloir fixer leur "ligne de défense".
Selon un médecin, les combats dimanche à Ben Jawad ont fait deux morts et une trentaine de blessés. Des tirs d'artillerie soutenus étaient en cours près de cette bourgade dimanche soir.
Les insurgés libyens ont également contesté la reprise de Tobrouk. "Ce n'est pas vrai. La région allant d'Ajdabiya à la frontière égyptienne est sous notre contrôle", a déclaré Fateh Faraj, un membre du conseil des insurgés à Tobrouk, joint par téléphone.
A Misrata, 3e ville du pays à 150 km à l'est de Tripoli, un habitant et un insurgé ont déclaré par téléphone à l'AFP que la ville était contrôlée par l'insurrection mais qu'une offensive gouvernementale à l'arme lourde était en cours.
"Les chars tirent des obus sur le centre-ville, près du siège de la radio. Nous entendons aussi des tirs nourris d'armes automatiques", a expliqué un habitant. "Les habitants n'ont pas d'armes. Si la communauté internationale n'intervient pas rapidement, ce sera le carnage", a-t-il ajouté.
A Tripoli, le régime a orchestré une manifestation de soutien au colonel Kadhafi pour célébrer la "victoire". Soldats, policiers et miliciens ont tiré en l'air en signe de joie. "Nous avons gagné, Al-Qaïda est parti", a déclaré un soldat, des lunettes Ray Ban sur le nez.
Sur la place Verte, dans le centre, 4.000 à 5.000 partisans de Kadhafi se sont rassemblés pour une manifestation "spontanée".
Samedi, le gouvernement avait mené une importante contre-offensive à Zawiyah, à 60 km à l'ouest de Tripoli. Au moins sept personnes ont été tuées et des dizaines blessées, selon une source médicale. Un médecin joint par téléphone a dénoncé "un véritable massacre".
Sur le plan politique, les insurgés continuaient de s'organiser. Le Conseil national créé le 27 février par l'insurrection s'est réuni samedi pour la première fois et s'est déclaré "le seul représentant de la Libye".
Il a chargé Omar al-Hariri des "Affaires militaires" et confié les Affaires étrangères à Ali Abdelaziz al-Issaoui, ambassadeur démissionnaire en Inde et ancien ministre de l'Economie.
Dimanche, la France a salué la création de ce Conseil national et apporté "son soutien aux principes qui l'animent et aux objectifs qu'il s'assigne". Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a cependant estimé qu'une intervention militaire aurait des "effets négatifs" et s'est prononcé en faveur d'une zone d'interdiction aérienne pour empêcher les bombardements.
Londres a confirmé qu'une "petite équipe diplomatique" britannique se trouvait à Benghazi. Selon l'opposition libyenne, un diplomate et des militaires britanniques ont été arrêtés après leur arrivée dans une zone contrôlée par les insurgés et se trouvent actuellement "en sécurité".
Plus de 191.000 personnes ont fui à ce jour les violences et environ 10.000 personnes déplacées se dirigeaient vers la frontière égyptienne, selon l'ONU.
Le Royaume-Uni, qui a déjà évacué vers Le Caire plus de 6.000 Egyptiens réfugiés à la frontière tunisienne, a annoncé dimanche qu'il allait rapatrier 500 Bangladais ayant fui les violences en Libye.
Libye: pris dans une embuscade à Ben Jawad, les rebelles battent en retraite
Dimanche 6 mars, 17h07
L'essentiel: Au 20e jour d'insurrection, le régime libyen tente de reprendre la main, imposant à coups de bombardements, un reflux de l'opposition dans l'est et orchestrant des manifestations de «victoire» à Tripoli. La révolte prend désormais des allures de guerre civile et la télévision d'Etat annonce que des forces fidèles au dictateur sont en route vers Benghazi. Dans le même temps, Kadhafi se dit favorable à l'envoi d'une commission d'enquête «des Nations unies ou de l'Union africaine» pour évaluer la situation et brandit la menace d'une immigration massive en Europe et du terrorisme islamiste. Plus de 191.000 personnes ont fui les violences et 10.000 déplacés se dirigent vers la frontière égyptienne, selon l'ONU.Lire la suite l'article
16h. Des tirs d'artillerie soutenus sont entendus depuis la route menant à Ben Jawad (est), théâtre d'affrontements meurtriers entre pro et anti-Kadhafi. Un journaliste de l'AFP, à une dizaine de kilomètres, a vu de la fumée se dégager et entendu des tirs pendant 30 minutes, et des véhicules transportant des rebelles quittant la localité à toute allure. Les convois se replient vers Ras Lanouf, port pétrolier stratégique à quelques dizaines de kilomètres à l'est de Ben Jawad, dont les insurgés ont pris le contrôle vendredi.
(Des rebelles s'approvisionnnent en armes, dimanche à Ras Lanouf. AFP/Roberto Schmidt)
15h15. Un diplomate et des militaires britanniques ont été arrêtés après leur arrivée dans une zone de Libye contrôlée par les insurgés et sont «en sécurité», selon un porte-parole de l'opposition libyenne. «Nous savons que du personnel britannique a attéri sur le sol libyen. Cela a créé de la confusion au début, car nous ne savions pas s'ils étaient avec nous ou contre nous», a raconte-t-il à l'AFP, assurant qu'ils sont «bien traités», sans préciser s'ils ont été libérés.
15h10. Le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, met en garde contre les... lire la suite de l'article sur Libération.fr
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