La CAN sans le Togo
Le 10/01/2010 à 13:58
La CAN sans le Togo
Cela semble devoir être l'épilogue d'un bien triste feuilleton, débuté dans l'horreur vendredi par le mitraillage du bus des Eperviers du Togo et conclu ce dimanche, à quelques heures du coup d'envoi de la CAN 2010, à Luanda. Revenant sur leur décision de jouer pour la mémoire de leurs disparus, les Togolais rentrent au pays.
Le capitaine des
Eperviers se range à la décision de son gouvernement.
(Reuters)
"Les autorités togolaises ont décidé de plier bagages. Le plus important, c'est ce que le chef de l'Etat a décidé, on va rentrer", a-t-il ainsi annoncé sur RMC. Dans la nuit de samedi à dimanche, les joueurs auraient voté à l'unanimité la décision de jouer pour la mémoire de leurs disparus. Le pouvoir togolais les a finalement fait plier.
Adebayor: "Ils (Ghana, Burkina Faso et Côte d'Ivoire) peuvent être attaqués à Cabinda à tout moment"
"En tant que capitaine et porte-parole du Togo, j'ai parlé avec toutes les autorités ici. Je leur ai dit de prendre les mesures nécessaires pour notre sécurité, explique Adebayor. J'en ai parlé avec le capitaine et la délégation de la Côte d'Ivoire et avec les Ghanéens. Ils m'ont exprimé leur soutien en disant qu'ils étaient prêts à quitter la compétition si on le faisait. A la fin de la journée, on a vu qu'ils étaient prêts à poursuivre. Si on parle de morts, la compétition doit être annulée. Mais la CAF en a décidé autrement. Nous, on va rentrer et on souhaite bon courage à ceux qui vont rester, surtout au Burkina Faso, à la Côte d'Ivoire et au Ghana. Ce que j'ai dit à leurs dirigeants, c'est qu'ils pouvaient être attaqués à Cabinda à tout moment." Une poudrière, où l'épreuve est appelée à débuter malgré tout, mais où les rebelles ont d'ores et déjà annoncé qu'ils continueraient à faire parler les armes ; une enclave que les Eperviers, toujours selon Adebayor, s'apprêtent à quitter à bord d'un avion présidentiel parti dimanche matin de Lomé et attendu à Cabinda à la mi-journée pour récupérer les joueurs et le staff technique.
A quelques heures du coup d'envoi de la compétition entre l'Angola et le Mali, à Luanda, la capitale, cette CAN 2010 perd donc l'un de ses participants. La fête de tout un continent est gâchée avant même d'avoir débuté...
Le 05/01/2010 à 16:39
Le 09/01/2010 à
22:17
Adebayor raconte l'horreur
A l'image de leur chef de file, Emmanuel Adebayor, les Eperviers du Togo restaient samedi sous le choc 24 heures après l'embuscade sanglante, dont leur bus avait fait l'objet au passage de la frontière angolaise. Incapables de disputer une CAN devenue dérisoire, les joueurs, prêts à rentrer au pays, ne pouvaient pas effacer des images gravés à jamais dans leurs mémoires.
Adebayor n'oubliera jamais ces
heures dramatiques... (Reuters)
Cette scène de guerre, Adebayor l'a décrite à l'antenne d'Infosport. "Il y a eu des pistolets, des mitraillettes, des roquettes, un peu tout... Ce n'était même pas la panique parce qu'on se voyait mort. Parce qu'on se disait que c'était fini. Tout le monde a fait des prières. Ceux qui ont des enfants ont envoyé des messages à leurs enfants, ceux qui sont mariés à leurs femmes et ceux qui ont leurs parents en France aussi. C'est ce qui était touchant." Face à la caméra, l'ancien Monégasque maîtrise son émotion et tient à témoigner de cette horreur lorsqu'il montre les impacts des balles dans le dos de l'un de ses coéquipiers, soigné.
Adebayor: "Il avait une balle dans le ventre et il demandait de voir ses enfants..."
Le second gardien, Kodjovi Obilalé, a eu moins de chance. Blessé par balles au dos et au ventre, le portier de Pontivy était évacué vers Johannesburg où, dans un état stable et conscient, il devait être opéré dans les prochaines heures. "Quand j'ai entendu le deuxième gardien (Kodjovi Obilale), qui pleurait en réclamant de pouvoir voir ses enfants, alors qu'il avait une balle dans les côtes... Je ne sais pas comment l'exprimer, l'émotion était au-dessus de tout..., poursuit Adebayor. Il s'est levé, il ne savait même pas ce qu'il faisait, il avait une balle dans le ventre et il demandait de voir ses enfants sans plus savoir où il était... C'est difficile, ce sont des souvenirs, qui resteront gravés à jamais dans nos mémoires."
Moins connu que son coéquipier, Moustapha Salifou, milieu de terrain d'Aston Villa, lui mesure sa chance d'avoir survécu. Dans un témoignage diffusé sur le site internet de son club, il raconte la peur de la délégation togolaise, qui a perdu son entraîneur adjoint et son attaché de presse. "Le chauffeur du bus a été touché quasiment immédiatement et il est mort sur le coup et nous avons été arrêtés sur la route sans nulle part où aller", raconte Salifou, 26 ans, et ami proche d'Obilalé.
"Nos gardes du corps nous ont sauvés. Ils étaient dans deux voitures, ils étaient environ une dizaine et ils ont répliqué aux tirs. La fusillade a duré une demi-heure et j'entendais les balles siffler autour de moi. C'était comme dans un film", ajoute-t-il. "Je sais que j'ai vraiment de la chance. J'étais vers l'arrière du car avec Emmanuel Adebayor et l'un des gardiens de but. Un défenseur qui était assis devant moi a reçu deux balles dans le dos. (...) C'était horrible. Tout le monde pleurait. J'ai moi-même craqué et j'ai pleuré en voyant les blessures de mon ami. Je ne sais pas comment on peut faire une chose pareille. Nous étions impatients de jouer au football et d'être ensemble. Aucun de nous ne peut jouer au football maintenant." Tous rappelés au Togo par le gouvernement, cette CAN 2010 ne veut plus rien dire pour eux. Elle n'a plus que le goût du sang et des larmes.
Pour qui la palme ?
Parmi les cinq favoris que nous avons dégagés, quatre participeront au prochain Mondial en Afrique du Sud. Côte d'Ivoire, Cameroun, Nigeria et Ghana figurent ainsi bien placées pour la victoire finale avant le coup d'envoi de la Coupe d'Afrique des nations qui débute lundi prochain en Angola. Les Egyptiens, bien que double tenants du titre, apparaissent quant à eux en retrait.
Kader Keita et Didier Drogba seront-ils sacrés le
31 janvier à Luanda ?
La victoire de 1992 est plus que jamais gravée dans les mémoires. Depuis ce dernier et unique sacre dans la compétition, à l'issue d'une séance de tirs au but à suspense (11 à 10) contre une sélection du Ghana privée de leur star Abedi Pelé suspendu après les demi-finales, les supporters des Eléphants attendent de voir à nouveau la lumière. Ils attendent avec impatience les successeurs des Otokoré, de la légende Gadji-Celi, de Tiéhi ou encore de Gouaméné qui, ce 26 janvier 1992 à Dakar, étaient venus à bout des Black Stars.
La bande de Drogba possède en tout cas l'étoffe et le potentiel pour régner cette année sur le continent africain. L'attaquant vedette de Chelsea et ses coéquipiers étaient passés tout près il y a quatre ans, ne s'inclinant en finale qu'aux tirs au but devant l'Egypte sur la pelouse du Caire (0-0, 2 t.a.b. à 4). Outre Drogba, le sélectionneur Vahid Halilhodzic a de quoi en effet viser le titre: Kalou, Koné, Yaya Touré, Gervinho, Zokora, Kader Keita...
Cameroun
Comme lors de chaque édition depuis leur premier sacre en 1984 à Abidjan, les Lions Indomptables sont systématiquement inscrits au rayon des grands favoris. Quatre fois titré, deux finales perdues, le Cameroun nourrit encore les plus hautes ambitions en Angola surtout après avoir loupé le titre de peu lors de la dernière édition, en finale devant l'Egypte (0-1). A l'image de son homologue de la Côte d'Ivoire, Paul Le Guen se réjouit d'avoir dans ses rangs un attaquant de classe internationale: Samuel Eto'o.
Et comme Halilhodzic, l'ex-entraîneur du PSG peut entourer le néo-Interiste d'une flopée de joueurs habitués au haut niveau: Kameni, Rigobert Song et son neveu Alexandre Song (Arsenal), Geremi Njitap Fotso, Jean II Makoun, Stéphane Mbia... Les "Allemands de l'Afrique", comme ils furent surnommés à une époque en référence à la rigueur de leur jeu, débuteront le tournoi en affrontant le Gabon, puis la Zambie. De quoi se mettre à l'abri, a priori, avant d'achever ce premier tour face à la Tunisie.
Nigeria
Les Super Eagles font également partie depuis longtemps des poids lourds du football continental. Mais voilà un petit moment que le titre leur échappe, depuis près de 16 ans, quand ce 10 avril 1994, les jeunes Amokachi, Oliseh et Okocha entourés des expérimentés Yekini et Keshi, avaient triomphé de la Zambie de Kalusha Bwalya (2-1). Aujourd'hui, c'est aux Martins, Taiwo, Yobo, Kanu, Obi Mikel and co à redorer le blason nigérian, notamment après le couac de la dernière édition. En 2008, les hommes de Berti Vogts avaient enregistré la plus mauvaise performance des Super Eagles en CAN depuis 20 ans avec une élimination en quart de finale par le Ghana.
Le sélectionneur Shuaibu Amodu a parfaitement conscience de l'importance de son objectif qui, dans un premier temps, sera de guider les siens en demi-finales afin de conserver son poste jusqu'à la Coupe du monde sud-africaine. Le capital confiance est en tout cas préservé puisque à la fin 2009, le Nigeria, vainqueur de la France en juin à Saint-Etienne (1-0), restait sur une seule défaite en 17 matches, datant de novembre 2008 contre la Colombie (0-1).
Ghana
Malgré les absences de son capitaine Stephen Appiah, de Sulley Muntari et de John Mensah, il faudra encore compter avec le Ghana dans la lutte pour la victoire finale. Le brassard pourrait ainsi revenir à Andre Ayew, ex-Marseillais et Lorientais et fils d'Abedi Pelé, l'un des plus emblématiques footballeurs du pays. Le vainqueur de la Ligue des champions 1993 avec l'OM doit être doublement fier en voyant Ibrahim, le frère aîné du joueur d'Arles-Avignon, également couché sur la liste des 23 mitonnée par le sélectionneur Milovan Rajevac.
"Je sais qu'un entraîneur étranger a failli réussir avec le Ghana (*) et je veux être le premier coach qui gagnera à nouveau le trophée. Et c'est possible", annonçait le technicien serbe à la presse la semaine dernière avant le départ d'Accra. Le futur mondialiste devra avant tout bien négocier la phase de poules et rien ne sera gratuit. Après son match d'ouverture contre le Togo d'Adebayor, le Ghana se frottera aux Ivoiriens pour le choc de ce groupe B.
CAN 2010 - Liste des équipes
Zambie | |
 |
Fiche
Equipe Calendrier Effectif |
Egypte
Avec leur statut prestigieux de double-champion en titre, les Pharaons ne pouvaient échapper aux cotes flatteuses des bookmakers. Il apparaît toutefois que la mission de signer la passe de trois, du jamais vu dans l'histoire de la CAN, soit trop difficile à remplir pour la formation dirigée par Hassan Shehata. Les Egyptiens rêvaient du Mondial africain et leur élimination en barrages par l'Algérie en novembre dernier a peut-être perturbé le moral des troupes avant le grand rendez-vous continental.
Et puis les forfaits pour cause de blessure du milieu de terrain et meneur de jeu Abou Treika et de l'attaquant Amr Zaki, n'ont pas arrangé les choses, tout comme le nul concédé en match de préparation face au Malawi (1-1) avant que Zidan et ses copains se reprennent face au Mali (1-0). L'heure est donc à la mobilisation chez le recordman des victoires de la Coupe d'Afrique des nations (6).
* : L'Allemand Otto Pfister a échoué en finale avec les Black Stars en 1992.
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