A Barbès, quartier historique des immigrés algériens de Paris, Algérie-Egypte n’a pas duré 90 minutes. «On est arrivé depuis ce matin. Si ça se termine bien, direction les Champs-Elysées», raconte Hassan. Autour des fumigènes et des djembés, les supporters se regroupent et chantent. Evidemment. «One, two, three, viva l’Algérie». Histoire de chambrer les adversaires de ce soir que les Fennecs avaient battu 3-1 lors du premier match de qualification. 

Certains supporters grimpent sur le métro aérien où les drapeaux des clubs d’Alger ont été accrochés, des enfants font claquer des pétards. Le match n’a pas encore commencé et c’est déjà le feu. Le boulevard Barbès, bloqué par les forces de l’ordre, a le cœur à Khartoum, capitale du Soudan, lieu dece match décisif pour la qualification au Mondial. 

Direction la rue Myrha, entre la Goutte d’Or et Château rouge. Le café, chez Moussa déborde. Pas de parties de dominos ce soir. Mais deux télés branchées sur une chaîne algérienne. Des cafés, du thé… Et des chants encore. «Les Algériens, les Algériens, les Algériens…». On scande en Arabe, on supporte en Français. On râle aussi. «Il faut arrêter de balancer devant les gars.»

Un match crispant

Les Egyptiens prennent des coups, les Fennecs des cartons jaunes et les Français d’origine algérienne souffrent. Jusqu’à la 38e minute. Passe de Karim Ziani, ancien joueur de l’OM, vers Antar Yahia qui frappe d’instinct.Explosion. L’Algérie mène 1-0. 

Mi-temps. «Il ne faut pas reculer. L’Algérie est bonne en contre, mais ça va être dangereux», pronostique Fares qui connaît bien les siens. La deuxième mi-temps n’est qu’une longue attente. «Ce n’est pas 45 minutes mais 45 heures», soupire-t-on. Durant les dix dernières minutes, on fait taire les joyeux. Par superstition. «Plus tard, plus tard…», crie un homme en arabe. 93e minute. Fin du calvaire et début d’une longue nuit. Bousculant les chaises et les tables, les 50 supporters sortent comme une tornade pour chanter dans la rue.

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En un seul match, l’Algérie a lavé l’affront de samedi dernier lorsque le car deleurs joueurs avait été caillassé au Caire. Et surtout, les Algériens se qualifient pour la Coupe du monde, dont ils avaient été écartés en 1990 par… l’Egypte. «J’ai fait un rêve la nuit dernière. Je voyais le drapeau algérien et tous les autres derrière. Ca se passait à la fin d’une compétition de cyclisme mais comme les Algériens sont nuls en vélo, je suppose que c’était un signe pour le Mondial», évoque le patron Moussa qui offre le thé à la menthe. Certains supporters partent faire le tour de la capitale en voiture. D’autres vont regarder le match de la France. «Comment je ne supporterais pas la France? Zidane a joué en Bleu. On peut parfaitement supporter deux équipes», glisse Miloud, arrivé d’Algérie en France en 1970. Et si l’Algérie et la France se croisaient en Afrique du Sud?

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