Les établissements soclaires paralysés : L’inquiétude des parents
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Les établissements soclaires paralysés : L’inquiétude des parents
le 11.10.11 | 01h00
L’appel à la grève a été massivement suivi hier dans les établissements de la capitale. Une virée dans plusieurs quartiers permet de constater qu’une grande partie a répondu favorablement à l’appel des cinq syndicats autonomes du secteur. Des parents, revenus récupérer leurs enfants, expriment leur point de vue : si certains accordent leur sympathie aux professeurs «en quête d’un rétablissement simple de l’échelle des valeurs dans la société» et trouvent «logique de recourir à une grève pour réclamer une situation sociale meilleure», d’autres ne l’entendent pas de cette oreille.
Entre les sympathisants et les réticents à ces actions, la mobilisation des enseignants semblait intacte, hier, au premier jour de cette grève que les syndicats veulent illimitée. «Pour rattraper le temps perdu, les syndicats et le ministère s’entendront sur un programme de rattrapage sans prendre en compte les capacités des enfants», s’inquiète une mère interrogée devant
le lycée Emir Abdelkader, à Bab El Oued.
Sihem est élève en 2e année primaire. Elle traîne son cartable à roulettes. Elle est toute contente de ne pas avoir eu cours durant la matinée d’hier. Dans sa petite tête d’enfant, c’est encore très «amusant» de ne pas avoir classe un jour de semaine. «Quel bonheur de rentrer avec maman et de jouer avec les enfants des voisins», semble-t-elle se dire. Les bourdonnements des enfants et des adolescents remplissent le quartier Zerhouni Mokhtar de Mohammadia, qui était, quelques minutes auparavant, plongé dans le calme. «Encore une grève ?», demande un parent d’élève de passage devant les trois établissements scolaires de cette cité.
«Qu’est-ce que revendiquent encore ces enseignants, ils viennent tout juste d’avoir des rappels dont les autres travailleurs ne peuvent même pas rêver», lâche ce quinquagénaire, qui s’oppose visiblement à cette énième action de protestation. «Mon fils est en terminale et je sais pertinemment que dans quelque temps, c’est lui et nous, les parents, qui supporterons tous les tracas. Ce n’est ni le ministère, qui ne veut pas régler définitivement les problèmes des professeurs, ni ces enseignants qui ne trouvent pas d’autre moyen de protestation, qui vont supporter la charge des heures de rattrapage avant les épreuves du bac», répond-il, contrarié, à une dame qui lui explique les raisons de la colère des enseignants.
Devant les établissements scolaires, des groupes d’élèves se forment, puis se dispersent. Des parents, revenus récupérer leurs enfants, expriment leur point de vue : si certains accordent leur sympathie aux professeurs «en quête d’un rétablissement simple de l’échelle des valeurs dans la société» et trouvent «logique de recourir à une grève pour demander une situation sociale meilleure», d’autres ne prennent pas la chose de ce côté. Des inquiétudes sont manifestées quant au rattrapage des cours. «Je crains, comme les années précédentes, que pour rattraper le temps perdu, les syndicats et le ministère s’entendront sur un programme de rattrapage sans prendre en compte les capacités des enfants», s’inquiète une mère, interrogée devant le lycée Emir Abdelkader de Bab El Oued.
Entre les sympathisants et les réticents à ces actions, la mobilisation des enseignants semblait intacte, hier, au premier jour de cette grève que les syndicats veulent illimitée. L’appel au débrayage a été massivement suivi dans les établissements de la capitale. Une virée dans plusieurs quartiers permet de constater qu’une grande partie a répondu favorablement à l’appel des cinq syndicats autonomes du secteur.
Plus 80% de suivi
Selon les initiateurs de ce mouvement de protestation, la grève a été suivie à plus de 80% en moyenne sur l’ensemble du territoire national. «C’est une réponse au ministre qui estime que le problème est réglé avec les primes qu’il a fini par accorder. Les enseignants disent à M. Benbouzid que les problèmes sont encore là.» Le Conseil national autonome des professeurs du secondaire et du technique (Cnapest) se réjouit des taux enregistrés, se situant entre 70% et 95%, et dénonce «l’agissement, inefficace, du ministre qui a choisi la veille du débrayage pour annoncer que toutes les primes accordées il y a quelques jours sont à effet rétroactif. Mais cette méthode n’a pas fonctionné», lance sur un ton de victoire Nouar Larbi, porte-parole de ce syndicat.
Le Snapest, lui, se félicite des taux enregistrés qui atteignent dans certains établissements 100% de suivi. Pour M. Meriane, président du Snapest, cette mobilisation est expliquée par «la convergence des forces syndicales autour des mêmes revendications». M. Meriane dénonce le silence de la tutelle sur les autres revendications, d’ailleurs plus importantes que celle des primes : «Le ministre a annoncé des primes au profit des enseignants, mais il a oublié de dire que tous les fonctionnaires de l’administration publique en bénéficient depuis des années.»
Le Conseil des lycées d’Algérie (CLA) estime que «la réussite» de cette grève «est la meilleure réponse au ministre. L’annonce qu’il a faite juste avant, à travers un communiqué diffusé par les médias lourds, que toutes les primes sont à effet rétroactif a été vivement critiquée par les syndicats protestataires». Le Syndicat national des travailleurs de l’éducation (SNTE) s’interroge sur le devenir des accords signés avec le ministère concernant le statut particulier de l’enseignant et le reste des revendications liées à la retraite, à la médecine de travail ainsi qu’à la gestion des œuvre sociales. «Pour les primes annoncées, le ministère n’a fait que rendre publiques les corrections portées par la Fonction publique. Les enseignants étaient, depuis plusieurs années, lésés, privés de ces indemnités perçues par le reste des travailleurs de la Fonction publique», précise M. Boudjennah, secrétaire général de ce syndicat.
Fatima Arab
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