Libye : un génocide à huis clos
Révolte algérienne
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Les ONG parlent de centaines de morts depuis le début de la contestation
Libye : un génocide à huis clos
Par Moumene Belghoul
Coincée entre deux pays, l’Egypte et la Tunisie, venant de vivre des bouleversements historiques, la Libye semble avoir du mal à échapper à une possible «contagion». Le pays de Kadhafi, au pouvoir depuis 1969, est confronté au vent de la révolte populaire. Selon l’organisation de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch (HRW) au moins 104 personnes ont été tuées depuis le début de la contestation, et les heurts entre forces de sécurité et manifestants ne semblent pas vouloir s’estomper. Difficile de confirmer ou d’infirmer la réalité des informations sur le terrain. Le gouvernement a coupé toutes les communications internet dans le pays et interfère dans les liaisons téléphoniques mobiles et fixes. Selon un décompte des agences de presse sur la base de différentes sources libyennes, le bilan de la contestation contre le régime du colonel Kadhafi s’élève à au moins 77 morts, la plupart dans la région de Benghazi, bastion de l’opposition. Benghazi, deuxième ville du pays, en Cyrénaïque, est un foyer traditionnel de contestation. Hier, de nouveaux affrontements ont eu lieu au moment des obsèques de manifestants tués vendredi. Les protestataires ont jeté des cocktails Molotov en direction d’une caserne et les militaires ont riposté à balles réelles. Dans un pays où il est extrêmement difficile de travailler pour les médias étrangers, les informations sur les événements restent très difficiles à vérifier. La BBC affirme que les militaires tirent à l’arme lourde, notamment des obus de mortier. La chaîne qatarie Al Jazeera annonce que les hôpitaux manquaient de sang ne pouvant faire face à l’afflux de blessés. Même Musratha, troisième ville du pays, aurait été touchée par la vague de contestation. La ville a connu des «heurts violents» entre manifestants et forces de l’ordre ayant fait «des morts et des blessés». Des témoignages parlent de «mercenaires africains» secondant les forces de l’ordre. Des témoignages recueillis par les chaînes de télévision en continu accusent ces derniers de «tirer sur la foule sans distinction». A Tripoli, la capitale, des coups de feu ont été entendus à Fachloum et Tajoura. Et pour ajouter à la confusion, un haut responsable libyen a déclaré qu’un «groupe d’extrémistes islamistes» retenait en otages des membres des forces de l’ordre et des citoyens à Al Baïdha, dans l’est du pays. De leur côté, les autorités, qui ont placé en première ligne les «comités révolutionnaires», piliers du système, ont annoncé avoir arrêté dans «certaines villes» des dizaines de ressortissants arabes appartenant à un «réseau» voulant déstabiliser le pays. L’agence de presse officielle libyenne Jana dit que les personnes arrêtées sont de nationalité tunisienne, égyptienne, soudanaise, palestinienne, syrienne et turque. En raison de cette situation, l’Autriche annonce l’envoi d’un avion militaire à Malte pour une éventuelle évacuation de ses ressortissants de Libye. Pour l’heure, le colonel Kadhafi n’a toujours pas fait de déclaration officielle depuis le début de la contestation. La Libye dispose d’une cagnotte pétrolière considérable, de l’ordre de 40 à 50 milliards de dollars par an. Une richesse qui lui permet de désamorcer des troubles sociaux à coups de subventions.
Mais jusqu’à quand ?
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