L’opposition syrienne et les soldats déserteurs coordonnent leurs actions
Moscou refuse un changement de régime
L’opposition syrienne et les soldats déserteurs coordonnent leurs actions
le 14.01.12 | 01h00
Les Syriens ont manifesté, hier, par dizaines de milliers à travers le pays pour apporter leur soutien aux militaires dissidents et crier leur haine du régime, malgré la répression sans répit. La Russie, pays allié du régime de Bachar Al Assad, a durci le ton face aux Occidentaux, rejetant toute action d’envergure contre son pouvoir.
Dans la région d’Idleb (nord-ouest), près de 20 000 manifestants ont appelé à la chute du régime, alors qu’un manifestant a été tué par les forces de l’ordre, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). A Hama (centre), un adolescent de 17 ans a péri sous les balles des forces de sécurité, a également rapporté l’OSDH. Quelque 15 000 personnes ont manifesté à Douma, près de Damas, où «des affrontements ont eu lieu vendredi matin entre des agents de sécurité et des déserteurs», selon l’OSDH. Des milliers d’autres sont, selon la même source, sortis à Palmyre, dans la province de Homs (centre), bastion de la contestation, où deux civils ont été blessés par un tir de roquette qui visait une voiture de la voirie.
A Deir Ezzor (est), à Deraa (sud) où cinq manifestants ont été blessés, ainsi que dans la banlieue de Damas, les forces de sécurité ont tiré pour disperser les rassemblements, selon l’OSDH et les Comités locaux de coordination (LCC) qui chapeautent les manifestants sur le terrain.
A la veille des manifestations de soutien aux déserteurs, Riad Al Assaad, chef de l’Armée syrienne libre, qui assure compter dans ses rangs 40 000 déserteurs, et Burhan Ghalioun, à la tête du Conseil national syrien (CNS, opposition), se sont rencontrés pour organiser leur action. Plusieurs rassemblements ont par ailleurs rendu hommage au journaliste français Gilles Jacquier, tué mercredi par un obus à Homs, alors qu’il était en reportage avec plusieurs confrères. «Gilles Jacquier, vous êtes dans nos cœurs», proclamait en français la pancarte d’un manifestant dans le quartier de Barzé, à Damas, selon une vidéo diffusée sur YouTube par les LCC.
Nouveau revers pour la Ligue arabe
Depuis le début de la révolte populaire, à la mi-mars 2011, il s’agit du premier journaliste occidental tué en Syrie. Aucun témoin sur place n’a pu établir si l’obus avait été tiré par un rebelle ou par l’armée. Le parquet de Paris a ouvert une enquête pour homicide volontaire, alors que la présidence française soupçonne «une manipulation» des autorités syriennes, selon le quotidien Le Figaro. «Il y a des choses troublantes» dans ce décès, a pour sa part estimé le directeur de l’information de France Télévisions, Thierry Thuillier. «Par exemple, pourquoi, alors que ce convoi de journalistes est escorté militairement, pourquoi d’un seul coup les militaires disparaissent de la circulation au moment des premiers tirs ?», s’est-il interrogé.
La journée d’hier devait être un nouveau test pour les observateurs arabes, critiqués pour leur incapacité à faire cesser l’effusion de sang en Syrie depuis leur arrivée, le 26 décembre. Le chef des opérations de cette mission au sein de la Ligue arabe, Adnane Khodeir, a déclaré que «des équipes supplémentaires d’observateurs, arrivées récemment en Syrie, se déploieraient dans les deux prochains jours» et seraient munies «d’équipements qui les aideraient à mieux accomplir leur mission». Mais celle-ci a connu de nouveaux revers, avec deux observateurs qui se sont retirés pour «raisons personnelles ou médicales», selon la Ligue arabe, tandis que l’un d’eux, l’Algérien Anouar Malek, a affirmé avoir démissionné pour protester contre «les crimes en série» du régime.
Et des opposants syriens ont jugé cette mission «décevante», craignant que son échec ouvre la voie à des ingérences étrangères. Un nouveau rapport sur la mission est attendu le 19 janvier. A Moscou, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Guennadi Gatilov, a critiqué les amendements occidentaux à un projet de résolution russe à l’ONU sur la Syrie, estimant qu’ils avaient pour but de procéder à un changement de régime à Damas. Dans deux interventions en début de semaine, M. Assad s’en était violemment pris à la Ligue arabe. Se montrant intraitable, il avait aussi promis de «mater la révolte» après avoir brandi de nouveau la thèse du complot international. Selon l’ONU, plus de 5000 personnes ont péri dans la répression en dix mois, et plus de 400 depuis le début de la mission arabe en Syrie.
AFP
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<H1><FONT color=#ff0000>Soulèvement des chiites à l’est du royaume wahhabite</FONT> : <FONT color=#6666cc>L’Arabie Saoudite </FONT>secouée par <FONT color=#ff9900>la contestation</FONT></H1>
<P class=indic><SPAN class=date-publi>le 14.01.12 | 01h00</SPAN></P><A class=img_zoom_article_presse href="http://www.elwatan.com/images/2012/01/13/inter_821218.jpg"><IMG alt=" Un graffiti des chiites hostile &agrave; la famille royale saoudienne. " src="https://www.elwatan.com/images/2012/01/13/inter_821218_465x348.jpg"></A>
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<DIV class=foto-copy>| © D. R.</DIV></DIV>
<DIV id=foto-leg class=foto-leg>Un graffiti des chiites hostile à la famille royale saoudienne.</DIV>
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<P>Jusque-là épargnée par le vent de révolte du Printemps arabe, l’Arabie Saoudite fait face, depuis hier, à une contestation vigoureuse<BR>de sa population chiite.</P></H2>
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<P>Un mort et plusieurs blessés ont été déplorés lors de violents affrontements qui ont opposé des policiers à des manifestants à Awamiya, où se concentre la minorité chiite. Afin de calmer la fronde sociale dans les provinces sunnites et de désamorcer<BR>la crise, le souverain saoudien a limogé le chef de la puissante police religieuse.<BR>Jusque-là épargnée par le vent du Printemps arabe qui a déjà emporté quatre présidents, l’Arabie Saoudite fait face, depuis hier, à une contestation de sa population chiite. De violents affrontements ont opposé, dès les premières heures de la journée, des policiers à des manifestants à Awamiya, province orientale du royaume où se concentre la minorité chiite.<BR>Bilan : un mort et plusieurs blessés. Selon des témoins cités par la presse, les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des groupes de jeunes sortis dans la rue pour exiger la fin de la discrimination confessionnelle, la libération des détenus politiques et la mise en place de réformes politiques.</P>
<P>Les chiites, qui se disent discriminés, demandent également l’égalité dans l’emploi et les prestations sociales avec les sunnites, majoritaires dans le royaume. Des manifestations antigouvernementales ont également eu lieu dans d’autres localités chiites de la province, dont Chouika, Al Qadih et Sihat. Forte de deux millions de chiites, la province de Awamiya a été, ces 9 derniers mois, régulièrement secouée par la contestation. Une contestation cependant très peu médiatisée en raison de l’emprise que le pouvoir a sur les médias locaux. Les manifestations s’étaient notamment multipliées, à la mi-mars, lorsque le monarque saoudien avait décidé de voler au secours du Bahreïn pour réprimer la contestation, menée là aussi par les chiites.</P>
<P>L’entrée des troupes saoudiennes (et d’autres pays du Golfe) à Bahreïn avait d’ailleurs provoqué une vive tension entre l’Iran, à majorité chiite (comme celle de Bahreïn) et l’Arabie Saoudite. La communauté internationale dans son ensemble avait, rappelle-t-on, fermé les yeux sur cette répression sauvage. La remarque est aussi valable pour les grands médias internationaux qui n’ont que très peu parlé de la question, préférant plutôt zoomer sur la Libye et l’Egypte pour ne pas froisser le roi Abdallah.<BR>Gouvernant le pays d’une main de fer, Riyadh avait publié, début janvier, une liste de 23 Saoudiens recherchés pour leur implication dans ces «troubles». Ils ont été accusés d’agir pour le compte de l’Iran. Téhéran avait été soupçonné d’encourager en sous-main les manifestations de chiites. Sur 385 personnes arrêtées en Arabie Saoudite depuis le début des manifestations, une soixantaine seraient toujours en détention.</P>
<P><STRONG>Le roi Abdallah limoge le chef de la police religieuse</STRONG></P>
<P>Deuxième pays le plus vaste du Monde arabe mais probablement le plus riche, le royaume d’Arabie Saoudite est dirigé par une famille, les Al Saoud, opposée à toute notion de liberté ou de droits de l’homme. Aucune manifestation ou culte d’une autre religion n’y sont en effet acceptés. Les partis politiques n’ont également pas droit de cité. Les personnes qui y expriment une opinion différente sont déclarés apostats et passibles de la peine de mort. La société est contrôlée par une police religieuse qui n’autorise aucun écart par rapport à la charia. Durant plusieurs années, cette monarchie wahhabite de type absolu s’est employée à exporter, à coup de millions de dollars, le courant salafiste et son modèle dans d’autres pays arabes.</P>
<P>Les derniers événements en Tunisie et Egypte prouvent que l’Arabe Saoudite – aidée depuis peu par le Qatar – n’a pas lésiné sur les moyens pour garantir l’arrivée au pouvoir des fondamentalistes religieux. Pendant les années 1990, de nombreux islamistes extrémistes algériens prenaient directement leurs ordres de Riyad, considéré à l’époque comme l’un des principaux soutiens des groupes islamistes armés. Devant les bouleversements que vient de connaître le Monde arabe et surtout par crainte de subir un effet de contagion, les autorités saoudiennes ont commencé à entreprendre des petites réformes. C’est ainsi que le roi Abdallah a accordé, le 25 septembre dernier, le droit de vote aux femmes. Mais à ce jour, les Saoudiennes n’ont pas le droit, par exemple, de conduite une voiture.</P>
<P>Afin de désamorcer la fronde sociale dans les provinces sunnites qui commencent aussi de plus en plus à contester l’ordre établi et à dénoncer le caractère rentier et moyenâgeux du royaume, le souverain saoudien s’est empressé, hier, sans en donner la raison, de limoger le chef de la puissante police religieuse chargée de veiller à la stricte application la charia (loi islamique).<BR>Le roi Abdallah a remplacé cheikh Abdel Aziz El Houmayen par un modéré issu de la plus puissante famille religieuse du royaume, cheikh Abdel Latif Ben Abdel Aziz Al Cheikh.</P>
<P>Les membres de la police religieuse, baptisée «commission de la promotion de la vertu et de la prévention du vice», patrouillent à la recherche notamment de commerces qui ne ferment pas à l’heure de la prière, de couples non mariés, de soirées où serait servi de l’alcool et d’autres comportements «suspects». Ils veillent aussi à ce que les femmes ne conduisent pas et qu’elles soient couvertes de la tête aux pieds. Beaucoup de leurs interventions ont été à l’origine de dérives. Des dérives qui ont coûté la vie à de nombreuses personnes.</P>
<P>Ce limogeage calmera-t-il maintenant la rue saoudienne ? Peu probable au vu des énormes inégalités qui caractérisent le royaume. Comme en Egypte ou en Tunisie, les Saoudiens exigeront certainement bien plus que cela.</P></DIV>
<H5 class=signature>Zine Cherfaoui</H5>
<P><IMG border=0 alt="PDF du jour" src="https://www.elwatan.com//pdf/vignettes/JOURNAL//2012//20120114.jpg"><IMG border=0 alt="PDF du jour" src="https://www.elwatan.com//pdf/vignettes/JOURNAL//2012//20120114.jpg"></P></DIV>
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