Actualités : SNVI
: la grève se
propage
Les travailleurs de la SNVI
(ex-Sonacome) de Rouiba, en grève depuis 3 jours, lancent un appel à la
solidarité des autres travailleurs, notamment ceux des unités de la zone
industrielle de la localité. Ils ne manquent pas de faire monter la pression, en
transformant leur grève en manifestation pacifique de rue. Décidés à se faire
entendre, ils menacent également de marcher dès aujourd'hui vers la ville de
Rouiba. «Depuis trois jours, nous sommes en grève et nous manifestons
pour l'intérêt général des travailleurs algériens. Nous nous sentons seuls.
Ecrivez que nous avons besoin de la solidarité et de l'appui d'autres
travailleurs. C'est très important. Comme eux, nous souffrons de la cherté de la
vie, nous exigeons un salaire digne et nous dénonçons le changement du système
de départ à la retraite ». C'est par nécessité de faire passer ce message que
des centaines de grévistes nous ont entourés, dès notre arrivée sur les lieux.
Des milliers de travailleurs de la SNVI de Rouiba sont à leur troisième jour de
grève, pour dénoncer le contenu de l'accord signé entre le gouvernement, le
patronat et l'UGTA, notamment les deux points se rapportant à la revalorisation
du SNMG, qui ne touchera pratiquement qu'une infime partie des travailleurs.
Dans le même sillage, ils ne manquent pas de déverser leur colère contre
l'érosion intolérable du pouvoir d'achat de la grande masse des travailleurs.
«Lorsque nous avons manifesté, récemment, avec une bouteille de sérum au poignet
et un morceau de pain, pour lancer un appel contre la dégradation du pouvoir
d'achat, personne ne nous a écoutés. Maintenant, que les dirigeants assument
leurs responsabilités !» Les grévistes rejettent, par ailleurs, toute nouvelle
disposition en matière de départ à la retraite en dehors de celle en cours.
L'arrêt de travail, faute d'interlocuteurs crédibles et capables d'apporter une
réponse claire aux doléances des grévistes, a débordé du cadre de l'enceinte de
l'entreprise pour se transformer en manifestation pacifique de rue. En effet,
une grande partie des travailleurs qui observaient la grève dans les ateliers
est sortie, en tenue de travail, pour fermer la route. Les manifestants ont
occupé, durant toute la journée d'hier, une partie de la RN 5, qui passe par la
zone industrielle de Rouiba. Vers 11h, les conducteurs de deux Nissan de la
police qui venaient de Réghaïa pour rejoindre Rouiba ont été priés de faire
demi-tour. Quelques minutes plus tard, c'est un car de police qui en a fait de
même. A noter qu'aucun incident ni comportement fâcheux n'ont été déplorés de la
part des manifestants ou des policiers qui avaient été obligés de rebrousser
chemin, ni des quelques gendarmes en faction sur les lieux. Le
président-directeur général de la SNVI, Mokhtar Chaboub, qui a improvisé un
point de presse dans son bureau, estime que les revendications des travailleurs
dépassent ses prérogatives et celles de l'entreprise. «J'ai informé la centrale
de l'UGTA et ma tutelle, et j'attends la suite à donner à cette grève», dirat-
il. De son côté, le syndicat d'entreprise affilié à l'UGTA a placardé un
communiqué, demandant aux travailleurs de reprendre le travail. Et l'on sait
l'écoute réservée à cette sollicitation. Cependant, le signataire, qui ne s'est
pas identifié, considère que «les résultats de la tripartite ont provoqué un
mécontentement général au niveau de la base, plus particulièrement les points
relatifs à la suppression de la retraite sans condition d'âge, à la retraite
proportionnelle et au SNMG». Pourtant, l'accord en question a été paraphé par
Sidi Saïd, secrétaire général de l'UGTA, qui, au sortir de la réunion avec le
gouvernement et le patronat, n'avait pas caché, devant les caméras de l'ENTV, sa
grande satisfaction, soulignant une victoire des travailleurs algériens.
La grande détresse des travailleurs «Nous
sommes des techniciens, des cadres moyens, des ouvriers spécialisés, nous sommes
supposés faire partie de la classe moyenne. La réalité, c'est que nous ne
pouvons même pas nous nourrir de légumes secs», ironisait un cadre parmi la
foule, qui s'étonnait que «le jour du match du 14 décembre au Caire, le
kilogramme de lentilles valait 80 DA, avant de grimper, le 15 du même mois, à
140 DA et en arriver 19, au lendemain de la victoire de Khartoum, à 180 DA». Une
augmentation de 225 % ! Depuis trois jours, ces travailleurs ne s'arrêtent pas
de déverser leur colère quant à leurs difficultés économiques et l'impossibilité
d'y faire face, avec un pouvoir d'achat qui s'érode de jour en jour. A cela,
s'ajoutent les difficultés propres à l'entreprise. Sur ce volet, le P-dg de
l'entreprise, qui a rencontré les journalistes, se défend et apporte des
démentis à certaines affirmations des grévistes concernant particulièrement les
postes de travail dits pénibles, la médecine du travail, les recrutements et les
promotions. Il a apporté plus de précisions au sujet des revendications liées à
ces points. Par ailleurs, il estime que les promotions attribuées à certains
syndicalistes de l'entreprise, que les travailleurs considèrent comme
imméritées, ont été faites dans un cadre réglementaire. Pour lui, l'entreprise
fonctionne, au niveau des relations de travail, dans les normes admises à
travers le territoire national. Abachi
L.
|