Engrenage 30 Janvier 2008
Un nouvel attentat, encore des victimes...La Kabylie se trouve aspirée dans un engrenage duquel elle peine à sortir. Le terrorisme, la criminalité ordinaire (vols, agressions, kidnapping, prostitution...) gangrènent une région qui n’en peut...mais. Parallèlement à ces maux qui disent la violence dans laquelle cette région du pays est plongée, la situation sociale -paupérisation de la population, chômage, arrêt de l’investissement- ne permet plus aux citoyens de joindre les deux bouts. Quant à vivre normalement, c’est là un rêve anéanti par le cauchemar induit par le terrorisme et la criminalité auxquels est confrontée la population. Au plan sécuritaire, en dépit d’une grande concentration de l’armée en Kabylie, le terrorisme n’en continue pas moins de sévir et frapper, déjouant ainsi la vigilance des forces de sécurité malgré un quadrillage serré des wilayas les plus touchées comme Tizi Ouzou, Boumerdès et Bouira. Un triangle des Bermudes algérien! Au plan de la criminalité et du banditisme, nous notons que les kidnappings en Kabylie ont atteint des proportions alarmantes avec les rapts d’enfants, de commerçants, d’industriels et de simples citoyens soumis à des rançons. Si le retrait, ces dernières années, de la Gendarmerie a pu handicaper grandement la région aux plans de la sécurité et de la prévention, l’explication serait à tout le moins courte si on la réduit à ce seul aspect du problème en omettant tout ce qui a gravité autour des événements de Kabylie. Aussi, la question n’est pas «où est passé l’Etat?» ou «que fait l’Etat?», mais bien «pourquoi en est-on arrivés à cette rupture qui est d’abord dommageable pour la population de la région, alors que n’existent plus des rapports de confiance entre les citoyens et les institutions de l’Etat?» Car outre les problèmes -notamment sociaux qu’ils ont en partage avec tous les Algériens-, il reste les problèmes spécifiques à la Kabylie qui ont marginalisé, c’est un euphémisme de le dire, cette grande région du pays. Or, il y a un déficit d’écoute de la part des gouvernants; ce qui a induit une défiance envers l’Etat. Il faut le dire, l’Etat n’est plus en phase avec une partie de la population, et il appartenait, il appartient en fait, aux gouvernants de corriger les erreurs ou malentendus de ces dernières années, au lieu de les laisser prendre les proportions qu’ils ont eues. Cela, ne serait-ce que pour veiller à la cohésion sociale du pays et, singulièrement, de la région évoquée. La gouvernance, en tout état de cause, doit tenir compte de la population et respecter le citoyen. Or, s’il y a un constat à faire, c’est que la Kabylie, avec la récurrence du terrorisme et des problèmes sociaux, est une région aujourd’hui en panne. Aussi, le problème est sérieux et il est étonnant que l’administration et les hautes institutions de l’Etat n’aient pas pris la mesure d’une situation qui perdure et s’aggrave d’une année à l’autre. Il y a urgence que l’Etat prenne à bras-le-corps le sort de cette région, qui n’est plus uniquement sécuritaire -ce qui est le sort de plusieurs régions du pays- mais civilisationnel.
N. KRIM |
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La wilaya de Boumerdès, foyer actif du terrorisme
Attentat kamikaze à Thenia
Un attentat kamikaze a ciblé hier matin le siège de la Brigade mobile de la police judiciaire (BMPJ) de Thenia, à 15 km à l’est de Boumerdès. L’attentat a fait trois morts et une quarantaine de blessés.
Un policier est décédé sur le coup, un autre, grièvement atteint, a succombé à ses blessures en début d’après-midi à l’hôpital de la ville et un occupant d’une maison avoisinant le commissariat est mort dès son admission à l’hôpital. Celui-ci ne portait aucune blessure apparente mais se plaignait toutefois de douleurs provoquées par l’effondrement d’un mur de sa maison. Parmi les blessés, l’on compte un policier dans un état grave, qui a été évacué vers un hôpital de la capitale et une douzaine d’autres citoyens transférés vers l’unité des urgences médico-chirurgicales de Boumerdès et l’hôpital Zemirli à Alger. Le bilan officiel fait état, de 23 blessés. Il était 6h30 lorsqu’un terroriste au volant d’une voiture qu’on n’a pas encore identifiée (les habitants parlent d’une fourgonnette) a tenté de foncer sur la porte du garage du commissariat. Il sera contraint par les tirs du policier qui assurait la garde de se faire sauter à une quinzaine de mètres de ladite entrée, selon des témoignages concordants. N’était la vigilance de ce policier, les dégâts auraient été beaucoup plus importants, car le kamikaze se serait rapproché davantage de l’édifice ou aurait carrément défoncé le portail pour se retrouver au sous-sol. Sur place, nous avons constaté que l’explosion a fait un grand cratère sur la chaussée et provoqué la destruction partielle du bâtiment de la police. Tous les bâtiments situés dans un rayon de 50 m au moins ont été sérieusement endommagés. Des citoyens qui dormaient encore ont été blessés et d’autres qui étaient dans leur commerce, les cafés essentiellement, ont aussi été touchés. L’on compte parmi les blessés une dizaine de femmes de tout âge. Les enfants, eux non plus, n’ont pas échappé à cet enfer. Une rumeur persistante rapporte qu’il s’agirait d’une femme kamikaze, mais aucune source crédible n’a pour l’instant clairement confirmé cette information. Ce qui est certain, c’est qu’il faisait encore noir lorsque l’attentat s’est produit et que les terroristes ont profité d’un passage laissé ouvert depuis que les institutions de l’Etat ont toutes décidé d’ériger des barricades tout autour de leurs sièges. Du véhicule, il ne reste que des débris ne pouvant permettre une identification immédiate du corps du kamikaze dont il ne subsiste pratiquement rien. Les riverains du siège de la BMPJ ciblé nous diront que l’explosion a été d’une très grande force. Elle était tellement forte qu’elle a arraché tout Thenia de son sommeil. Les policiers, à bout de nerfs, ont interdit tout accès aux photographes de presse et ils ne les ont autorisés à photographier le site que lorsque ils ont fini de déblayer l’endroit et de recouvrir avec des bâches en nylon la façade du bâtiment. De même pour les journalistes qui n’étaient pas là au début de la matinée. Tout accès dans le périmètre de sécurité était interdit. L’attentat d’hier rappelle ceux de Si Mustapha et Dellys l’an dernier et celui de Naciria il y a un mois dans la seule wilaya de Boumerdès. Le modus operandi est pratiquement le même : bourrer un véhicule d’explosifs et foncer sur un siège d’un corps de sécurité. Ainsi, c’est tous les corps de sécurité engagés dans la lutte antiterroriste qui auront été ciblés et touchés : gendarmerie, ANP, police et BMPJ. Ce dernier attentat est interprété comme une autre tentative de diversion des groupes terroristes harcelés par les forces de sécurité et qui enregistrent des pertes très importantes. L’offensive des forces de sécurité s’est en effet soldée par l’élimination d’un grand nombre de chefs terroristes dont 2 émirs depuis le week-end dernier à Souk El Had et Tidjelabine. Le coup le plus dur reste le démantèlement d’une cellule spécialisée dans les attentats à l’explosif dans la région de Boumerdès. Mais cet autre acte signifie aussi que l’ex-GSPC se transforme et s’adapte et ne compte pas sur une seule cellule. Car l’attentat d’hier a été perpétré moins de 48 heures après le démantèlement de ce réseau (lire El Watan d’hier).
K. Omar |
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grâce à la vigilance des policiers en faction devant le siège de la bmpJ, les terroristes ratent leur cible
Attentat kamikaze à Thénia
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Il a présidé hier les travaux des commissions chargées des programmes
Benbouzid : “Le chemin le plus difficile mène à la réussite”
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L’hôpital de Thenia débordé
Les services des urgences et de radiologie de l’hôpital de Thenia étaient débordés hier suite au flux important des blessés de l’attentat kamikaze qui a visé la BMPJ de la ville.
Pas moins de 40 citoyens y étaient admis pour un examen ou une prise en charge immédiate. Tout le personnel de l’hôpital s’est mobilisé pour porter assistance aux blessés. Les parents et autres proches qui y affluaient à la recherche de nouvelles des leurs étaient également bien reçus, orientés et réconfortés lorsqu’il le fallait, a-t-on constaté. A l’entrée de l’hôpital, nous avons rencontré une fillette qui revenait d’un choc inhibant suite à l’explosion. « Je dormais encore lorsque l’explosion s’est produite. On m’a retirée des décombres de notre maison lorsque les pompiers sont arrivés. Je ne savais plus où j’étais. Cela m’a rappelé une autre explosion d’une bombe qui a tué mon grand-père », nous a-t-elle dit, car son grand-père est mort dans l’explosion d’une bombe tout près de l’endroit où a eu lieu l’attentat d’hier. Un jeune travaillant dans un café du coin, blessé à la main, nous a raconté qu’il avait à peine commencé à travailler lorsque l’explosion s’est produite. Des murs se sont effondrés, des fenêtres et des portes ont été soufflées et des vitres brisées. Un autre citoyen d’une trentaine d’années, blessé à la tête, nous a décrit « l’enfer » qu’il a vécu ce matin lui et sa famille. « Nous nous sommes réveillés dans une situation apocalyptique. On ne savait plus où donner de la tête. Notre maison est tout près du lieu de l’attentat. Elle a été partiellement détruite. Nous ne comprenons pas pourquoi les terroristes font tout cela. » Un parent d’un blessé remettra en cause la « politique de réconciliation nationale ». « Ce sont eux (les responsables) qui les ont encouragés. En 1997, les islamistes s’effaçaient complètement. Maintenant, ils provoquent tout le monde. Il faut que cela s’arrête », dit-il. Hier, même les travailleurs de l’hôpital qui étaient au repos ont accouru pour prêter main-forte à leurs collègues sous l’œil vigilant du directeur de la santé, M. Namani. Un geste salué par les blessés et leurs parents ainsi que toute la population.
K. O
www.lexpressiondz.com/edito/2008-01-30/1936.html. |
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LA VILLE DE THENIA SOUS LE CHOC |
UN ATTENTAT KAMIKAZE FAIT TROIS MORTS ET 23 BLESSÉS |
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- «20 familles relogées» M. Boukerzaza, ministre de la Communication, a affirmé hier que « le bilan de l’attaque contre une structure de la sûreté nationale à Thenia a fait 3 morts et 23 blessés». «Les policiers de faction se sont rendus compte du manège du kamikaze avant qu’il n’atteigne l’endroit visé». «Aussi, l’explosion a endommagé des maisons limitrophes». Le ministre de la Solidarité s’est déplacé sur place et vingt familles selon le ministre de la Communication ont pu être relogées le soir même. Interrogé sur l’identité du kamikaze, il a répondu que «pour le moment l’enquête se poursuit et on ne peut pas par ailleurs affirmer s’il s’agit ou non d’une femme». |
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