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Nous redemandons à l’Algérie d’ouvrir ses portes aux réfugiés touareg libyens»

L'inquiétude grandit pour les populations noires en Libye

 

Des immigrants africains en Libye, le 4 mai 2011.

Des immigrants africains en Libye, le 4 mai 2011.AFP/SAEED KHAN

 

Le Conseil national pour le changement et la démocratie (CNCD), coalition de partis d'opposition et mouvements rebelles tchadiens, lance, mercredi 7 septembre, un "appel à la cessation immédiate du massacre des Tchadiens et des populations noires en Libye".

"Le CNCD exprime son indignation devant le massacre et les traitements inhumains et dégradants perpétrés actuellement à l'encontre des Tchadiens et des populations noires en général", indique le communiqué de la coalition basée en France et envoyé à l'AFP à Libreville.

"Les témoignages et rapports des différentes associations des droits humains, dont Human Rights Watch et Amnesty International, font état de centaines de civils tués ou torturés en raison de leur couleur de peau", rappelle la coalition, qui regroupe des représentants des principaux partis d'opposition et de la plupart des rébellions, dont celle du général Mahamat Nouri.

Amnesty International a récemment fait état "de mauvais traitements par les forces anti-Kadhafi" à l'encontre des Africains subsahariens, estimant que ces populations étaient effectivement en situation de "grand risque".

En France, le Conseil représentatif des associations noires (CRAN) et le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP) ont demandé que les populations noires de Libye victimes d'"exactions" soient protégées et ont réclamé l'ouverture d'une enquête internationale, avec le soutien de la France.

LE MERCENARIAT, "FONDS DE COMMERCE DU TCHAD"

Pour le CNCD, les Tchadiens en Libye sont "doublement victimes. D'une part, de l'incurie du régime d'Idriss Deby Itno, qui, faisant du mercenariat son fonds de commerce, a livré comme chair à canon en Libye (...) des centaines de jeunes Tchadiens désœuvrés par une absence de perspectives sérieuses dans leur pays, et d'autre part, victimes de la vindicte et du lynchage des insurgés du Conseil national de transition (CNT) au mépris de toutes les règles de droit international en matière de protection des prisonniers de guerre".

Le CNCD réclame des nouvelles autorités libyennes "qu'elles prennent toutes les mesures garantissant la sécurité des prisonniers", qu'elles autorisent la Croix-Rouge à porter assistance aux "populations terrorisées" ou encore qu'elles diligentent "une enquête indépendante sur les exactions commises".

Par ailleurs, la coalition demande aux responsables de l'OTAN et "notamment à la France" qu'ils protègent "toutes ces populations civiles au nom desquelles, faut-il le rappeler, une résolution fut votée aux Nations unies" ; au "Conseil de Sécurité des Nations unies (de) voter une résolution condamnant clairement ces exactions et exigeant la poursuite des responsables devant les juridictions internationales" ; à l'Union africaine et au Tchad d'organiser "le rapatriement" des populations.

Des dizaine de milliers d'Africains subsahariens travaillaient comme ouvriers en Libye depuis des années ou avaient rejoint les côtes pour embarquer illégalement vers l'Europe. Beaucoup sont soupçonnés par les rebelles d'avoir combattu pour le régime de Mouammar Kadhafi.
Des médias ont fait état à plusieurs reprises de la présence de mercenaires tchadiens, puis d'éléments de la garde républicaine, combattant aux côtés des forces de Kadhafi, ce que le Tchad a toujours démenti.

L'UNION AFRICAINE APPELLE LE CNT À SE DÉSOLIDARISER

L'Union africaine appelle les autorités libyennes de transition à se "désolidariser" des exactions. "On tue des Noirs, on égorge des Noirs, on accuse les Noirs d'être des mercenaires. Vous trouvez ça normal qu'un pays qui compte un tiers de Noirs confonde Noirs et mercenaires ?" a demandé le président de la commission de l'UA , Jean Ping, lors d'une conférence de presse.

Par ailleurs, selon l'Organisation internationale des migrations (OIM), plus de mille sept cents immigrants originaires d'Afrique subsaharienne ont trouvé refuge dans l'oasis de Sebha, l'un des derniers bastions des partisans de Mouammar Kadhafi, où ils craignent d'être pris dans des combats en cas d'offensive. "Nous envisageons la possibilité de les évacuer par voie aérienne ou par la route, peut-être vers la frontière tchadienne. Nous aurons alors besoin d'une escorte pour assurer leur sécurité", a déclaré mercredi à Reuters Jean-Philippe Chauzy, porte-parole de l'OIM.

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AQMI, armes libyennes, cocaïne, jeu des grandes puissances

Le Sahel peut-il échapper au chaos ?

le 08.09.11 | 01h00

 

Ouverts hier matin à Alger, les travaux en plénière de la conférence des ministres des Affaires étrangères du Mali, du Niger, d’Algérie et de Mauritanie ont permis de lever le voile sur une situation des plus explosives dans la région du Sahel.

Tous les intervenants, ainsi que leurs partenaires s’accordent à dire que la circulation des armes, d’explosifs, les mouvements d’anciens combattants en provenance de Libye,  et le retour des personnes vers leurs pays d’origine constituent une nouvelle menace encore plus pesante pour la stabilité et la sécurité de la région. Aboubakr Boubay Maiga, chef de la diplomatie malienne, plante le décor, en présentant la sous-région aux «vulnérabilités structurelles, avec post-conflit armé lié aux rebellions pour des revendications identitaires, une situation socioéconomique négative, une criminalité transfrontalière avec 40 tonnes de cocaïne qui transitent annuellement, une présence de groupes terroristes d’AQMI, qui se ressourcent financièrement des rançons sont des défis pour le Sahel imposant des réponses multisectorielles». Celles-ci, précise-t-il, doivent être sous le signe de la coopération, la cohérence et la coordination. «Il n’est pas question de faire de la région une zone de guerre, mais plutôt de sécurité et de paix.» Le ministre malien a appelé ses homologues à «aller au-delà des diagnostics et d’aboutir à des solutions concrètes qui incluent les aspects de développement et de bonne gouvernance».


Prolifération massive des armes et réseaux de djihadistes


Abondant dans le même sens, Baba Ould Hamidi, ministre des Affaires étrangères mauritanien, a déclaré que la dualité entre le développement et la sécurité est un défi majeur pour la stabilité des Etats de la région. «Il faut une approche unifiée pour lever les obstacles afin de maîtriser les 8 millions de kilomètres carrés que nous partageons. Il est nécessaire de focaliser sur la sécurité pour renforcer les moyens de lutte contre la pauvreté et relever le défi lié aux conflits armés qu’elle a vécus et ceux qui restent ouverts. La circulation importante des armes, le recrutement des jeunes par les organisations extrémistes et les réseaux de djihadistes, les trafiquants de drogue et de l’immigration clandestine. La région recèle de ressources humaines pour améliorer la vie des citoyens et intégrer les jeunes dans le développement afin d’éviter qu’ils soient récupérés par des réseaux de trafiquants.» Le responsable appelle, lui aussi, l’assistance à sortir avec des résultats concrets pour une coopération efficace. Pour lui, la lutte contre le terrorisme touche toute la région et implique de ce fait la participation de tous les Etats. Plus alarmiste, le ministre de la Coopération nigérienne, Mohamed Bezou, ne va pas avec le dos de la cuillère dans son diagnostic. Il commence par affirmer que la conférence «entre dans le cadre d’une reconfiguration appropriée liée aux questions de sécurité qui se posent depuis un certain temps».
Après avoir mis en exergue les actions menées par les pays du champ, à travers la mise en en place d’un état-major militaire à Tamanrasset et l’unité de renseignement à Alger, et les avancées qu’elles ont apportées sur le terrain, il rappelle la crise libyenne, en affirmant que ses conséquences sur la région qu’il qualifie de chaotique au moment où les synergies opérationnelles entre les Etats commençaient à avoir des résultats.


Nombre d’indicateurs démontrent que la situation s’est terriblement dégradée à cause des effets de la crise en Libye, et la région est devenue une véritable poudrière. Des armes de gros calibres circulent en grand nombre, alors que le 12 juin dernier, l’armée nigérienne a intercepté une cargaison de 500 kg de Simplex (explosif très puissant).
Des réseaux de combattants libyens ont détourné de nombreuses colonnes de voitures tout-terrains pour les mettre en circulation dans la région. Durant cette période, les groupes d’AQMI ont réussi à étendre leur champ d’action, puisqu’ils ont atteint le Nigeria pour faire jonction avec les groupes terroristes «Boco Haram» ainsi que le Maroc, pour rallier les djihadistes locaux. C’est un défi nouveau qui exige une lutte urgente. Le ministre appelle à une réflexion sur les facteurs endogènes qui rendent la région vulnérable. Pour lui, le développement, la prise en charge des préoccupations de la jeunesse, l’amélioration de la qualité de vie, sont une priorité et la région a, poursuit-il, besoin d’un vrai plan de développement pour tarir aux différents réseaux de trafic en tout genre le terreau dans lequel ils recrutent.


A ce titre, il précise que les problèmes de sécurité ne peuvent être résolus militairement, mais également par la lutte contre la paupérisation de la population. Il rappelle que son pays a payé un lourd tribut lors des événements liés à la rébellion politique à vocation identitaire, et dès 2007, des réseaux de trafiquants se sont constitués en utilisant les armes des ex-rebelles.
Depuis, le nord du pays ne s’est plus remis du désastre. Il est en attente de développement qui n’arrive pas à démarrer à cause des prises d’otages commises par AQMI. Aucun touriste, ni investisseur, ni diplomate ne peuvent aller au Nord. Le chef de la diplomatie nigérienne estime que la corrélation entre la sécurité et le développement n’est plus à démontrer et, selon lui, «l’Algérie peut jouer le rôle de leadership en matière de lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée, mais les partenaires économiques, comme la France, peuvent aider en finançant des projets de développement à même de combattre la pauvreté et assécher le terreau du recrutement». Et de conclure : «Le terrorisme n’est ni un phénomène spontané ni géographiquement localisé. Il est mondial et appelle à une riposte concertée avec les Etats.»

 

Américains et Français, histoire d’une rivalité


Présents à la conférence avec des niveaux de responsabilité assez élevés, les délégations américaine et française adoptent des positions divergentes même si elles appuient toutes les deux les décisions qui sanctionneront aujourd’hui la conférence. La divergence réside surtout dans les raisons qui ont fait que la situation au Sahel devient de plus en plus explosive.
Si les Américains s’inquiètent de la prolifération des armes en provenance de Libye, les Français trouvent que c’est la gestion des pays de cette région qui est, en réalité, responsable du chaos et non pas les retombées de la crise libyenne.
Ainsi, André Parent, conseiller diplomatique du président Sarkozy ou M. Afrique, reconnaît à l’Algérie son «combat  courageux» contre le terrorisme et qui, selon lui, fait d’elle la mieux placée pour parler de terrorisme et des moyens d’y faire face. Il  lui reconnaît également son expérience, sa compétence et donc sa légitimité incontestables.  Pour ce qui est de stratégie de la France, de la lutte contre le terrorisme et la criminalité dans le Sahel,  il déclare qu’elle se fonde sur le rôle primordial des pays de la région, expliquant : «Ce sont leurs populations qui sont les premières victimes. C’est donc à eux qu’il appartient, avant tout, de se mobiliser et d’agir. Nul ne peut se substituer à eux et décider à leur place.» Il place la coopération régionale en seconde position et la présente comme «la clé de tout».

«Les terroristes et les trafiquants ignorent les frontières. Face à des phénomènes qui sont, par nature, transnationaux, seule une action collective, déterminée et coordonnée, de l’ensemble des Etats de la région, est susceptible de produire des résultats positifs.» Néanmoins, dit-il, «il ne serait ni juste ni raisonnable de laisser les pays de la région seuls face au terrorisme et aux trafics (…) Par ailleurs, et bien que la responsabilité première en la matière leur incombe, les pays de la région ne disposent pas toujours des capacités ou des moyens leur permettant d’agir efficacement. Les partenaires extérieurs ont donc aussi un rôle essentiel d’appui à jouer pour les aider à acquérir ces capacités ou ces moyens. C’est pourquoi, la France a répondu aux demandes présentées et, avec d’autres pays membres de l’UE, plaidé pour la mise en œuvre d’une stratégie européenne sur le Sahel». Le conseiller s’est déclaré  «convaincu, qu’il y a urgence à agir» parce que la  menace terroriste s’accroît au Sahel : l’implantation d’AQMI au sein des populations locales se renforce, et son rayon d’action ne cesse de s’étendre. Parallèlement, les trafics prospèrent. C’est vrai pour la drogue.
C’est vrai aussi pour les armes, dont le commerce se développe de manière inquiétante et requiert, en particulier dans le cadre des réflexions en cours sur la sortie de crise en Libye, toute notre attention.

Mais le ministre conseiller apporte une précision qui fait la différence avec la position américaine. M. Parent refuse de reconnaître que la gravité de la situation est due surtout aux retombées de la crise libyenne. Il demande à «prendre garde à ne pas confondre les symptômes et les causes. La dégradation de la situation sécuritaire au Sahel n’est qu’un symptôme. Les causes en sont les besoins insatisfaits de développement de ces régions et le sentiment développé au fil des ans par leurs populations qu’elles ont été négligées, voire abandonnées par les pouvoirs centraux». En clair, ce sont les Etats de la région qui sont responsables de l’éventuel chaos et non pas la circulation inquiétante des armes de guerre et des explosifs détournés de Libye. M. Parent estime que les mesures sécuritaires, visant à rétablir la présence et l’autorité de l’Etat, sont nécessaires. Mais elles ne sauraient suffire et doivent impérativement s’accompagner de mesures visant à assurer, en parallèle, le développement économique et social des régions concernées. Pas plus qu’il ne peut y avoir de développement sans sécurité, il ne peut y avoir de stabilité sans prospérité. La difficulté tient au fait que les actions de développement s’inscrivent dans le temps long, alors que nous sommes ici dans l’urgence.
L’objectif doit donc être d’engager dès que possible des actions ayant des résultats rapides, positifs et visibles sur la vie des populations sahéliennes. Par ailleurs, reconquérir le terrain perdu nécessitera du temps et un engagement sans faille. Plus que le nombre – relativement limité à ce stade des combattants d’AQMI –, le défi réside dans l’immensité des territoires où ils opèrent, qui leur offre autant d’opportunités d’agir et de se dérober. Il est donc crucial de les empêcher de trouver refuge dans des espaces «sanctuarisés» où ils développent des réseaux de complicité et de soutien.  


Pour leur part, les Américains, par la voix de Shari Villarossa, vice-coordinatrice des affaires régionales du terrorisme, et par celle du haut-commandant des forces américaines en Afrique (Africom), le général Carter Ham, expriment leur inquiétude face à l’évolution de la situation dans la zone Sahel, notamment depuis la crise libyenne. Shari Villarosa met l’accent sur les efforts consentis par les quatre pays pour venir à bout du terrorisme d’Al Qaîda, et insiste sur le fait qu’ils sont les seuls à pouvoir jouer un rôle dans la lutte. Elle exprime la disponibilité de son pays à soutenir et aider la région à relever le défi, tout en notant que le président Obama a décidé d’élargir la coopération et le partenariat avec les Etats présents à la conférence. Elle annonce qu’un forum mondial contre le terrorisme sera créé et l’Algérie présidera le groupe Sahel.  Pour sa part, le haut-commandant d’Africom, Carter Ham, exprime tout d’abord sa préoccupation particulière au sujet de la prolifération des armes, d’explosifs et de  systèmes mobiles facilement transportables par des terroristes ayant des liens croissants entre les organisations terroristes en Afrique de l’Est et Afrique centrale avec celles localisées dans le Sahel. Il déclare que la stratégie américaine pour le Sahel rejoint celle de l’Algérie. Il a appelé à un «véritable» partenariat entre les  régions du Sahel et les pays, organisations internationales et agences représentés dans cette conférence pour lutter efficacement contre
le fléau du terrorisme et ses connexions, précisant qu’«Africom a un rôle de soutien et non de chef de file et son intention est d’aider là où il peut quand il peut».

Ils ont dit… :

 

- Soumeylou Boubey Maïga : «La situation en Libye est très dangereuse»


«Nous ne voulons pas que le Sahel devienne un théâtre de conflits», a déclaré Soumeylou Boubey Maïga, en marge de la conférence sur le Sahel. «Notre objectif est de faire de notre zone, une zone de sécurité. La responsabilité de maintenir la sécurité est d’abord fondamentalement du ressort des pays voisins, mais en sollicitant l’aide des partenaires sur le plan du renseignement, de   l’observation, de la formation.»  Il se déclare contre toute intervention militaire dans la région, et précise : «Nous n’avons pas besoin de troupes extra-régionales.» Pour lui, la crise libyenne a amplifié les menaces qui tournaient autour de   l’existence de groupes terroristes mafieux. Il qualifie de très dangereuse  la situation en Libye et note que les capacités d’AQMI se trouvent renforcées par la circulation d’armes dans la région et les connexions avec des groupes mafieux.   


- Mohamed Bazoum, chef de la diplomatie nigérienne : «les répercussions de la crise libyenne commencent à être palpables»


Mohamed  Bazoum, chef de la diplomatie nigérienne, a mis en garde contre la déstabilisation de la région du Sahel, du fait du retour d’individus dotés d’armes et d’équipements de la Libye. Il affirme :  «Les répercussions de la crise libyenne sur la région du Sahel commencent  à devenir palpables, notamment à travers l’arrivée des armes en nombre important et surtout de véhicules tout-terrains de type 4x4, et du retour d’individus armés impliqués dans la crise libyenne. La présence de ces personnes au Niger est à même d’engendrer des problèmes d’ordre sécuritaire d’une grande gravité.»  Il argumente ses dires par le flux vers son pays de personnes armées issues de communautés locales, telles que des Toubous qui ont combattu  aux côtés du Conseil national de transition (CNT) libyen ainsi que des Touareg ayant soutenu El Gueddafi. «Le Niger propose de rendre la présence sur le terrain du comité d’état-major  opérationnel des armées des pays du champ de la région du Sahel plus effective et plus visible.» Interrogé sur la question des colonnes de véhicules officiels ayant rejoint le Niger en provenance de la Libye, Bazoum confirme la venue de plusieurs officiels libyens qui, selon lui, ont été désarmés et gardés jusqu’à ce que la situation se précise. A propos d’El Gueddafi, il dément qu’il se soit refugié au Niger, mais dans ce cas, dit-il, «il sera traité selon les usages entre les deux pays, puis selon les lois nigériennes, mais s’il décide de partir au Burkina, nous n’allons pas l’empêcher».



- Robin Vincent Searby, conseiller du Premier ministre du Royaume-Uni :  «nous soutenons l’Algérie dans sa lutte»


«Nous reconnaissons les grands efforts menés par l’Algérie dans la prise en charge de la lutte contre le fléau et nous sommes à ses côtés», a déclaré Robin Vincent Searby, conseiller du Premier ministre britannique. Il affirme qu’une coopération étroite existe entre son pays et l’Algérie dans le domaine de la lutte contre le terrorisme  et insiste sur la nécessité de «travailler tous ensemble  entre pays du Sahel et partenaires extérieurs, afin d’assurer que ces  menaces ne se concrétisent pas».  Il révèle : «Nous soutenons l’Algérie dans sa lutte et nous l’appuyons dans sa démarche relative à la criminalisation du paiement des rançons, auprès des instances internationales.»     
 

- Manuel Lopez Blanco, représentant de l’Union européenne (UE) : «la sécurité du Sahel est un enjeu d’intérêt commun  pour la région et l’UE»


Le  représentant de l’Union européenne (UE), manuel Lopez Blanco, a salué le rôle de l’Algérie dans la concertation régionale, précisant que «celle-ci doit se consolider et même s’élargir». La sécurité et le développement au Sahel sont une priorité et un enjeu d’intérêt commun pour les pays de la région et pour l’UE qui s’est dotée d’une stratégie intégrée et régionale pour aider les pays de la région à faire face à l’insécurité et aux défis du développement.
 

 

Salima Tlemçani

 

Ishaq Ag Al Husseini. Membre du Mouvement touareg libyen

«Nous redemandons à l’Algérie d’ouvrir ses portes aux réfugiés touareg libyens»

le 07.09.11 | 01h00

 

- Des informations font état de milliers de Touareg libyens qui fuient la situation au sud de la Libye. Qu’en est-il au juste ?
 

Au lendemain de la chute de Tripoli et depuis le 27 août dernier, plusieurs centaines de Touareg continuent d’arriver depuis au poste-frontière de Debdeb, en Algérie, pour y trouver refuge. Hier encore, 60 familles y arrivaient. Nous savons que beaucoup de personnes proviennent de Tripoli et de Ghadamès. Elles ont rejoint la frontière algérienne la plus proche, qui est Debdeb, mais elles n’ont pu entrer selon les informations que nous détenons. Quelque deux cents autres se sont dirigées vers le Niger et autant ont atteint le nord du Mali, en passant par le Niger. Beaucoup sont encore en route, dans l’aire.


- Est-il vrai qu’ils ont fuit les exactions dont ils auraient fait l’objet ?


Les Touareg ont fait l’objet d’arrestations arbitraires dans l’ensemble du pays au motif qu’ils auraient soutenu le colonel El Gueddafi. Ces arrestations ont été suivies d’exécutions dans un certain nombre de villes. Face à cette situation, les Touareg n’ont eu d’autre choix que celui de quitter immédiatement le pays vers l’Algérie, le Niger et le Mali. Rien que dans la capitale libyenne, tout Targui montrant sur demande un document d’identité malien ou nigérien est arrêté et emprisonné, car suspecté d’avoir fait partie de l’armée du colonel El Gueddafi. Nul ne connaît par la suite son sort.


- Etaient-ils dans les rangs des forces loyalistes d’El Gueddafi ?


Dès la fin du mois de février 2011, on comptait plus de 800 jeunes Touareg recrutés par les services d’ El Gueddafi en vue de le soutenir. Nous les avions rapidement rappelés. Au su de ce que le régime libyen attendait d’eux, c’est-à-dire tirer sur la population, et grâce à nos interventions, ils commencèrent par déserter et par rejoindre les insurgés. Bon nombre de Touareg, dont je fais partie, à l’instar de leurs frères berbères, ont pris position pour le peuple libyen. Ils ont opté pour une Libye libre et démocratique. C’est ainsi qu’une katiba Tinariwen, à 100% touareg est toujours en activité auprès des rebelles du CNT. Par mesure de sécurité, je ne vous dirais pas où se situe sa base. Avec 600 000 âmes, les Touareg libyens ont plus que jamais le droit de vivre en toute quiétude sur leur territoire, au même titre que les autres populations libyennes. Si cette situation de chasse à l’homme perdure, il est à craindre qu’une guerre interethnique ne vienne briser à jamais les fruits de six mois de bataille pour la liberté. J’en appelle donc à nos frères d’armes du CNT qui doivent trouver une issue heureuse et rapide à ce problème que vit la communauté targuie libyenne. Nous sommes, avec l’aide de la katiba Tinariwen, sur le point de désarmer nos rares frères qui sont encore en possession d’armes. Mais cela ne pourrait se faire rapidement que si ces derniers voient que leur communauté civile est à l’abri de toute persécution. Nous redemandons à l’Algérie d’ouvrir ses portes aux réfugiés, aux organisations internationales de les prendre en charge, au Mali et au Niger de venir rapatrier leurs ressortissants et, bien entendu, au CNT de tout faire pour que cesse cette situation afin de permettre aux Touareg libyens de fêter la liberté nouvelle avec leurs compatriotes.


- Des Touareg maliens, ayant rejoint les forces loyalistes d’El Gueddafi, sont retournés au nord du Mali et avec eux des quantités d’armes. Quelle est votre analyse ?


Il ne s’agit que d’une partie des jeunes dont je parlais tout à l’heure. Ils ne représentent pas grand-chose. Je vous rappelle d’ailleurs que même feu Ibrahim Ag Bahanga n’avait pas soutenu le colonel El Gueddafi. De plus, régulièrement des mercenaires se font passer pour des Touareg pour traverser facilement le désert. Rien ne prouve donc ce soit réellement des Touareg.


- Comment voyez-vous l’avenir des tribus touareg dans cette région ?


La tribu targuie est forte de 600 000 individus. La Libye de demain devra forcément composer avec elle. Des alliances peuvent voir le jour avec d’autres tribus voisines. Ces alliances dans une Libye démocratique devraient permettre aux Touareg une bonne représentativité dans les instances parlementaires et gouvernementales du pays.
En outre, à ma connaissance et d’après nos échanges, le CNT n’était pas contre l’idée de permettre aux autres Touareg de séjourner facilement et de travailler en Libye, car comme chacun le sait, familles de touareg maliens ont leurs proches, des frères, des cousins libyens. Les liens de parenté entre les tribus maliennes et libyennes existent… 

Salima Tlemçani
 


08/09/2011
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