ALORS QUE LA CAMPAGNE DE
VACCINATION TARDE À ÊTRE LANCÉE Plus de
70.000 Algériens contaminés Mohamed Sadek
LOUCIF - Lundi 28 Décembre
2009 -
Page : 3 | | Les chiffres
que donne le ministère sont
effrayants | Selon les statistiques du
ministère de la Santé, le nombre de cas suspects de grippe porcine a décuplé en
dix jours.
Les chiffres se suivent et l’incurie se confirme. En 10
jours, le nombre probable de personnes contaminées aux virus H1N1 est passé de
8000 à 70.000 à l’échelle nationale. Et ces chiffres émanent du ministère de la
Santé, de la Population et de la Réformes hospitalière. Une bourde de plus, une
de trop du département de Saïd Barkat. Et ce n’est surtout pas le dernier
communiqué du ministère qui en apportera la contradiction. «Le
nombre estimé de cas cumulés de grippe A/H1N1 en Algérie durant le mois de
novembre, est supérieur à 70.000», a indiqué le document rendu public
samedi dernier. Cette estimation est minimale. Le chiffre est appelé à
augmenter. «Si l’on se réfère aux données des années antérieures sur la
grippe en général, les taux sont dans leur phase ascendante depuis la première
semaine de décembre avec un premier pic prévisible à partir de la 1ère semaine
du mois de janvier 2010», a averti le ministère. Cette phase
ascendante justifie-t-elle pour autant la discordance des chiffres donnés par
les responsables de la santé? Le 16 novembre dernier, le Dr Abdeslam Chakou,
secrétaire général du ministère de la Santé, avait situé l’ensemble des cas
potentiels de grippe A entre 7000 et 8000. Ce faisant, il s’est référé à un
modèle mathématique établi par l’OMS et le Centre de surveillance et de contrôle
des maladies d’Atlanta (USA). «En Algérie, ce modèle a donné un nombre
de cas contaminés probables par le virus de l’ordre de 7 à 8000»,
avait indiqué le secrétaire général, dans un entretien accordé à L’Expression.
Sur un ton rassurant, il est allé jusqu’à minimiser l’importance du taux de
mortalité établi en Algérie. Pourtant, avec 4,11%, le taux national était l’un
des plus élevés enregistrés dans un pays à travers le monde. Et il nous est
permis de se demander si le modèle de calcul utilisé est adéquat pour situer
l’évolution de la grippe porcine dans notre pays? Si tel est le cas, il y a
matière à se demander si au ministère, on maîtrise cette méthode d’estimation.
Hasard des chiffres discordants, le nombre des cas suspects a décuplé en 10
jours. Et la tendance est à l’accroissement. «L’augmentation
attendue de la fréquence de nouveaux cas nécessitera de s’appuyer, à l’avenir,
sur les données du même réseau pour préciser l’évolution du taux d’attaque par
la grippe A/H1N1 et donc l’incidence réelle de cette grippe», a
annoncé, à ce sujet, le communiqué du ministère. Cela dit, les chiffres
officiels font état de 42 décès et 687 cas de grippe A confirmés. A en
croire le document du ministère, le virus H1N1 risque de sévir plus dans les
jours à venir. En attendant, le vaccin n’est toujours pas disponible. Pis
encore, les autorités concernées n’arrivent pas à fixer de date pour le
lancement de la campagne de vaccination. Et dire que Saïd Barkat
l’avait promis pour la fin de l’année en cours. Le communiqué du ministère n’a
rien indiqué à ce sujet. Mieux ancore, le document fait état de la disponibilité
de l’antiviral Oseltamivir dans les pharmacies. Entre-temps, le vaccin contre la
grippe porcine est en cours d’analyse au Laboratoire national de contrôle des
produits pharmaceutiques (Lncpp). Et ce retard que prend le processus de
contrôle ne fait qu’accentuer les craintes quant aux effets nuisibles du
produit. De 72 heures à 14 jours, le prolongement du temps d’analyse laisse
planer le doute sur la dangerosité du produit. A ce niveau encore, le
ministère avait annoncé l’achat de 900.000 doses pour le début du mois en cours.
Puis ce chiffre a été réduit de moitié. Ensuite, M.Barkat avait annoncé la
réception de 713.000 unités. Enfin, ce dernier a donné le chiffre de 1.310.000
doses réceptionnées. Au milieu de cette avalanche de chiffres, le citoyen ne
sait plus où donner de la
tête.
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