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Première prière à la Grande mosquée de Strasbourg

 

Première prière à la Grande mosquée de Strasbourg

Par Andrada Noaghiu, publié le 01/08/2011 à 22:33, mis à jour à 22:40

Pour le premier jour du ramadan et après presque douze ans de travaux et de vicissitudes politico-financières, la Grande mosquée de Strasbourg a enfin ouvert ses portes aux 50 000 fidèles de la ville. Reportage.

A 17h45 précises, dans la salle de prière de la Grande mosquée de Strasbourg, l'imam entonne l'appel à la prière. Les quelques 300 fidèles venus pour ce premier jour du ramadan se taisent d'un coup et se massent vers lui. Certains n'auraient raté cela pour rien au monde, comme Farhat, 65 ans: "J'ai avancé mes vacances au Maroc à juillet, pour pouvoir faire le ramadan ici." Heureux et fier d'avoir enfin une vraie mosquée dans sa ville, il a ressenti, dès qu'il est entré, "des fourmillements d'émotion dans tout le corps".  

Les 1000 mètres carrés de la salle de prière, sous la grande coupole, peuvent accueillir près de 1500 fidèles. Les femmes, elles, disposent d'une mezzanine de 250 mètres carrés. Saïd Aalla, président de la Grande mosquée de Strasbourg (GMS), ne cache pas sa fierté: "Bien sûr, il y avait des salles, des caves et des hangars peu adaptés qui ont été aménagés, mais c'est le premier projet pensé en tant que mosquée."  

Première prière à la Grande mosquée de Strasbourg

Prière à la Grande mosquée de Strasbourg, ce lundi 1er août, début du ramadan.

LEXPRESS.fr/Andrada Noaghiu

Ce jour est un grand "ouf!" de soulagement pour lui "et la communauté" à qui il promettait chaque année que "l'an prochain ça serait fini". Car le parcours de cette mosquée a été long et tortueux. En 1999, Roland Ries (PS) signe le projet. 2001 voit la ville basculer à droite avec le tandem UMP Fabienne Keller - Robert Grossmann. "Pendant toute la durée de leur mandat, de 2001 à 2008, ils ont freiné le projet, ont fait rayer le minaret, la partie culturelle avec la bibliothèque et le salon de thé et même supprimé le parking", argumente l'adjoint au maire chargé des cultes, Olivier Bitz (PS). Depuis, Roland Ries a de nouveau conquis la ville "et nous avons pu reconstruire la confiance avec la communauté", poursuit l'élu.  

"Ils ne sont pas bêtes, commentent deux jeunes hommes à l'extérieur de la Grande mosquée. Ils donnent plus que la droite parce qu'ils savent que leur électorat est dans les cité". Pour Mohammed, 27 ans, "c'est un tout petit soulagement": "il n'y a rien d'extraordinaire à ce que chaque religion aie le droit à un lieu de culte décent."  

La mosquée a coûté près de 9 millions d'euros. Un tiers a été versé par des pays étrangers, Maroc en tête suivi du Koweït et de l'Arabie Saoudite. Les fidèles ont aussi versé un autre tiers du budget. La ville de Strasbourg a mis le terrain à disposition et l'ensemble des collectivités locales ont financé le restant. Un découpage rendu possible car l'Alsace et la Moselle ont échappé au Concordat de 1905, puisqu'elles étaient allemandes à l'époque. Depuis, un régime local a été conservé et permet aux collectivités de financer des lieux de culte. "Nous avons donc l'obligation morale de conjuguer ce régime local avec le principe d'égalité, d'où ce financement", explique Olivier Bitz.  

Encore quelques détails à peaufiner...

"Sans le soutien des collectivités, tout cela n'aurait pas été possible", surenchérit Saïd Aalla. Il compte encore sur la générosité de la communauté pendant le ramadan pour lever 300 000 euros supplémentaires. Car pour l'instant, le lieu de culte est "fonctionnel". La commission de sécurité a donné son feu vert mais "il manque la décoration". Les murs seront recouverts de zellige, une mosaïque en terre cuite commandée chez des artisans marocains, la partie inférieure de la voûte devra être peinte et une moquette sera posée.  

Il n'y a rien d'extraordinaire à ce que chaque religion aie le droit à un lieu de culte décent 

A terme, le président de la Grande mosquée espère faire construire la grande bibliothèque et le salon de thé initialement prévus dans le projet. "C'est une façon de créer un lien avec la cité, affirme-t-il. Que l'on soit musulman ou non, on pourra venir à une conférence, une pièce de théâtre ou juste boire un thé."  

Le responsable souhaite également faire réapparaître sur les plans de la mosquée le minaret gommé par la droite. D'après Olivier Bitz, "puisqu'il n'y aura de toute manière pas d'appel à la prière, ce n'est pas à la Mairie de s'opposer par principe à un geste architectural qui leur revient".  

Pour l'instant, place à la prière. Après le ramadan, début septembre, la Grande mosquée refermera ses portes pour achever la décoration. L'inauguration officielle attendra la fin novembre. 

 



02/08/2011
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