Ce mardi 26 juillet, un attentat revendiqué par Daech a frappé la communauté chrétienne. Le P. Jacques Hamel, prêtre auxiliaire de la commune de Saint-Etienne-du-Rouvray, a été égorgé lors d’une prise d’otages.
Le Père Jacques Hamel, victime de l’attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray / DR
Humilité et simplicité. Lorsque l’on évoque le P. Jacques Hamel, 85 ans, assassiné mardi 26 juillet à Saint-Etienne-du-Rouvray, les deux mots reviennent spontanément aux lèvres de ceux qui l’ont connu. « C’était un homme qui vivait simplement, quelqu’un qui était toujours à la tâche », se souvient le P. Pierre Belhache, 46 ans, qui avait été son curé à Saint-Etienne jusqu’en 2011. « Il était toujours prêt, malgré son âge, à entrer en action », poursuit-il.
> Voir nos informations sur l’attentat contre l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray
un homme très attentif aux situations
Né à Darnetal, dans la banlieue de Rouen, en 1930, le P. Jacques Hamel fait partie de cette génération de prêtres entrée massivement au séminaire après la deuxième guerre mondiale. Ordonné en 1958, le prêtre avait accueilli avec humilité la fête que lui avaient préparée ses paroissiens, en 2008, pour les 50 ans de son ordination sacerdotale.
Le prêtre octogénaire restait très actif dans la paroisse, et y célébrait encore baptêmes et mariages. « C’était un homme très attentif aux situations tout en restant discret, et avec un formidable esprit missionnaire », complète Mgr Jean-Charles Descubes, l’ancien archevêque de Rouen. « Je revois son visage : il rayonnait de bonté. »
Le « Père Jacques », comme il se faisait appeler ici, était connu de tous. La retraite s’annonçant, il avait choisi, en 2005, de revenir à Saint-Etienne-du-Rouvray, l’une des villes où il avait servi comme prêtre, dans le passé. C’est lui qui avait accueilli en 2011 le P. Auguste Moanda-Phuati, le rédemptoriste congolais en charge de la paroisse.
Un parcours dans les quartiers populaires
« C’était un garçon très simple, très fraternel », se souvient le P. Jean de Blangermont, né la même année que son confrère assassiné, et également ordonné en 1958. Il décrit un parcours en partie accompli sur la rive gauche de Rouen, particulièrement dans les quartiers les plus populaires. « Il était très apprécié parce que très proche des gens. Plus que tout, il était attaché à son ministère en paroisse, poursuit le P. de Blangermont. Sacré Jacques… »
Ses sorties, en dehors de la région le P. Hamel les réservait pour sa sœur, qui vivait à Boulogne-sur-Mer, dans le Pas-de-Calais. Il prenait alors sa voiture (« il tenait à sa vieille voiture, sans électronique », sourit le P. de Blangermont) et prenait la route pour le nord de la France.
Entendre l’invitation de Dieu
Il y a peu, le prêtre, qui participait à toutes les réunions des prêtres de son doyenné, avait été avec eux au parc du Marquenterre, en baie de Somme. En juin, à la veille des vacances estivales, il avait exhorté ses paroissiens à prendre « un temps de ressourcement », afin d’« entendre l’invitation de Dieu ». Dans la feuille paroissiale, il invitait aussi à la prière, tout l’été : « Attentifs à ce qui se passera dans notre monde à ce moment-là. Prions pour ceux qui en ont le plus besoin, pour la paix, pour un meilleur vivre ensemble. »
> Retrouvez les réactions religieuses après l’attentat de Saint-Étienne-du-Rouvray