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séisme de Boumerdès

Mustapha Meghraoui (Physicien géologue à l’Institut de physique du globe de Strasbourg) : « Nous cherchons à savoir si le séisme de Boumerdès a influencé d’autres failles sismiques »

Une étude publiée en septembre dans la Geophysical Research Letters révèle que les probabilités pour que la région chinoise du Sichuan (1) connaisse un nouveau séisme, de magnitude 6 ou 7 dans la décennie, sont de 57% à 71%. Un de ses co-auteurs, Mustapha Meghraoui, participe également dans une étude sur l’Algérie pour savoir si le tremblement de terre de Zemmouri en 2003 est susceptible de provoquer d’autres séismes.



- Comment les scientifiques sont-ils aujourd’hui capables de prévoir les prochains séismes ? 
- Notre théorie est la suivante : suite à un fort séisme, les forces qui s’exercent sur la zone épicentrale se relâchent et se rééquilibrent sur d’autres zones de faiblesse, c’est-à-dire des failles actives et sismiques attenantes. Pour calculer la nouvelle répartition des forces et la probabilité d’occurrence dans le futur, nous utilisons la méthode dite « du changement de contraintes (de Coulomb) ». Pendant un tremblement de terre, deux types de contraintes agissent sur une faille ou rupture sismique : une perpendiculaire, qui tend à empêcher le glissement, et une autre, parallèle, qui le provoque. La méthode consiste à calculer le rapport entre les 2 types de contraintes et définir les zones de chargement des forces qui impliquent le glissement sur une faille cible et son évolution. 
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Ce modèle est-il applicable aux séismes en mer ? 
- Oui, mais nous contrôlons un peu mieux les modèles de ceux qui surviennent sur terre. Cela dit, après le séisme de Sumatra en 2004, de magnitude 9,3, un autre s’est produit en mars 2005, de magnitude 7,5, qui avait été prédit par la même méthode. 
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Pourquoi l’étude en Algérie prend-elle tant de temps ? 
- Parce que la faille liée au séisme de Zemmouri est en mer, que la magnitude n’était « que » de 6,8, soit trente fois moins important que le séisme chinois. Malheureusement, plus le tremblement de terre est fort, plus il nous fournit des informations. Techniquement, la modélisation du séisme de 2003 prend donc plus de temps. 
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Mais la théorie qui s’applique en Chine peut-elle être valable en Algérie ? 
- En tous les cas, rien ne prouve le contraire, mais cela dépend aussi de la qualité des données dont nous disposons. On observe dans certaines régions des séquences de forts séismes sur des courtes périodes (entre cinq et trente ans). C’est le cas par exemple en Turquie avec la séquence de 1939 - 1999 sur la faille nord- anatolienne. Il faut noter que cette modélisation a été appliquée avec succès en Turquie et publiée en 1997, 2 ans avant le séisme de 1999 par notre collègue R. Stein. D’autres zones de failles, comme celle de San Andrea ou celle du Levant, connaissent vraisemblablement des périodes d’accalmie. Au vu des récents séismes, le Nord de l’Algérie entre plutôt dans la première catégorie. De ce fait, nous cherchons à savoir si certains séismes et notamment celui d’El Asnam (m =7,3, 1980), a influencé d’autres zones de failles attenantes, ce qui expliquerait la séquence des séismes de Tipaza en 1989, Mascara 1994, Aïn Témouchent 1999 et celle de Zemmouri en 2003. (1) Le Sichuan a été frappé, le 12 mai 2008, par un tremblement de terre de magnitude 7,9 qui a fait près de 90 000 morts.



Par Mélanie Matarese


Pourquoi la terre a tremblé ces derniers jours

Des séismes ont été ressentis dans plusieurs régions du pays

Pourquoi la terre a tremblé ces derniers jours

En moins d’une semaine, six secousses de magnitude inférieure à 5 sur l’échelle de Richter ont été enregistrées dans le pays. Des événements capitaux pour mieux comprendre l’activité sismique en Algérie, car si l’on connaît un peu mieux le nord du pays, une région active, on en sait en revanche bien moins sur le Sud. Pour preuve : l’exceptionnelle secousse de 5,2 relevée début juillet dans le Sahara près de Touggourt reste une énigme.



Elles n’ont fait aucune victime et aucun dégât, juste provoqué la panique dans la population. Les dernières secousses enregistrées dans la région de Guelma et de Médéa, inférieures à 4 degrés sur l’échelle de Richter, sont considérées comme modérées. Toutefois, cette petite activité est très importante, car elle indique comment se répartissent les séismes le long des limites des plaques. Le point avec Mustapha Meghraoui, responsable du laboratoire de tectonique active à l’Institut de physique du globe de Strasbourg.

Des séismes en « bruit de fond ». Que la terre tremble légèrement de manière régulière, est-ce bon signe ou, à l’image des volcans, est-ce que cela laisse présager d’un événement de plus grande ampleur ? Cela dépend. Si nous sommes dans une zone active et que cette sismicité est constante en fréquence, cela peut s’expliquer par une activité sismique normale qui correspond le plus souvent à une activité sismique ambiante en « bruit de fond ». Si la fréquence est en nette augmentation et que la localisation précise des épicentres des séismes définissent une zone de lacune sismique, on peut s’attendre à un fort séisme qui comblera la lacune. En Algérie, ces zones de lacune sismique correspondent le plus souvent à des segments de faille n’ayant généré aucun séisme important (magnitude supérieure à 5,5) depuis quelques siècles. En revanche, si nous prenons le cas d’une zone considérée comme peu sismique, l’apparition d’une activité sismique soudaine et importante (mais de faible magnitude, inférieure à 4) peut annoncer un fort séisme.

Le nord-ouest de l’Algérie est la région du Maghreb la plus active. Les régions du Nord tunisien et du Nord marocain sont des zones sources de séismes violents, mais les magnitudes dépassent rarement 6,5. La sismicité récente montre que la région nord-ouest de l’Algérie semble plus active que les autres régions situées le long de la limite des plaques Afrique-Eurasie en Méditerranée occidentale. Les séismes d’El Asnam du 10 octobre 1980 (Mw 7.3) et de Zemmouri du 21 mai 2003 (Mw 6.8) renforcent cette observation. Le résultat d’une concentration des contraintes tectoniques dans des zones de failles actives.

Une sismicité superficielle. La sismicité algérienne est superficielle (d’une profondeur inférieure à 20 km) et se concentre notamment dans les zones des failles actives et le long de la limite des plaques Afrique-Eurasie. La sismicité ambiante est présente le long de l’Atlas du Tell (sur une bande parallèle à la côte) et dans une moindre mesure sur les Hauts-Plateaux de l’Est algérien et le long de l’Atlas saharien. La fréquence des forts séismes (d’une magnitude supérieure à 6,5) du nord de l’Algérie est variable et la liste des séismes depuis celui du 2 janvier 1365 ne couvre pas un cycle sismique. Des travaux de recherche détaillés sur le fonctionnement à long terme des failles, couplées à des mesures GPS (en temps réel continu) des mouvements de l’écorce terrestre, peuvent fournir plus de données sur les caractéristiques du cycle sismique et ouvrir la voie vers une prévision sismique en Algérie.

Un coup à l’Ouest, un coup à l’Est. L’ensemble du Nord algérien étant impliqué dans la convergence de la plaque Afrique vers le continent Eurasie (notamment vers l’Ibérie suivant une direction nord à nord-ouest et à une vitesse de 3 à 5 mm/an), la sismicité est une conséquence de ces mouvements tectoniques de convergence, comme une règle que l’on plie, qui se déforme puis casse. L’accumulation des contraintes tectoniques le long des failles sismiques se produit sur plusieurs siècles et est associée aux mouvements inexorables des plaques. Le relâchement de ces contraintes le long d’une faille se produit au cours d’un séisme dont la magnitude est proportionnelle aux mouvements cumulés au cours des siècles passés. Ces contraintes peuvent également être transférées d’une région à une autre ou d’une faille à une autre (contiguë) le long de la limite des plaques.



Par Mélanie Matarese



18/02/2010
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