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Nicolas Sarkozy présente son "plan banlieue" entouré de Fadela Amara et de Jean-Louis Borloo, le vendredi 8 février 2008 (Photo Jacques Demarthon/AFP) |
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Vendredi 08 février 2008, 17h53
Nicolas Sarkozy a dévoilé vendredi son plan très attendu pour les banlieues , en promettant, sans le chiffrer, un effort important de l'Etat en matière d'éducation et d'emploi, et en annonçant une "guerre sans merci" contre la délinquance.
Devant plus d'un millier de personnes réunies à l'Elysée, dont de nombreux jeunes des quartiers défavorisés, le chef de l'Etat a affiché l'ambition de "réinventer la ville", une ville "qui intégrera au lieu d'exclure", un "enjeu de civilisation".
Dénonçant l'échec des politiques menées depuis vingt ans, Nicolas Sarkozy s'est défendu de proposer un énième catalogue de mesures privilégiant l'urbanisme et l'architecture, pour insister sur la nécessité de s'occuper d'abord des habitants.
"A quoi servirait-il de rénover les bâtiments", de "développer les territoires, si l'on ne s'occupait pas en même temps des personnes ?", s'est-il interrogé.
Après les violences de 2005 et deux mois après celles de Villiers-le-Bel (Val-d'Oise), le président a retrouvé ses accents de ministre de l'Intérieur en plaçant la lutte contre l'insécurité au premier rang de ses priorités pour les banlieues.
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Acteurs sociaux réunis à l'Elysée le vendredi 8 février 2008 pour la présentation par Nicolas Sarkozy du "plan banlieue" (Photo Jacques Demarthon/AFP) |
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"Dès demain, c'est une guerre sans merci qui sera engagée à l'endroit des trafics et des trafiquants" qui "exploitent la misère" et détournent "des jeunes qui veulent s'en sortir", a-t-il déclaré.
Pour "mettre fin à la loi des bandes" qui "empoisonne la vie des quartiers", Nicolas Sarkozy a confirmé le déploiement, annoncé dans la future loi d'orientation et de programmation de Sécurité intérieure, de 4.000 policiers supplémentaires dans les quartiers d'ici trois ans.
Critiqué pour ses sorties sur le "Kärcher" et les "racailles", le président a assuré qu'il "assume" tout ce que il a "dit et fait par le passé".
Après ce couplet sécuritaire, le président a mis l'accent sur l'éducation afin de favoriser "l'égalité des chances" et "casser les ghettos scolaires", notamment en généralisant les "écoles de la deuxième chance": "je veux que l'école de la deuxième chance devienne (...) une priorité, comme l'école primaire le fut jadis sous la IIIe République".
Sur l'emploi, il a annoncé la création d'un "contrat d'autonomie" pour les jeunes au chômage, et promis de favoriser la création de 20.000 entreprises. "C'est plus de 100.000 jeunes que nous allons accompagner vers l'emploi dans les trois prochaines années", a-t-il assuré.
A aucun moment, le chef de l'Etat n'a évoqué le budget global de son plan, que la secrétaire d'Etat à la Politique de la ville Fadela Amara avait évalué à un milliard d'euros.
Seul chiffre lâché par Nicolas Sarkozy: 500 millions d'euros prélevés sur les financements du Grenelle de l'environnement pour les transports en commun, au titre du désenclavement.
Devant plusieurs ministres, le président a rendu un hommage remarqué à Mme Amara, exemple gouvernemental de "l'ouverture et la diversité" qu'il a souhaité voir étendue, pour que "dans certains quartiers (...) chacun retrouve confiance dans les institutions".
Le plan a été accueilli avec satisfaction par la majorité, alors que la gauche et les associations ont pointé l'absence de financement. Président de "pas de quartier, tous citoyens", Stéphane Ouraoui est resté "sur sa faim". Porte-parole du PS, Julien Dray a accordé au président une note "en-dessous de la moyenne".
"Tout le problème de ce plan, c'est qu'il arrive après la loi de finances", a résumé sous le couvert de l'anonymat un fonctionnaire chargé sur le terrain de la politique de l'emploi auprès des jeunes.