Abdelhamid Brahimi, dit «Hamid la Science». Tu lui confierais une…
…baraque à frites, il la mettrait en faillite !
Si vous ne l’avez pas encore fait, vous croiserez ce genre de titres dans vos journaux lorsque vous les feuilletterez ce matin : «La Constitution de Bouteflika est passée comme une lettre à la poste.» Peut-être pas sous cette forme-là, à la virgule près, mais en gros, vous aurez droit à cette formule bateau que nous, gens de presse, utilisons depuis la nuit des temps. Voire même un peu avant, pour les plus anciens d’entre nous. Pourtant, cette image d’une lettre à la poste doit être corrigée chez nous. Non ! La Constitution de Abdekka n’est pas passée comme une lettre à la poste. Parce que chez nous, c’est l’Algérie. Et l’Algérie n’est pas le Danemark ou la Finlande ou la Suède ou le Sénégal. Dans ces pays-là, effectivement, les lettres passent normalement par la poste. Ici, en D.Z-Land, dire d’une chose, par exemple un texte fondamental comme la Constitution qu’il est passé comme une lettre à la poste, c’est, au contraire, lui assigner un parcours difficile, sinueux, ardu, tortueux, semé d’embûches et à l’issue toujours incertaine. Question : quand avez-vous croisé une boîte aux lettres publique pour la dernière fois ? Eh oui ! Un bail. Certains d’entre vous, les plus jeunes n’ont jamais vu de boîte aux lettres devant eux, sauf à travers l’écran de leur télé. Autre question. Combien de fois rencontrez-vous votre facteur par semaine ? Pas des masses de fois, bien évidemment. Il est donc urgent de supprimer l’expression «comme une lettre à la poste» de notre bréviaire. Ou alors de l’utiliser de façon adaptée à notre environnement et à notre réalité. Nous dirons ainsi que telle personne a galéré sa race avant de trouver une place de stationnement, elle a dû endurer le sort d’une lettre qui passe par la poste. Là, ça va ! C’est conforme ! Et donc, à propos de la Constitution, la formule correcte consisterait à dire «le texte concocté par Bouteflika est passé comme passerait une soumission de marché opérée par Haddad». Vous voyez ! C’est simple ! C’est compréhensible par tous. Et nous n’avons même pas besoin de déranger le facteur pour ça. Y a juste à fumer du thé pour rester éveillés à notre cauchemar qui continue. H. L.
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