Le plus loin possible !

Comment faire pression sur des journalistes et des magistrats… italiens et canadiens ? C’est difficile, il faut bien l’admettre. Autant, tu peux envoyer des policiers à la Maison de la Presse, à Alger ou dans les autres Maisons de la Presse algérienne et leur demander d’aller y cueillir des plumitifs un peu trop fouineurs dans les locaux mêmes de leurs rédactions. C’est faisable ! Ça a été fait, je peux vous le confirmer. Mais j’imagine mal des policiers algériens débarquant au siège du Corriere Della Sera, de La Repubblica, de La Gazette de Montréal ou du The Quebec Chronicle- Telegraph et y menotter leurs reporters afin de les conduire ensuite au Commissariat central d’Alger pour les cuisiner. Techniquement, c’est délicat comme opération à monter. Et même si, par miracle, une équipe de super-flics d’ici arrivait à exfiltrer l’enquêteur vedette de La Repubblica, son rédacteur en chef et le directeur de cette publication, leur faire quitter en douce l’Italie, j’imagine encore moins possible de les emmener en fourgon cellulaire, immatriculé 16, du Commissariat central vers le tribunal Abane-Ramdane. Avec nous, entassés dans ce genre de fourgon, c’est faisable. Ça a été fait, je peux vous le confirmer. Mais avec des confrères italiens, c’est très difficile. Encore moins avec les journalistes canadiens. J’en connais quelques-uns d’une corpulence telle qu’il serait littéralement impossible de les faire grimper dans un minivan de la DGSN ou des services pénitentiaires. Ce n’est pas pour me mettre au centre de tout, mais à titre d’exemple, je me souviens qu’avec mes cent kilos et des poussières, beaucoup de poussières, les policiers avaient eu les pires difficultés du monde à me faire monter dans une Hyundai Atos banalisée choisie par un esprit torturé et tortueux du parc auto de la police pour me convoyer en «lieu sûr». Maintenant, si le volet journalistique apparaît clairement comme irréalisable, comment alors s’y prendre pour faire pression sur un plus gros morceau, un magistrat italien ou canadien ? L’appeler au téléphone ? A n’importe quel moment du jour ? Et surtout de la nuit ? Ouais ! Pourquoi pas ! Faut juste disposer du numéro de portable de ce magistrat. Il faut aussi faire attention à ne pas composer le numéro directement, mais à le faire précéder de l’indicatif du pays en question. Pour l’Italie, c’est le 39. D’abord composer bien évidemment le 00. Quant à l’indicatif pour le Canada, c’est le 1, avec toujours en premier le 00 pour obtenir l’international. Encore faut-il que l’inspecteur d’ici, appelons-le Tahar ou Naânaâ, juste pour les besoins de la démonstration, dispose d’un accès à l’international dans son bureau. La crise aidant, c’est de moins en moins le cas. En vérité, quand tu vois ce véritable chemin de croix pour faire pression sur des journalistes et des magistrats italiens et canadiens, je trouve qu’il est plus simple de se contenter de ce que nous savons faire le mieux. Continuer de faire pression sur les nôtres et prier le Saint Siège et le nouveau pape qui sortira de la fumée du prochain conclave que toute cette tempête médiatique et judiciaire va se calmer. Avant l’été, et les grosses chaleurs sur le fleuve Saint-Laurent ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue. 
H. L.