Consulter toute l'édition d'aujourd'hui
C’est sous le slogan «campagne de fidélité, un arbre pour chaque martyr » que l’Algérie célèbre, cette année, la Journée de l’arbre, du 15 au 31 mars prochains. Organisée à travers tout le territoire national, cette journée vient en commémoration du 50e anniversaire de l’indépendance du pays. L’objectif est également de «symboliser le sacrifice suprême des martyrs de la révolution du 1er Novembre 1954 où la forêt a constitué un abri constant pour les moudjahidine », précise le communiqué du ministère de l’Agriculture et du Développement rural. C’est aussi l’occasion pour «sensibiliser les citoyens autour de l’intérêt vital que représente la forêt dans l’équilibre écologique et dans le développement économique, social et environnemental», ajoute la même source. Pour rappel, le ministère de l’Agriculture et du Développement rural œuvre déjà dans ce sens à travers un ambitieux plan de reboisement inscrit dans le cadre de la politique de renouveau rural. Il comprend quatre principaux programmes, à savoir la lutte contre la désertification, le traitement des bassins versants, la gestion et l’extension du patrimoine forestier et la conservation des écosystèmes naturels. Ainsi, il est prévu à l’horizon 2014, la plantation de 100 000 ha, toutes espèces confondues, chaque année. Lancé en 2000, le plan national de reboisement a permis la plantation de 580 000 ha à travers le pays, souligne-t-on dans ledit communiqué. Par ailleurs, la clôture de la campagne de plantation est prévue pour aujourd’hui à Alger, en collaboration avec la Direction générale de la Protection civile. Rym N.
Abane Ramdane aurait-il voté le 10 mai ? |
|
Par Hakim Laâlam Email : laalamh@yahoo.fr |
50e anniversaire de l’indépendance. Des historiques algériens se tirent dans les pattes. Eh ben là, on a la preuve qu’ils ont...
… tiré au moins une fois dans leur vie !
J’hésitais entre aborder ce drame horrible de trois enfants, des écoliers âgés entre 10 et 12 ans et qui se sont suicidés en moins de 48 heures en Kabylie, et ces huit manifestants arrêtés à Constantine parce qu’ils revendiquaient en mars 2012 le raccordement de leurs foyers à un gaz de ville algérien théoriquement nationalisé depuis des lustres. J’étais là, indécis, lorsque j’ai finalement opté pour Abane. Abane Ramdane. L’histoire, je la respecte trop pour ne pas la laisser aux historiens. Mais, devant les vents mauvais qui soufflent en ce moment, j’ai imaginé un court instant, un très court instant qu’un héros de la lutte pour la libération de… la France, Jean Moulin, ait été traité du dixième seulement de ce que subit depuis l’indépendance la mémoire malmenée et souillée de Abane Ramdane. Je me suis dit un truc tout bête : «Comment aurait réagi la France à des insultes proférées contre Jean Moulin ?» Ce n’est pas une question d’historien, je vous le concède. Mais c’est une question de marginal du journalisme, de chroniqueur dont les oreilles sont pleines en ce moment des clameurs françaises réunies et solidaires autour du meurtre de trois enfants juifs. La France a une capacité d’indignation efficace puisqu’elle débouche en un rien de temps sur un état d’urgence, le plan Vigie Pirate Ecarlate. Je la crois aussi capable de vivement réagir si son icône mémorielle, Jean Moulin, était attaquée dans sa grandeur de résistant martyr. Le ciel français serait tombé sur la tête des profanateurs de la tombe de Moulin. Pourquoi Abane ne peut-il prétendre à la tranquillité mémorielle chez les «siens», à défaut de la gloire enfin reconnue et surtout protégée des défécateurs actuels ? C’est tout de même saisissant de constater que l’Algérie officielle est capable de produire en un rien de temps un texte qui défend et protège la dignité des terroristes, interdisant de les désigner ainsi sous peine de lourdes sanctions pénales, alors qu’elle laisse faire les atteintes répétées et hyper médiatisées à l’honneur d’un héros de la guerre, d’un immense homme. D’un homme à l’immensité tellement gênante. Et dans mon parallèle, j’ai pu mentalement me projeter les contours du débat national, du terrible et forcément retentissant débat qui aurait agité des semaines durant, des mois entiers la vie française, débat au cours duquel se seraient relayés tout ce que compte Fafa comme sommités historiques, comme politiciens, comme notabilités, comme témoins et comme gardiens de la mémoire collective chargés de tomber à bras raccourcis et à bras rallongés aussi sur les profanateurs de la mémoire de Jean Moulin. Je suis même convaincu que les outrecuidants se seraient retrouvés devant les tribunaux, avec au bout une peine plancher impossible à réduire. Ici, et maintenant, même en forçant mon imagination, je n’arrive pas à me représenter une indignation équivalente autour d’Abane. Rien ! Les incontinents bavasseurs peuvent déverser tout leur fiel, «diarrhétiser » leurs rancœurs à l’encontre du lion de la Soummam, ils ne sont pas et ne seront pas inquiétés ni remis à leur place. Pour toutes ces raisons, je me dis finalement que j’aurais dû me contenter de vous narrer le drame terrible de ces trois enfants, trois écoliers âgés entre 10 et 12 ans et qui se sont suicidés à quelques heures d’intervalle en Kabylie. J’aurais pu aussi juste revenir sur ce fait divers constantinois de manifestants embarqués parce qu’ils exigeaient d’avoir le gaz de ville pour se chauffer et se nourrir. Des faits divers dans le pays de Abane colonisé 132 ans par le pays de Jean Moulin. Oh ! Et puis zut ! Laissons l’histoire aux historiens, n’est-ce pas ? Et contentons-nous seulement d’être ce que nous sommes, des rigolos aux indignations millimétrées au prorata de carrières rentières. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue. H. L.
|
|