Les Etats-Unis ont mené hier, pour le troisième jour consécutif, des frappes contre les positions des djihadistes en Irak, où des milliers de personnes ayant fui dans les montagnes sont finalement parvenues à trouver refuge dans la région autonome du Kurdistan. Parallèlement, les Etats-Unis et le Royaume-Uni larguaient des vivres pour aider les déplacés encore pris au piège dans les montagnes désertiques.

Promettant le soutien humanitaire – mais pas militaire – de Paris, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a appelé les Irakiens à l’unité pour «mener la bataille contre le terrorisme», lors d’un déplacement à Baghdad puis dans la région autonome du Kurdistan irakien visant à superviser le largage de l’aide française prévue. Les insurgés sunnites menés par les djihadistes de l’EI ont progressé depuis fin juillet en direction du Kurdistan irakien, occupant des positions à une quarantaine de kilomètres de sa capitale, Erbil, sans cependant franchir les frontières de la région autonome.

La prise par l’EI, il y a une semaine, de Sinjar, bastion des Yazidis, une minorité kurdophone non musulmane, a poussé à la fuite jusqu’à 200 000 civils, selon l’ONU. Nombre d’entre eux sont piégés dans les montagnes arides environnantes, menacés autant par la faim et la soif que par les djihadistes. Parallèlement, près de 100 000 chrétiens ont été chassés des plaines de la province de Ninive, à l’ouest de Mossoul, par les djihadistes, qui se sont emparés de cette deuxième ville d’Irak et de pans entiers du territoire depuis le début de leur offensive fulgurante le 9 juin. Face à cette menace, les Etats-Unis, qui se sont retirés d’Irak il y a près de trois ans, ont commencé vendredi à mener des frappes contre les positions des djihadistes.

«Crimes contre l’humanité»

Les Etats-Unis ont aussi largué de nouvelles cargaisons de vivres à destination des «milliers de citoyens» menacés sur les monts Sinjar, selon le Pentagone. L’Union européenne (UE) a dénoncé des «crimes contre l’humanité» dans les zones où progressent les djihadistes, évoquant des «persécutions et des violations des droits humains fondamentaux». Selon des responsables yazidis et des témoins, des dizaines d’hommes de la communauté ont été exécutés par les djihadistes quand ils ont attaqué Sinjar et des dizaines d’autres personnes sont mortes de déshydratation ou par manque de médicaments dans les montagnes où elles se sont réfugiées.

Au Vatican, le pape s’est dit «effaré et incrédule» face aux informations relatant les «violences de tout type» en Irak et a appelé à «une solution politique efficace au niveau international et local» pour les stopper. Une députée yazidie, Vian Dakhil, devenue le visage de sa communauté après avoir lancé un appel, a assuré samedi qu’il ne restait plus qu’«un ou deux jours pour aider (les déplacés dans les monts Sinjar).

Après, ils vont commencer à mourir en masse». Hier, cette parlementaire et d’autres responsables ont indiqué qu’entre 15 000 et 30 000 d’entre eux étaient parvenus à fuir les monts Sinjar avec l’aide des forces kurdes et ont trouvé refuge au Kurdistan irakien, après être passés par la Syrie. Mais selon Mme Dakhil, il en reste «des milliers dans la montagne» et «le passage n’est pas sûr». Les forces kurdes en Irak, en Syrie et en Turquie travaillent ensemble pour briser le siège autour des monts Sinjar et secourir les déplacés.

De son côté, le président américain, Barack Obama, s’est dit confiant «dans le fait que nous pourrons empêcher l’Etat islamique d’aller dans les montagnes et de massacrer les gens qui se sont réfugiés là-bas», même si mettre ensuite ces dizaines de milliers de personnes dans un endroit sûr sera compliqué d’un point de vue logistique. La veille, le président américain avait de nouveau appelé à la formation d’un gouvernement d’union pour faire face aux insurgés sunnites, alors que les institutions politiques irakiennes sont quasiment paralysées par de profondes divisions.

Pays médiateur entre Israël et les Palestiniens, l’Egypte a appelé hier à un nouveau cessez-le-feu de 72 heures à Ghaza à partir de 21h01 GMT, rapporte l’AFP. Un responsable palestinien a affirmé de son côté qu’un accord a été conclu entre les deux parties concernant une trêve. Interrogé sur cette annonce palestinienne, un responsable israélien, sous couvert de l’anonymat, a indiqué que son pays est toujours «en train de discuter» de l’offre de cessez-le-feu.

«Alors que l’escalade se poursuit dans la bande de Ghaza et étant donné la nécessité de préserver le sang des innocents, l’Egypte appelle les deux parties, israélienne et palestinienne, à accepter un cessez-le-feu de 72 heures qui sera effectif à partir de lundi 00h01 heure du Caire (21h01 GMT dimanche)» et «à travailler, pendant ce temps, à un cessez-le-feu global et permanent», a indiqué le ministère égyptien des Affaires étrangères dans un communiqué.

Peu avant, un responsable palestinien avait fait état d’un «consensus simultané» des deux parties sur une trêve et ajouté que l’Egypte allait annoncer officiellement l’heure du début du cessez-le-feu. Le précédent cessez-le-feu de 72 heures a expiré vendredi sans que Palestiniens et Israéliens parviennent à s’entendre sur sa prolongation lors de discussions indirectes par l’entremise de l’Egypte au Caire. Israël a accusé le Hamas d’avoir rompu la trêve en reprenant ses tirs de roquettes.

Le Hamas, lui, accuse Israël d’être responsable de la reprise des combats par son refus de toute concession aux Palestiniens. Plus tôt dimanche, les négociateurs palestiniens ont indiqué qu’ils examinaient une proposition égyptienne de trêve de 72 heures «qui permettrait de poursuivre les négociations», précisant qu’ils annonceraient leur position «après avoir pris connaissance de la position israélienne».

Positions inconciliables

Mais les positions des deux parties restent irréconcialiables. Hamas exige, pour mettre fin à toute opération militaire sur le territoire israélien :
- l’ouverture du poste frontalier de Rafah avec l’Egypte ;
- la liberté de mouvement pour les Ghazaouis à la frontière avec Israël ;
- la suppression de la «zone tampon» interdite à ses habitants ;
- l’autorisation de pêcher jusqu’à 12 miles marins des côtes de Ghaza ;
- la libération des prisonniers.

L’Etat hébreu a imposé en 2006 un blocus terrestre et maritime à la bande de Ghaza, après la capture du soldat Gilad Shalit. Le blocus a été allégé il y a deux ans, à l’issue de confrontations entre Palestiniens et Israéliens et de la médiation de l’ex-président égyptien, Mohamed Morsi. Tel-Aviv réclame de son côté que le Hamas et les autres groupes armés déposent les armes. Quelque instants avant la tenue du Conseil des ministres, hier, des membres du gouvernement ont déclaré que les opérations militaires ne peuvent cesser tant que les activistes du Hamas ne sont pas neutralisés.

«Cette situation ne peut plus durer. Il faut vaincre le Hamas, nettoyer le terrain et sortir le plus vite possible de la bande de Ghaza», a dit le ministre des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, réclamant ainsi le retour dans la bande de Ghaza des forces terrestres qui s’en étaient entièrement retirées mardi. «Il faut casser la puissance militaire du Hamas», a indiqué à son tour le ministre de l’Intérieur, Gideon Saar. Ainsi, toute trêve n’est que prélude à une nouvelle bataille.