Les candidats libres du centre d’examen du lycée El Idrissi, à Alger, sont mécontents du manque de commodités dans cet établissement. Il était 12h15, hier, lorsque les candidats série lettres et philosophie, sortis épuisés de l’épreuve de philosophie, cherchent où passer un moment de pause. Pour fuir la chaleur, certains n’ont trouvé que les petits arbustes plantés sur le trottoir pour se mettre à l’abri du soleil qui darde ses rayons. D’autres cherchent l’ombre en changeant de place d’un trottoir à l’autre. 

Ils galèrent pour trouver le transport

«Nous avons payé 3000 DA pour nous retrouver dans cette situation. Ni la restauration ni le transport ne sont assurés. On n’a pas été traités de la même façon que les scolarisés. Eux, ils ont tout», estime un élève venu de Birtouta.
Déjà non satisfait de son travail à l’épreuve de philosophie, son esprit est aussi préoccupé par le problème du transport. «Hier, je suis sorti à 19h40. Il n’y avait aucun moyen de transport. J’étais contraint d’appeler mon frère», raconte-t-il. Les horaires des épreuves sont vivement critiqués par les candidats. «Les concepteurs de ces horaires n’ont pas pensé à ceux qui habitent loin», critique un autre candidat. Dhikra, candidate récidiviste, déplore le manque de sécurité. «Un délinquant a même essayé de voler le portable de ma copine à l’entrée du centre d’examen», regrette-t-elle. Et d’ajouter : «Les filles sont embêtées pendant la pause. Le soir, elles ont des difficultés pour rentrer chez elles.» Si au moment de la trêve, les candidats sont perturbés, le soir, ils galèrent pour rentrer chez eux. «Quand je rentre le soir, je suis déjà crevée. Je ne révise pas mes cours. Je vais directement dans ma chambre pour dormir», témoigne Dhikra. A l’intérieur de l’établissement, les moyens mis en place sont insuffisants aux yeux des candidats. «Deux toilettes pour plus de 4000 candidats. Les autres sont, soit cassées, fermées ou il n’y a pas d’eau à l’intérieur. C’est désolant», signalent nos interlocuteurs.
Ils n’ont pas encore mangé, les candidats discutent du sujet de philosophie. Mais les complaintes dominent leur discussion. Les mesures prises cette année pour faire barrage à la tricherie semblent avoir perturbé grand nombre de candidats.
Ils se sentent suspects. «La présence de 6 surveillants dans la salle me dérange. D’autant plus que certains surveillants discutent entre eux. Les chuchotements me déconcentrent. Mais je ne peux pas leur demander de se taire», déclare Dhikra.

«Traités comme dans les prisons»

«Ils ont appliqué les mêmes mesures que les candidats qui examinent dans les prisons, sauf que nous, nous ne sommes pas des prisonniers», martèle Toufik, candidat libre. Mais ces mesures ont plus ou moins mis fin à la tricherie massive qu’ont connue les examens précédents. «Nous n’avons pas pu bouger», témoignent les candidats. Pour se consoler, ces deniers font recours aux rumeurs. «On nous a dit que cette année, le taux de réussite va atteindre 90%», souligne Dhikra. «Moi, j’ai entendu parler aussi du rachat», rassure son compagnon. Quant à Toufik, qui avait l’air exténué au troisième jour d’examen, il ne prête guère attention à ce genre de rumeurs. «Vous croyez encore au père Noël», ironise-t-il. Ce dernier estime que dans d’autres établissements, le nombre d’enseignants ne dépasse pas trois. Il considère le renforcement de la surveillance comme une sanction infligée aux candidats libres. «L’Etat privilégie les scolarisés. Il ne se soucie nullement du sort des candidats libres. Le savoir n’est pas valorisé en Algérie. Je refais mon bac rien que pour avoir le visa», avoue Toufik qui s’apitoie sur le sort des médecins résidents.