La sélection nationale de ce petit pays de 720 000 habitants, disqualifiée au cours des éliminatoires pour manquements aux règlements, est donc qualifiée d’office.
Le trentième épisode de la grande histoire de la Coupe d’Afrique, commencée en 1957 en Égypte, débute demain à Malabo, capitale de la Guinée équatoriale, par un match entre l’équipe du pays organisateur et celle du Congo, entraînée par le Français Claude Le Roy.
Le feuilleton qui se déroulera trois semaines durant dans quatre villes d’un des plus petits pays d’Afrique n’aurait pas dû avoir la Guinée équatoriale pour décor, mais le Maroc. Désigné comme pays organisateur du plus important rendez-vous sportif bisannuel africain, le royaume chérifien, puissance majeure du football continental, a déclaré forfait en novembre à l’issue d’un imbroglio inédit.
Cette Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2015 s’annonçait pourtant comme un millésime tranquille dans un pays connu pour ses infrastructures proches des standards européens. Mais le virus Ebola, qui a fait plus de 8 000 morts à ce jour, a rebattu les cartes.
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COURSE CONTRE LA MONTRE
Tout commence le 12 août dernier quand la Confédération africaine de football, l’organisme gérant l’ensemble du football sur le continent, interdit les matchs en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone, les trois pays les plus touchés par le virus. Le Maroc s’érige alors en sauveur de ces nations, accueillant leurs matchs qualificatifs sur son territoire et maintenant contre vents et marées une liaison aérienne avec eux. Mais le 10 octobre, officiellement pour motif sanitaire – en réalité pour des raisons encore largement inexpliquées, le ministre des sports marocain retourne sa veste et demande le renvoi de la CAN 2015 à janvier 2016.
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Un incroyable bras de fer s’engage alors entre un Maroc sûr de sa force et la Confédération de football, qui tire l’essentiel de ses revenus des droits de retransmission télé et des retombées publicitaires de la CAN. Malgré de multiples avertissements, les Marocains, persuadés qu’aucun pays n’acceptera de prendre leur place dans un délai aussi court, s’obstinent.
Mais ils sont définitivement écartés le 11 novembre. S’ensuit une formidable course contre la montre au cours de laquelle la Confédération sonde plusieurs pays – l’Angola, le Nigeria, l’Égypte, le Gabon, le Ghana –, qui déclinent tous l’invitation.
QUALIFICATION INESPÉRÉE DE LA GUINÉE ÉQUATORIALE
Seule la Guinée équatoriale, coorganisatrice en 2012 de la compétition avec le Gabon, se laisse tenter par l’aventure. Cet État, tenu depuis 1979 par la dictature de Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, a vu dans ce pari l’occasion de redorer son blason politique (il figure aux premiers rangs des pays les plus corrompus au monde) tout autant que sportif. La sélection de Guinée équatoriale avait en effet été disqualifiée sur tapis vert de la course pour avoir fait jouer des footballeurs suspendus au cours des matchs éliminatoires. Elle disputera demain un match d’ouverture aussi inespéré que risqué face au Congo.
Il y a encore quelques jours, elle n’avait même plus d’entraîneur après le limogeage de son sélectionneur espagnol le 31 décembre. Lequel a été remplacé en catastrophe par l’entraîneur de l’équipe féminine, qui n’a dévoilé la liste de ses joueurs que le 8 janvier, moins de dix jours avant le coup d’envoi et un bon mois après la majorité des quinze autres sélections en course.