Photo : S.
Zoheir
Par Billal
Larbi
«Le secteur de la santé publique vit un
véritable marasme. En dépit de nos nombreux appels lancés à la tutelle en vue
d’apporter les correctifs qui s’imposent, force est de constater que cette
dernière est restée de marbre, se contentant de temps à autre d’apporter des
solutions qui sont loin de pouvoir résoudre la crise à laquelle est confrontée
le secteur. Les difficultés dans lesquelles ce dernier se débat sont telles que
de nombreux médecins spécialistes l’ont quitté pour aller vers d’autres cieux
beaucoup plus cléments.» C’est en ces termes qu’interviendra le Dr Mohamed
Yousfi, président du Syndicat national des praticiens spécialisés de la santé
publique lors de la conférence de presse animée, en fin de matinée d’hier,
conjointement avec le président du Syndicat national des praticiens de la santé
publique (SNPSP). Annonçant que son syndicat compte entamer un mouvement de
grève illimité à partir de demain (le 4 janvier), l’orateur insistera pour dire
que si rien n’est fait pour changer le cours des choses, le risque de voir
nos hôpitaux démunis de spécialistes est bien réel, «ce qui,
évidemment, pénalisera le citoyen». Tout en faisant un état des lieux des plus
critiques du secteur de la santé publique, le président du SNPSSP regrettera le
fait que la tutelle, en dépit du fait que le diagnostic de la situation en
matière de santé publique est sans équivoque (dégradation continuelle d’année en
année), ne fait rien pour apporter les changements tant attendus.
«La
tutelle nous traite avec mépris, ne daignant pas nous associer dans des débats
qui, pourtant, nous concernent et concernent des milliers de malades. Pour la
tutelle, les notions de dialogue et de concertation sont de vains mots. En tout
cas, ce qui est certain, c’est que nous avons un cursus universitaire des plus
étoffés et nous n’accepterons jamais d’être dévalorisés et humiliés»,
martèlera le Dr Yousfi. Lui emboîtant le pas, le Dr Merabet du SNPSP mettra en
exergue le fait que lui et ses pairs ont des solutions concrètes aux
innombrables problèmes dans lesquels le secteur de la santé se débat depuis de
nombreuses années.
«Malheureusement, la tutelle n’en fait qu’à sa
tête, ne daignant pas demander l’avis de ceux qui sont sur le terrain depuis
bien des années», soulignera-t-il, non sans annoncer que le mouvement de grève
illimité lancé par les praticiens du secteur public depuis le 21 décembre
dernier allait se poursuivre. Pour le
Dr Merabet, le combat que lui et
ses collègues mènent depuis de nombreuses années n’a pas uniquement trait aux
conditions socioprofessionnelles comme la tutelle veut le faire croire. «Les
pouvoirs publics tentent de réduire notre protestation à une simple histoire de
fiche de paie et de salaire. Certes, il est on ne peut plus légitime d’aspirer à
améliorer les conditions de vie, mais le plus important, c’est que le médecin
soit respecté, considéré, bref que sa dignité ne soit pas bafouée»,
soulignera-t-il. Pour lui, les réformes initiées par le ministère de la Santé
n’ont pas porté leurs fruits en dépit du fait qu’elles aient été annoncées en
grande pompe. «Depuis bien des années, la tutelle ne cesse de tourner en rond.
Elle ne veut pas aller à l’essentiel», précisera-t-il.
Par essentiel,
le président du SNPSP fait bien sûr allusion au statut du praticien, au régime
indemnitaire et à l’amélioration des conditions de travail des professionnels de
la santé. «Souvent, pour cacher leurs insuffisances et dire que tout se passe
bien, les responsables de la santé focalisent sur la longévité du citoyen et la
disparition de certaines maladies, occultant la triste réalité»,
soulignera-t-il. En guise d’illustration, il donnera l’exemple de la campagne de
vaccination contre la grippe porcine qui s’est faite dans l’anarchie et la
confusion. Le président du SNPSP n’écartera pas la suspension du service minimum
au niveau des hôpitaux, ajoutant que les ponctions sur salaires ne l’effrayaient
pas.
«Souvent, le médecin est
confronté à des problèmes médico-légaux. L’épée de Damoclès est en permanence
suspendue sur sa tête. S’il commet une erreur, il ne pourra que payer. Cet état
fait que la profession de médecin est spécifique. Le médecin exerce sous une
énorme pression. Mais ça, la tutelle n’en a cure», conclura le Dr
Yousfi.