Photo : Riad
Par Karima Mokrani
La Coordination nationale autonome des étudiants (CNAE) se mobilise pour la marche de mardi 12 avril, de la Grande-Poste d’Alger au palais du gouvernement. Les étudiants constituant le noyau de la nouvelle organisation autonome ne lâchent pas prise. Ils sont décidés à aller au bout de leur action, même si l’adhésion au mouvement n’est pas aussi importante que la nécessité de sa mise en œuvre effective. La marche sera interdite, c’est une évidence, et le nombre d’étudiants devant y participer est une inconnue. N’empêche que les étudiants à l’origine de l’appel seront au rendez-vous et marqueront de leur voix et de leur présence l’événement. Ils y tiennent. C’est leur manière d’exprimer leur ras-le-bol de leur situation socio-pédagogique et leur désarroi face à une crise qui va en s’amplifiant à l’université algérienne. Lors d’une conférence de presse organisée hier à l’Iniversité de Bouzaréah, des membres actifs de la CNAE ont dénoncé des tentatives d’intimidation envers quelques animateurs du mouvement, dans plusieurs universités
du pays. Ils se sont aussi élevés contre la violation des franchises universitaires pour faire reculer un mouvement jeune et «décidé».
Farid, étudiant en troisième année français, système classique, affirme sa détermination à maintenir la grève illimitée au sein de l’Université de Bouzaréah : «C’est en maintenant la protestation que nous contraindrons les services de l’administration et ceux du ministère de tutelle à prendre sérieusement en charge nos revendications.» Et pour le spectre de l’année blanche ? «Ce n’est pas parce qu’il y a risque d’aller vers une année blanche que nous abandonnerons notre lutte pour des revendications justes et légitimes. Il est vrai qu’il y a le risque d’une année blanche, mais pire qu’une année blanche, il y a l’avenir noir. C’est tout l’avenir de l’étudiant et de l’université algérienne qui est en péril. Nous sommes obligés de réagir avant que les conséquences ne soient encore plus grandes.»
Farid énumère les revendications de la CNAE : démocratisation de l’université algérienne (élection des responsables de l’université, à savoir les recteurs, les doyens, les chefs de département, prise de décision avec concertation entre différentes parties qui composent la communauté universitaire), reconnaissance des comités autonomes comme seul et unique représentant légitime des étudiants, dissolution des organisations satellites, unification de la carte de l’étudiant avec accès libre à toutes les universités, ainsi qu’à toutes les résidences universitaires, tenue d’états généraux de l’université pour l’évaluation des deux systèmes, élaboration des textes régissant les deux systèmes avec concertation des acteurs concernés, maintien des deux systèmes en laissant à l’étudiant le choix de s’inscrire dans l’un ou l’autre, réouverture des concours de magister avec plus de postes, accès au master I et II sans conditions pour tous les titulaires d’une licence, ouverture de nouvelles filières dans les universités en fonction de la demande, réouverture du département de traduction au niveau national, valorisation des diplômes universitaires et des instituts et leur reconnaissance par la Fonction publique, réhabilitation de l’école CAPA au niveau de toutes les universités conformément à l’ancienne loi, avec accès sans conditions, postes d’emploi décents pour tous les étudiants diplômés, accès aux postes d’enseignement secondaire pour les titulaires d’une licence, généralisation des langues étrangères dans les enseignements moyen, secondaire et universitaire, création de centres de recherche et décréter l’enseignement du service public comme constante nationale.La CNAE appelle aussi à l’augmentation de la bourse universitaire à 15 000 DA par trimestre, l’amélioration du transport universitaire, la réduction des prix du transport en commun et l’assurance des déplacements pour les étudiants du Sud.