A part la Sonatrach qui
renflouait les caisses de nombreuses associations de l’élite et d’autres paliers
compétitifs, l’investissement dans le sport est demeuré inactif, en tout cas
pauvre par rapport aux ambitions d’une jeunesse avide d’exploits et d’un pouvoir
en quête de paix sociale. Ce n’est que dix ans plus tard qu’une première bouffée
d’oxygène est lancée en direction des principaux clubs algériens de football par
le truchement de l’empire Khalifa. L’entrée en matière, fracassante, de la
compagnie aérienne (Khalifa Airways) ou carrément le «Groupe Khalifa» dans le
financement des clubs et de la Fédération a redonné une certaine vitalité au
sport-roi. Même si les résultats n’étaient pas au rendez-vous, les associations
sportives et la Fédération se targuaient de vivre dans une certaine opulence
comparativement à la décennie précédente. La disparition programmée de ce
sponsor trop généreux s’est produite au moment où l’opérateur de téléphonie
mobile, Djezzy, faisait son apparition sur les maillots de nos clubs de
football. Une bonne douzaine d’entre eux ont accepté (avaient-ils le choix de
faire autrement ?) de véhiculer l’image de l’entreprise de l’Egyptien Nadjib
Sawaris. D’autres secteurs de l’activité économique ont tenté de se mouiller
mais leur expérience manquant d’imagination mais surtout d’une couverture
juridique sera, soit de courte durée ou, souvent, infructueuse. Les exemples de
quelques industriels en électroménager et de quelques revendeurs d’accessoires
de téléphonie mobile, le football algérien, tel que conçu et pratiqué, n’est pas
porteur. Soudain, Nedjma arrive, «requalifie» les Verts, Djezzy plonge dans
l’oubli tandis que Mobilis entre en jeu et prépare ses surprises. Le football,
si magique sur un rectangle vert, ouvre un nouveau front. La guerre des puces ne
fait que commencer.
M. B.
IL EST
ACTUELLEMENT LE NOUVEAU POURVOYEUR DE LA FÉDÉRATION ET DES CLUBS DE L’ÉLITE
Un investissement gagnant
Mars 2009, la Fédération algérienne de football décide de
rompre son contrat avec Djezzy et part à la conquête d’un nouvel opérateur,
Nedjma, qui s’intéresse, depuis peu, aux supports sportifs pour étendre son
hégémonie sur le marché. Les nouveaux partenaires du football cassent leur
tirelire. C’est plus de 450 millions de dinars qu’ils mettent dans la cagnotte.
Le 10 mars dernier, le football algérien a reçu une grande bouffée d’oxygène.
Partenaire de la sélection nationale, de la Fédération algérienne et de
nombreuses autres formations du pays, à savoir la JSM Béjaïa le CR Belouizdad,
derniers détenteurs du trophée national en 2008 et 2009, mais également du CA
Bordj Bou- Arréridj, le MC El-Eulma et le MSP Batna, nouveaux promus parmi
l’élite, et l’ASM Oran, club formateur par excellence, Nedjma a misé gros et ne
semble pas regretter son choix. Ses différents investissements, en matière de
sponsoring sportif, ont été une réussite, une très belle et fructueuse réussite
même. Outre les deux trophées nationaux remportés par la JSMB et le CRB, les
autres supports football d’El-Wataniya n’ont pas déçu. Mieux, les Verts de Rabah
Saâdane, absents du circuit international depuis 23 ans et du concert
continental depuis Tunisie-2004, reviennent fort. C’est le parachèvement d’une
œuvre, il est vrai, construite sur des bases professionnelles exigeant de gros
moyens financiers, en plus d’un savoir à la mesure de l’ambition. Nedjma qui
vient de conclure une nouvelle pêche miraculeuse en débauchant le double
champion arabe, l’ES Sétif a convenu de redonner au sport-roi une autre
dimension, une envergure telle que les plus sceptiques mesureront, dans un
proche avenir, l’impact (recherché) que le sponsor majeur de la FAF veut
atteindre. Le choix d’une épreuve aussi populaire que la Coupe d’Algérie,
devenue une marque de fabrique 100% Nedjma qui a obtenu l’exclusivité de cette
compétition, au cours de laquelle les clubs, les arbitres et tout le décor lié à
l’événement, passent à l’Orange est une autre manière de soigner et sa propre
silhouette et celle d’une pratique qui virait dangereusement vers le rouge.
C’est cette perspective qui poussera Nedjma à exploiter l’image du Championnat
national de première division. La Ligue nationale et les clubs qui lui sont
affiliés percevront une manne estimée à 65 millions de dinars pour la seule
saison en cours (2009- 2010). Ce qui n’est pas rien sachant que la (seule)
gestion de la compétition de l’élite a besoin de moyens conséquents en termes de
prise en charge des officiels (arbitres, délégués de match etc.) et de toute la
logistique administrative qui en découle.
Le soutien
individualisé et les jeunes
Le soutien en continu de la
réhabilitation du football national n’a pas épargné les jeunes catégories, dans
la mesure où l’opérateur de téléphonie mobile accompagne la sélection U16 dans
sa préparation aux prochaines échéances internationales. Même l’association de
proximité, la Radieuse (Oran) a eu sa part du gâteau en recevant le soutien
financier et matériel de Nedjma qui prendra à sa charge toutes les actions à
caractère social et caritatif engagées par ses supports dans le monde du sport
et du football en particulier. L’argent n’étant qu’un outil pour faire avancer
les projets, Nedjma fera du collectif et de l’individuel un axe très précieux
dans sa démarche. Aussi, le Chabab de Belouizdad a bénéficié, quelques semaines
après son sacre en Coupe d’Algérie d’un bus flambant neuf. L’entreprise s’est,
au titre de l’exploitation individualisée de l’image des stars, associée à une
icône du football mondial, le Français d’origine algérienne, Zinedine Zidane
puis s’est attachée les services des nouvelles vedettes de l’EN d’Algérie Yazid
Mansouri, Nadir Belhadj, Rafik Djebbour, Abdelkader Ghezzal, Karim Matmour,
Mourad Meghni et le gardien Lounès Gaouaoui. La vieille garde qui a participé à
l’épopée de Gijon n’a pas été oubliée. Les gloires de 1982 ont eu leur spot dans
lequel les Fergani, Belloumi, Kouici et autres Mansouri (Fawzi) et Korichi,
passaient le témoin à la nouvelle cuvée de Rabah Saâdane. Pour boucler la
boucle, Nedjma financera une partie du package des fans algériens partis
encourager les Verts à Omdurman (Soudan). Au bout : une qualification mémorable
au Mondial-2010. L’année 2009 aura été, somme toute, celle du retour de l’EN au
sommet (26e au classement Fifa). Ce n’est pas un fait du hasard. Nedjma a
éclairé le chemin des Verts pour South Africa.
M. B.
LE BRAS DE FER FAF-CLUBS CONNAÎT SON
ÉPILOGUE
Le fair-play de
Djezzy
La Coupe d’Algérie 2009-2010 n’est plus sous
la menace du boycott. Les clubs sponsorisés par Djezzy devront prendre part à la
48e édition du trophée « Mohand-Maouche » . Djezzy, leader de la téléphonie
mobile, vient, en effet, d’autoriser les clubs qu'il sponsorise à s’engager dans
cette compétition, parrainée par Nedjma, en dépit du contrat d'exclusivité de
porter le logo Djezzy dans toutes les compétitions. La décision a été prise,
selon des responsables d’Orascom Telecom, pour trois raisons. «Outre l'intérêt
et le respect que porte Djezzy aux clubs qu'il sponsorise, étant donné qu'ils
ont été nos partenaires durant de longues années, Djezzy n'a jamais laissé
tomber ses partenaires, quelle que soit la circonstance. Ceci est la culture
générale d’OTA, celle de rester de bons partenaires dans toutes les situations»,
nous confie notre source, qui confirme la décision de Djezzy de laisser les
clubs qui sont encore sous contrat, à savoir la JS Kabylie, le MCA, l’USM Alger,
le MC Oran et l’ASO Chlef, concourir durant cette épreuve. Et d’affirmer :
«Notre désir de rendre les supporters de ces clubs heureux et d'apprécier de
voir leurs clubs jouer la Coupe d'Algérie, même s'ils ne portent pas le logo
Djezzy, est plus important.» Une démarche, précise-t-on de même source, qui
prouve la sincérité d’OTA à demeurer ce support qui a osé courageusement
accompagner le football à travers la Fédération, ses clubs et les cadres de la
sélection nationale (Djezzy est détenteur d’un contrat d’exploitation des images
de Saïfi, Ziani, Yahia et Bougherra) en dépit de la conjoncture défavorable et
des mauvaises performances des représentants algériens aux différentes
manifestations régionales et internationales. «Pour l'intérêt du football
algérien, notre souhait est que les bonnes relations et l'unité continuent à
régner au sein de l'environnement du football algérien», mettra en exergue Tamer
el Mahdi, le directeur général d’OTA, qui révélera qu'il était nécessaire
d'apaiser les tensions. «Dans le but de soutenir le succès continuel et l'unité
du football algérien, nous devons éclaircir le fait que si les 5 équipes ne
portent pas le logo Djezzy, durant les matches de Coupe, cela ne signifie pas
pour autant que Djezzy n'est pas leur sponsor mobile exclusif. Djezzy continuera
à bénéficier de tous les droits de sponsoring avec ces équipes comme le
stipulent nos contrats avec celles-ci». Voilà une histoire qui a commencé mal,
des clubs ayant menacé de boycotter la Coupe cette année alors l’ESS, un des
clubs sous l’autorité de Djezzy, ayant décidé de rompre unilatéralement le
contrat (valable jusqu’en 2013) avec Djezzy, est allée monnayer son image avec
Nedjma, qui finit bien au grand bonheur des sponsors et des supporters.
M. B.
IL A OPTÉ POUR DES CLUBS DE
SECONDE ZONE
Mobilis prépare sa
«surprise»
Le troisième opérateur
de téléphonie mobile à s’inscrire sur le circuit du football, en sponsorisant
certaines équipes de l’élite (NAHD, MCEE et USMH) et de division deux (ESM), est
Mobilis, qui se lance dans la bataille par la petite porte, mais qui vise le
gros lot, dès le mois d’avril prochain. Des informations crédibles donnent, en
effet, le nom de Mobilis comme étant le prochain partenaire de la Fédération
algérienne de football. L’opérateur historique est, dit-on, décidé à mettre le
paquet pour s’associer à la FAF et accaparer l’image resplendissante des Verts
qui, au lendemain de la CAN-2010, se mettront dans le bain du Mondial, prévu en
Afrique du Sud. Comment réussir un tel pari sachant que le football est déjà
parrainé par un autre opérateur, Nedjma en l’occurrence, qui a pris le soin de
signer un long bail avec la FAF ? Les prochaines semaines apporteront leur lot
d’informations et de surprises. Le bouche à oreille fonctionne tellement bien
que des sources affirment que le parrainage de la FAF par Mobilis est «acquis».
M.
B.