GBAGBO Out ? KADHAFI OUT ?
Côte d'Ivoire: juste avant la chute, Gbagbo refuse de reconnaître sa défaite
Des membres des forces pro-Ouattara se préparent le 5 avril 2011 à Abidjan pour "l'assaut final" pour faire tomber Laurent Gbagbo (Photo /AFP)
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Le président ivoirien sortant Laurent Gbagbo refusait toujours mardi de reconnaître sa défaite malgré l'écroulement de son régime et la demande de cessez-le-feu de son armée, terrassée par des frappes de la France et de l'ONU et l'avancée des forces d'Alassane Ouattara. Alors que la France et l'ONU exigent qu'il signe un document dans lequel il renonce au pouvoir et reconnaît son rival comme président, il a averti qu'il n'en était pas question. Mardi 05 avril 2011, 21h59
"Je ne reconnais pas la victoire de Ouattara. Pourquoi voulez-vous que je signe ça ?", a-t-il lancé mardi lors d'un entretien sur la chaîne française LCI.
Le commandant Issiaka Ouattara Watao (D) des forces pro-Ouattara et ses hommes sur préparent à Abidjan pour "l'assaut final", le 5 avril 2011 (Photo /AFP)
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Après des jours de combats à l'arme lourde qui ont fait des "dizaines de morts" à Abidjan selon l'ONU, et une sanglante crise post-électorale de quatre mois, les armes se sont quasiment tues dans la métropole ivoirienne. "Il y a un arrêt des combats mais il y a des tirs sporadiques de la part de groupes de jeunes qui ne font pas partie" des forces belligérantes, a indiqué la mission onusienne Onuci. Quelques tirs d'armes lourdes ont notamment retenti dans le quartier de Cocody (nord), qui abrite la résidence présidentielle. Les habitants, dans leur immense majorité terrés chez eux, restaient suspendus à l'annonce de la fin de l'ère Gbagbo, tandis que la télévision TCI du camp Ouattara diffusait des extraits de "La chute", film sur les derniers jours d'Adolf Hitler. "Retranché" d'après les Nations unies dans un "bunker" au sous-sol de sa résidence, autour de laquelle avaient convergé dans la matinée les combattants du président reconnu par la communauté internationale Alassane Ouattara, Laurent Gbagbo s'obstinait. "Je trouve absolument ahurissant que la vie d'un pays se joue sur un coup de poker de capitales étrangères", a-t-il lâché.
Carte de Côte d'Ivoire et plan d'Abidjan situant les attaques contre les forces pro-Gbagbo (situation mardi 05/04 à 15h00 GMT) (Photo /AFP)
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"Je sors d'un culte pour prier, pour que la sagesse habite les uns et les autres, pour que l'on discute", a encore déclaré ce fervent chrétien évangélique. "Que l'on s'asseye et qu'on discute, mais on ne veut pas s'asseoir, parce qu'on compte sur les forces armées étrangères", a-t-il déploré. "Moi, je ne suis pas un kamikaze, j'aime la vie. Ma voix n'est pas une voix de martyr, je ne cherche pas la mort mais si la mort arrive, elle arrive", a-t-il encore expliqué. Il y a actuellement des "tractations" au sujet de Laurent Gbagbo mais "pas encore de reddition", a affirmé la présidence française à l'AFP. Même son de cloche du côté de l'ONU.
Selon une source proche du dossier, une autre pierre d'achoppement était la destination de M. Gbagbo: restera-t-il sur ses terres ou ce nationaliste farouche sera-t-il contraint à l'exil? Selon le Premier ministre français François Fillon, "deux généraux proches" de M. Gbagbo étaient actuellement "en train de négocier les conditions d'une reddition". Le président américain Barack Obama a appelé l'ex-homme fort d'Abidjan à "démissionner immédiatement", soutenant "fermement" les frappes de l'ONU et de la France lundi sur ses derniers bastions. Ces bombardements sur l'armement lourd des forces pro-Gbagbo avaient précipité l'effondrement de son régime, après plus d'une décennie de pouvoir et huit jours d'une offensive éclair des forces pro-Ouattara, venues du Nord. Ministre des Affaires étrangères de M. Gbagbo et proche parmi les proches, Alcide Djédjé jouait un rôle-clé dans l'épilogue en cours. Il s'est rendu chez l'ambassadeur de France, dont la résidence jouxte celle de M. Gbagbo, pour négocier un cessez-le-feu "à la demande", selon lui, du sortant. Le chef d'état-major de l'armée loyale à M. Gbagbo, le général Philippe Mangou, a peu après déclaré à l'AFP que ses troupes avaient "demandé au général commandant l'Onuci un cessez-le-feu". "Nous avons arrêté les combats", a-t-il ajouté. L'ex-opposant au "père de la Nation" Félix Houphouët-Boigny, devenu président en 2000 lors d'un scrutin déjà contesté, n'a jamais reconnu sa défaite à la présidentielle du 28 novembre 2010, un vote pourtant certifié par l'ONU. Il a toujours refusé d'abdiquer ou de partir en exil. Mais la résistance acharnée de ses troupes à Abidjan, qui comptait avant la crise environ 5 millions d'habitants, a plongé la ville dans le chaos. Le Haut commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme a fait état de "dizaines de morts" ces derniers jours dans des combats à l'arme lourde. "La situation humanitaire s'est encore détériorée et est devenue absolument dramatique à Abidjan", pour le Bureau de coordination des Affaires humanitaires des Nations unies. L'Union africaine a condamné les "abus" et les "violations des droits de l'Homme" et a de nouveau appelé à "la protection impérative de la population civile". Une polémique a enfin éclaté sur les frappes de l'ONU et de la France. Le président en exercice de l'UA, le chef de l'Etat équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema, les a condamnées et la Russie a dit étudier leur "légalité". A l'inverse, le Nigeria a soutenu cet engagement. Pour le Sénégal, autre allié majeur de M. Ouattara, l'intervention répondait à une demande de l'Afrique de l'Ouest. Côte d'Ivoire: juste avant la chute, Gbagbo refuse de reconnaître sa défaite - RECHERCHE Une Côte d'Ivoire pour deux présidents, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara Côte d'Ivoire: isolé au plan international, Gbagbo propose de "discuter" Côte d'Ivoire: course contre la montre Gbagbo-Ouattara pour le pouvoirAutour du même sujet
MARDI 05 AVRIL 2011
Libye: les rebelles reculent, accusent l'Otan de "laisser mourir" Misrata
Les rebelles libyens fuient la ligne de front vers Brega le 5 avril 2011 où les forces pro-Kadhafi les attaquent à l'artillerie (Photo Mahmud Hams/AFP)
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Le chef militaire des rebelles libyens a lancé mardi une attaque en règle contre l'Otan, l'accusant de "laisser mourir les habitants de Misrata" (ouest) sous les tirs des forces de Mouammar Kadhafi, qui ont également gagné du terrain dans l'Est, près de Brega. "La presse internationale doit soutenir avec force le peuple de Misrata et appeler (à l'aide) l'Otan qui croit nous rendre service en bombardant ici et là alors qu'il laisse les habitants de Misrata mourir tous les jours", a déclaré le général Abdel Fattah Younés lors d'une conférence de presse dans le fief rebelle de Benghazi (est). Mardi 05 avril 2011, 23h23 Misrata, troisième ville du pays, est située à 214 km à l'est de la capitale Tripoli, bastion du régime Kadhafi. Depuis plus de 40 jours, les rebelles défendent sans relâche Misrata bombardée et assiégée par les forces loyalistes. Selon les rebelles, plus de 200 personnes ont péri dans les combats.
"Si l'Otan attend encore une semaine de plus, ce sera la fin de Misrata; nous ne trouverons plus personne là-bas", a ajouté le général, ancien ministre de l'Intérieur de Kadhafi qui s'est rallié à la rébellion en février.
Des rebelles libyens à bord d'un pickup, près de Brega, le 5 avril 2011 (Photo Odd Andersen/AFP)
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Selon le chef militaire rebelle, les habitants de Misrata sont désormais menacés "d'extermination au vrai sens du terme". "L'eau y est coupée, il n'y a plus d'électricité ou de produits alimentaires, il n'y pas plus de lait pour enfants depuis 40 jours, alors que les forces de Kadhafi bombardent tous les jours maisons, mosquées et hôpitaux à l'artillerie lourde (...). Les habitants boivent de l'eau des égouts". "Si l'Otan voulait briser le blocus de la ville, il l'aurait fait depuis plusieurs jours", a-t-il poursuivi. "Tous les jours, des civils, vieillards et enfants meurent à Misrata. L'Otan n'a rien fait, il bombarde ici et là". Ces accusations d'une virulence sans précédent interviennent quelques heures après que l'Alliance atlantique eut pourtant annoncé qu'elle avait fait de la défense de Misrata sa "priorité numéro un".
Des rebelles libyens regardent la fumée s'élever au-dessus d'une cible non identifiée, le 5 avril 2011 près de Brega (Photo Mahmud Hams/AFP)
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A Bruxelles, le général néerlandais Mark van Uhm, responsable des opérations conjointes alliées, a vanté l'efficacité des frappes alliées, expliquant que l'armée de Mouammar Kadhafi avait perdu le tiers de son potentiel après 17 jours de bombardements. L'Otan avait pris le relais de la coalition multinationale le 31 mars dernier. Les avions de l'Otan ont effectué 14 bombardements lundi, a-t-il indiqué, y compris sur des défenses antiaériennes et des blindés des forces pro-Kadhafi dans la région de Misrata qui est la "priorité numéro un, en raison de ce qui se passe sur le terrain". A l'autre bout du pays, dans la bataille qui oppose depuis près d'une semaine rebelles et loyalistes près du site pétrolier de Brega (800 km à l'est de Tripoli), l'Otan a mené mardi matin un raid aérien à une trentaine de km à l'est du port. Cette frappe a détruit deux pick-up des forces loyalistes venant de l'ouest qui avaient effectué une incursion dans le secteur déserté. Le raid n'a pas fait de victimes. Les rebelles se trouvaient en fin d'après-midi à quelques dizaines de km d'Ajdabiya, reculant d'environ une trentaine de km vers l'est face aux coups de boutoir de l'armée loyaliste, selon un journaliste de l'AFP. "Il n'y a pas de révolution sans revers", a déclaré à l'AFP Moustafa Gheriani, un porte-parole du Conseil national de transition (CNT), organe représentatif des rebelles.
Il s'était pour sa part refusé à montrer du doigt l'Otan pour expliquer ces revers. "Le peuple vaincra. Kadhafi ne peut pas diriger la Libye avec sa grosse machine, ses milices et ses mercenaires... Nous sommes déterminés à combattre ce tyran, et soit on le chassera, soit il dirigera un pays vide", a-t-il ajouté. Le chef de la diplomatie française Alain Juppé a affirmé mardi que la France cherchait une solution politique au conflit. "Nous sommes en train de voir avec qui on peut travailler à Tripoli. Il va y avoir de plus en plus de défections autour de Kadhafi et il faut détecter les bons interlocuteurs", a indiqué Alain Juppé, jugeant la situation sur le terrain "confuse et indécise". Alain Juppé a enfin indiqué que la prochaine réunion du Groupe de contact sur la Libye, créé à Londres il y a une semaine, se réunirait "peut-être le 12 ou 13 avril au Qatar". Le porte-parole du gouvernement libyen avait affirmé lundi soir que le régime était prêt à négocier des élections ou un référendum notamment. "Quel système politique à appliquer dans le pays? Ceci est négociable. Nous pouvons en parler. Nous pouvons avoir tout, élections, référendum, etc.", avait déclaré Moussa Ibrahim à des journalistes. Le vice-ministre libyen des Affaires européennes, Abdelati Obeidi, a été nommé ministre des Affaires étrangères en remplacement de Moussa Koussa qui avait fait défection, a en outre annoncé mardi soir à l'AFP le vice-ministre aux Affaires étrangères, Khaled Kaïm. Mardi après-midi, un pétrolier a par ailleurs accosté à Tobrouk, dans l'est de la Libye à 130 km de l'Egypte, selon un journaliste de l'AFP. Le tanker doit charger mercredi la première cargaison de pétrole effectuée par la rébellion libyenne depuis l'arrêt total des exportations du pays, ce qui permettrait de financer l'insurrection contre le colonel Mouammar Kadhafi. Le régime autoritaire du colonel Kadhafi est la cible depuis le 15 février d'une révolte populaire qui s'est transformée en guerre civile entre insurgés et forces loyales au dirigeant.
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