L'ancien résistant, diplomate, écrivain et homme politique français, Stéphane Hessel, devenu à la fin de sa vie l'icône des «indignés», est mort dans la nuit de mardi à mercredi à Paris, à l'âge de 95 ans. Stéphane Frédéric Hessel est né en 1917 à Berlin, en Allemagne. Son père est l’écrivain et essayiste d'origine juive, Franz Hessel. Alors qu'il avait 8 ans, la famille s'installe à Paris sous l'impulsion de sa mère, Helen. Stéphane Hessel sera naturalisé français en 1937. A l'occupation allemande, il rejoint les combattants de la France libre où il est affecté au service de renseignements. Lors d'une mission, en juillet 1944, il est arrêté par la Gestapo, torturé puis envoyé à Buchenwald et Dora. Il échappe de peu à la pendaison grâce à un Allemand qui échange son nom avec celui d'un prisonnier décédé. Cette fausse identité le sauve donc de l'exécution. Lors de son transfert à Bergen-Belsen, il parvient à s’évader. Après la guerre, Stéphane Hessel débute une carrière de diplomate. En 1948, il prend part à l'élaboration de la Déclaration universelle des droits de l'homme. En 1971, il sera nommé sous-directeur du Programme des Nations unies pour le développement. Cette inclination à défendre les causes humanitaires le conduit à s'engager politiquement (à gauche). fréquente les cabinets ministériels comme celui de Pierre Mendès France, auquel il voue une grande admiration, en 1954. En 1990, il est membre du Haut-Conseil de l'intégration et en 1995, il intègre, sous le gouvernement Juppé, le collège des médiateurs dans l'affaire des sans-papiers de l'église Saint-Ambroise à Paris. Sa dernière fonction officielle fut celle de représenter la France à la conférence de 1993 sur les droits de l'homme à Vienne. Après sa retraite, il reste ancré à gauche, soutenant Europe Écologie lors des élections européennes de 2009 et la candidature de François Hollande en 2012. Ses positions pro-palestiniennes lui attirent des critiques et en 2010, le bureau de vigilance contre l'antisémitisme dépose une plainte contre lui pour «provocation à la discrimination, la haine et la violence», après qu'il ait appelé au boycott, au désinvestissement et aux sanctions contre Israël. En 1997, Hessel avait publié son autobiographie Danse avec le siècle (Seuil). Elle parle d'un enfant du XXe siècle engagé de plain-pied dans l'histoire. Son opuscule Indignez-vous !, publié en 2010, le remet sur les devants de la scène médiatique en devenant un énorme succès de librairie. Ce livre à 3 euros publié par une petite maison d'édition toulousaine se vend à 4 millions d'exemplaires dans une centaine de pays et inspire les mouvements d’indignés en Europe et en Amérique. Stéphane Hessel est resté un homme engagé jusqu'au bout, cultivant l'optimisme en l'homme là où beaucoup d'autres auraient pu succomber au cynisme et au pessimisme. K. B.
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