De nos envoyés spéciaux au Caire, Mohamed Bouchama et
Walid Triaa
Près de l’exploit.
L’Algérie rêve depuis 23 ans de la phase finale d’une Coupe du monde. Hier, en
Egypte, son rêve entretenu pendant 95 minutes s’est envolé en l’espace de
quelques secondes. L’Egypte a obtenu son 2 à 0 qui l’autorise à jouer les
prolongations du rêve sud-africain. Les Verts ont basculé entre deux sentiments
: la fête puis la désillusion. Omdurman sera-t-elle la bataille gagnée des
Algériens ? Rendez-vous le 18 novembre. La première période est mal engagée par
la troupe à Saâdane. A peine deux petites minutes et la première hésitation de
l’axe défensif offre à Amr Zaky l’occasion d’ouvrir le score au profit de
l’Egypte dans un indescriptible délire. Les Verts semblaient somnoler sur la
tentative de Zidan dont le tir est repoussé par Gaouaoui sur Aboutreika lequel
reprend le cuir et se dirige au fond avant que l’attaquant du Zamalek, en quête
de buts depuis son retour de Wigam, ne l’accompagne à l’intérieur de la cage
algérienne. Le stade du Caire s’enflamme. Les Algériens paniquent et se mettent
en danger. On joue la 10’, le temps avance lentement pour les nôtres, Aboutreika
hérite d’un coup franc à gauche des bois de Gaouaoui. Son essai pousse les
défenseurs algériens à la cafouille. Zidan frappe le poteau, le cuir revient au
point de penalty, nouvelle tentative de Zidan, moins précise et molle. Yahia
dégage sur sa ligne. L’EN qui avait chaud brûle à la braise des enfants d’El-
Mistakawi. C’est pourtant l’un des derniers moments de panique pour la troupe à
Saâdane qui relève la tête. Lentement, timidement mais sûrement. Ziani tire un
coup franc à droite d’El-Hadary. Sans effet notable ? Un autre coup franc, six
minutes plus tard, à partir de la gauche, botté par Belhadj trouve le crâne de
Yahia dont la reprise est repoussée sur la ligne par Al-Saka (18’). Le match
s’anime. Bezzaz poursuit son échauffement à côté de Gaouaoui qui n’est plus
aussi sollicité depuis une bonne vingtaine de minutes. Les Algériens par leur
lutin, Karim Ziani, reprennent leurs esprits. Une bonne fois pour toutes. Ils ne
sont pas bénis, malheureusement dans les derniers instants de ces quarante- cinq
minutes infernales pour les nerfs. A la 35’ de jeu, un énième coup franc à près
de 40 mètres d’El-Hadary, toujours à sa gauche, est tiré par Belhadj. Là aussi
les Pharaons ont la baraka de leur gardien qui mérite bien une statue au vu de
sa performance d’hier. Le gardien d’El-Ismaili repousse le ballon qui filait au
coin des filets du bout des doigts en corner. Ce n’était pas la dernière chaude
alerte algérienne de ce half fou, fou, fou. Un coup franc accordé durant la
seconde minute du temps additionnel est botté par Ziani longuement sur Halliche
qui remet dans le paquet où se trouvait Matmour dont la reprise est sauvée en
deux temps par El-Mohammadi. L’Egypte est sauvée par le gong. Les Verts
rentraient tête baissée dans les vestiaires. Ils venaient de gâcher des
occasions qui ne présenteraient peut-être pas en seconde
mi-temps.
Les nerfs à bout de… Motaeb
La
seconde période s’élance avec un changement côté algérien. Bezzaz rentre à la
place de Matmour, blessé et dans une petite forme. Les Verts sont plus que
jamais dans le match. Saifi a la balle de la qualification quand il se retrouve,
suite à un service lobé de Bezzaz, devant El- Hadary. Son lobe intelligent est
intercepté par l’extraordinaire gardien égyptien. Le combat physique est inégal.
Bezzaz apporte sa fraîcheur et sa mobilité. Il se joue des défenseurs comme des
marionnettes. Sa chevauchée solitaire ne trouve pas le bon pied de Saifi (63’).
L’attaquant d’Al-Khor, lui aussi blessé, quitte ses partenaires. Il cède sa
place à Ghezzal. L’avant-centre de Sienne sera utile dans la récupération mais
rarement sollicité dans les espaces, il subira le même sort que Saifi. La fin du
match approche et les Egyptiens copieusement dominés durant un quart d’heure
reprennent l’initiative. El-Mohammadi et Emad Motaeb étaient près de conclure
n’étaient les interventions de Gaouaoui (79’ et 83’). Le stade commence à se
vider. L’arbitre sud-africain annonce le temps additionnel. Six longues minutes
à supporter. La dernière fut fatale à l’Algérie qui préparait déjà sa grande
fête. Une mauvaise relance suivie d’une hésitation de Gaouaoui et voilà
l’attaquant d’El-Ahly qui assure le match barrage à son pays en reprenant au
fond. Le camp algérien s’écroule. Omdurman départagera les deux sélections pour
un ticket qui était dans la poche.
M. B.
L’équipe nationale à Khartoum
L’équipe nationale devait, dès la fin du match hier, prendre
l’avion en direction de Khartoum (Soudan) pour jouer, mercredi prochain, le
match qualificatif pour la Coupe du monde 2010. A en croire certaines sources,
le séjour de la sélection nationale dans la capitale soudanaise a déjà été
préparé par le président de la Ligue nationale de football, M. Mechrara, qui y
avait été dépêché, dans la plus grande discrétion, il y a quelque jours, en
prévision de l’improbable scénario d’hier.
A. A.
Lemouchia et Gaouaoui suspendus
Le
milieu de terrain de l’ESS, Khaled Lemouchia, ne jouera pas le match de mercredi
prochain au Soudan. Il a reçu un second carton synonyme de suspension contre
l’Egypte. Mieux, le portier Lounès Gaouaoui, lui aussi averti, en fin de match
sera absent. Ce sont les deux cartons distribués par l’arbitre Jérôme
Damon.
Le stade de la
peur
Le stade de la peur n’a pas usurpé sa réputation. Le
Cairo Stadium est d’une architecture impressionnante. Il l’est aussi par les
vagues humaines qui y défilent à chaque grand événement sportif qu’organise
l’Egypte.
Hier, lors d’Egypte- Algérie, il a fait le plein quatre
heures avant le match. Quatre longues heures où les fans des Pharaons tenaient
aussi à leur réputation d’artistes semeurs de peur et d’angoisse. Ceux venus
d’Algérie ne sont pas de cette catégorie. Hitchcock n’est pas égyptien, n’est-ce
pas ? Les fans des Verts arrivés aux coups de quatorze heures, heure locale,
étaient armés de patience mais également de toute la panoplie requise pour un
tel événement. Ils sont venus d’Algérie, mais aussi d’autres contrées du monde.
Leur souci était de voir Ziani et les siens revenir au pays avec le fameux
sésame. A l’accueil des deux galeries, les forces de l’ordre. Un cordon de
sécurité est dressé depuis vendredi soir autour et à l’intérieur du Cairo
Stadium. La tension est montée d’un cran à la vue de ces agents vêtus d’une
tenue couleur bleu nuit et munis de matraques et autres armes de répression des
foules. Les classiques fouilles ne sont plus évitables. Les fans algériens sont
passés au scanner. Même les quelques dames ayant rejoint le bataillon de soutien
à Saâdane et compagnie n’ont pas échappé à la minutieuse recherche de fumigènes,
objets contondants et autre arsenal de guerre. Bien entendu, les supporters des
Verts ont fait l’objet d’une fouille draconienne à Alger et les investigations
des Egyptiens ressemblaient à la quête d’une aiguille dans une botte de foin.
Finies les recherches, direction les tribunes. « Plus haut», annoncent des
volontaires appelés à la rescousse par les organisateurs de cet Egypte-Algérie.
Des volontaires fraîchement débarqués d’une aventure haletante au cours du
Mondial des U20 organisé sous le pied des Pyramides. Le jeune guide montre le
chemin aux quelque 3 500 fans algériens. Leur tribune surplombe la loge
présidentielle. Elle ressemble à la tribune supérieure du stade du 19- Mai-56
d’Annaba. Le coucher du soleil se glisse dans le dos des Algériens. Un signe ?
La présence de ces Algériens au Caire n’aurait pas été possible si l’Algérie
n’avait pas redécouvert son équipe. En 2001 lors du fameux 5-2 des poulains
d’Al- Gohary, les joueurs d’Abdel Djadaoui étaient venus presque seuls. Juste
une quarantaine d’accompagnateurs, des journalistes pour la plupart. Huit ans et
demi plus tard, la ferveur a changé la donne. Le Cairo Stadium ne fait plus
peur. Malgré tout.
M. B.
Le centre de presse pris d’assaut par les Algériens
On dirait le centre de presse de l’Office du complexe
olympique. Celui du Cairo Stadium fut en tout cas pris d’assaut par la centaine
d’envoyés spéciaux de la presse algérienne, hier, à l’occasion du match
Egypte-Algérie. Les autres nationalités se sont contentées de miettes, à savoir
quelques postes occasionnels, sinon l’usage du Wifi dont le débit était
variable. Le réseau du Cairo Stadium basculait régulièrement du sécurisé avec
code à non sécurisé mais à la connectivité limitée. Les portables de l’opérateur
Etisalat étaient inopérants au cours de cette soirée égyptienne techniquement
ratée. Le centre de presse du Cairo Stadium a été, pour rappel, fonctionnel lors
du dernier Mondial des U20. La presse internationale était présente en force,
celle maghrébine en particulier. Les confrères marocains et libyens ont fait le
déplacement au Caire en vue de couvrir l’événement de ce
week-end.
Dérapage à M’sila
La résidence des salariés expatriés égyptiens de l’usine de
M’sila de l’Algerian Cement Company, filiale d’Orascom, a été attaquée dans la
nuit du 12 au 13 novembre courant par un groupe de personnes, en représailles à
l’agression des joueurs algériens au Caire. Malgré le saccage des appartements,
les salariés ont été évacués sans qu’il y ait de blessés, ceci grâce à
l’intervention des autorités
locales.