Dans son communiqué l’association affirme que le début du jeûne coïncidera avec le 22 août prochain, car selon la position des astres, il sera impossible d’observer le croisant lunaire, le jeudi 20 août 2009.
Tous les ans, à l’approche du mois de Ramadhan, le même débat opposant les scientifiques aux tenants de la tradition revient comme un marronnier. Pour les scientifiques, les observatoires astronomiques disposent aujourd’hui de moyens conséquents permettant de calculer longtemps à l’avance les dates de toutes les fêtes religieuses.
Pour cela, ils se réfèrent à tous les événements astronomiques comme les éclipses solaire ou lunaire annoncées longtemps avant leur avènement. C’est le cas notamment de la dernière éclipse solaire observée durant l’été 1999, et que les astronomes avaient annoncée en 1949 soit 50 ans auparavant.
Cet exemple est cité par ceux qui défendent l’option du calcul des dates des fêtes religieuses. Pour cette catégorie de personnes, le calcul offre de nombreux avantages : les dates étant connues d’avance, les administrations et les citoyens réagiront en conséquence. Ils affirment que la détermination des évènements religieux grâce aux calculs astronomiques n’est pas une option antireligieuse, car la science peut être considérée comme une vision du moment qu’elle se base sur des certitudes. Cette année aussi, l’association Sirius d’astronomie rend public un communiqué où elle annonce la date du début du Ramadhan selon des calculs réalisés par des scientifiques.
Les responsables de cette association expliquent que la conjonction du mois lunaire (Ramadhan), aura lieu le jeudi 20 août à 11h20, heure algérienne, ce qui rend impossible la vision du croissant lunaire le soir du même jour. Le même communiqué relève que dans les pays où le 29 chaâbane coïncidera avec le vendredi 21 août, l’observation du croissant lunaire sera possible et cette fois aussi le début du Ramadhan sera le 22 août. Les rédacteurs du communiqué tiennent, toutefois, à rappeler que seul le comité des croissants lunaires du ministère des Affaires religieuses et des Waqfs est habilité à émettre la fatwa sur la date effective du début du Ramadhan. Justement pour les tenants de la tradition pure et dure, rien ne remplacera la vision du croissant lunaire. Pour eux le hadith du Prophète : “Jeûnez à sa vision et mangez à sa vision” est clair et ne prête à aucune équivoque. Les tenants de la tradition rappellent que puisque le Prophète nous a demandé de ne débuter le mois du Ramadhan qu’à la vision du croissant lunaire, tout musulman doit respecter ce précepte.
Pour les rigoristes, la religion doit être respectée comme elle le fut par le Prophète et ils n’admettent aucun changement. Les tenants du progrès rétorquent en évoquant l’usage par les mosquées des haut-parleurs pour l’appel à la prière et les horloges pour la détermination des horaires de prières. Ils estiment que du temps du Prophète, le muezzin n’utilisait que sa voix pour appeler les fidèles et il se servait du soleil pour les horaires de la prière. Les modernistes tiennent à l’introduction des bienfaits de la science dans la religion. Ils affirment à cet effet que grâce au recours au calcul pour la détermination des horaires de prières, les musulmans s’organisent mieux. Ils peuvent ainsi vaquer à leurs occupations et à l’heure de la prière, ils se rendent à la mosquée.
En effet, si chaque imam devait agir comme à l’époque du Prophète, c’est-à-dire déterminer l’heure des différentes prières selon la position du soleil cela créerait une véritable anarchie, car l’acuité visuelle de chaque imam serait alors déterminante. De toutes les manières cette année aussi, le début du Ramadhan comme sa fin seront des causes de polémiques où chaque partie, forte de ses arguments, défendra sa conception des choses.
Les religieux soutiendront que chaque musulman est tenu de respecter à la lettre le Coran et les hadiths, donc pour eux la vision du croissant lunaire est indispensable. Pour les modernistes, le calcul astronomique des événements religieux est possible et précis, c’est pourquoi ils réclament le recours à cette option qui n’est nullement antireligieuse.
D. A.