L'audience a été expédiée. Après une journée seulement de procès, l’ancien président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali et sa femme Leïla Trabelsi ont écopé d’une peine de 35 années de prison assortie d’une amende de 91 millions de dinars (46 millions d’euros) pour détournement de fonds publics.
Trente-cinq ans de prison alors que les peines prévues pour les crimes des Ben Ali jugés lundi s'échelonnaient de 5 à 20 ans de prison "seulement" : la sentence est sévère. D'autant plus que ce qu'on leur reprochait alors semble mineur au regard de l'ensemble des 93 chefs d’accusation retenus contre eux...
L’avocat libanais de Zine el-Abidine Ben Ali, Me Akram Azoury, estime quant à lui que ce "verdict est une plaisanterie": "Ce jugement est plus proche de la compétition de Formule 1 avec un seul participant que d’une cour de justice", ironise-t-il lors d’une interview téléphonique accordée à FRANCE 24.
À la demande de la défense, l'examen d'un second chef d'accusation a été repoussé au 30 juin. À cette date, Ben Ali devra répondre de "trafic, usage et détention de stupéfiants" et "détention illégale d’armes" découvertes dans son palais de Carthage. L'ancien président sera également jugé ultérieurement pour homicides volontaires, tortures et trahison, des chefs d’accusation passibles de la peine de mort devant un tribunal militaire.
S'il est condamné, les chances que Zine El-Abidine Ben Ali purge sa peine restent toutefois très minces.D'une part parce que si l'ancien président décidait finalement de se présenter devant la justice tunisienne, la peine prononcée contre lui par contumace serait automatiquement annulée pour qu'il soit rejugé. D'autre part parce qu'un retour de M. Ben Ali en Tunisie est aujourd'hui une option peu envisageable.
Le climat politique qui règne dans le pays depuis la révolution le condamne, de facto, à l'exil : "Tant que la présomption de culpabilité sera retenue contre lui, l'ancien président ne reviendra pas. En revanche, dès que la présomption d’innocence prévaudra, il reviendra et se présentera devant la justice", explique encore Me Azoury.