$ Les cours
reprendront demain sur fond de deuil national La Tunisie tente de renouer avec la
normalité22-01-2011
Synthèse de Mekioussa
Chekir
Très
attendu par les Tunisiens, le premier Conseil des ministres de l’ère post-Ben
Ali qui s’est déroulé jeudi dernier a été sanctionné par des annonces
importantes. Un projet de loi d’amnistie générale a été adopté lors de cette
réunion et sera présenté au Parlement, a annoncé le ministre du Développement,
Ahmed Néjib Chebbi, à la presse. Cette amnistie, a-t-il précisé, inclura
également les islamistes du mouvement tunisien interdit Ennahdha.
Quant aux cours dans les écoles et universités, suspendus depuis le 10 janvier,
ils reprendront demain. Le gouvernement a également décidé de supprimer la
police politique des universités, traditionnels foyers de contestation, «en
respect du principe d’inviolabilité des campus». Il a été aussi décidé que
l’Etat prendrait possession des «biens mobiliers et immobiliers du
RCD», dont le sigle a été arraché jeudi dernier de la façade du siège du parti,
sous le regard ravi d’un millier de manifestants, a observé l’AFP. Et c’est en
vertu de cette décision qu’est lancée une véritable chasse à l’immense fortune
et aux biens acquis par la famille du Président, mais aussi et surtout ceux
amassés par le clan Trabelsi tout au long des 23 ans du règne de celui qui est
désormais considéré comme l’ex-dictateur de Tunisie. Les milliers de
manifestants tunisiens qui ont investi la rue ont exigé que tout l’argent mal
acquis leur soit restitué car appartenant avant tout au peuple. C’est ainsi que
le porte-parole du gouvernement provisoire, Tayeb Bakkouche, a annoncé jeudi la
restitution à l’Etat de tous les biens mobiliers et immobiliers qui
appartenaient au Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), véritable
parti-Etat de l’ex-Président. Cette décision fait suite à la promesse du
«gouvernement d’union nationale» formé lundi dernier par le Premier ministre
Mohammed Ghannouchi de procéder à la séparation de l’Etat et du RCD, dont le
bureau politique a été dissous suite à la démission de plusieurs de ses membres.
Pour rappel, huit ministres du gouvernement d’union nationale, issus de ce
parti, ont déjà démissionné de leurs responsabilités au sein de cette formation.
Le président tunisien par intérim, Foued Mebazaa, et le Premier ministre,
Mohammed Ghannouchi, avaient démissionné, quant à eux, mardi, et ont annoncé la
radiation des rangs du RCD de l’ex-président Zine El Abidine Ben Ali. Par
ailleurs, la polémique enfle autour de la fameuse quantité d’or qu’aurait prise
Mme Leïla Ben Ali en fuyant la Tunisie : après confirmation de cette information
à la lumière de l’estimation donnée en décembre dernier par le Conseil mondial
de l’or (CMO) reposant sur des chiffres d’octobre du Fonds monétaire
international (FMI), elle a à nouveau été démentie à l’AFP hier par une source
de la Banque centrale de Tunisie (BCT) ayant requis l’anonymat. Précisant que la
réserve stratégique d’or de la Tunisie est de 6,8 tonnes, cette source a fait
savoir qu’elle est inchangée depuis vingt ans. La chaîne de télévision TF1 et le
journal Le Monde avaient annoncé que l’épouse de l’ancien dictateur tunisien se
serait enfuie avec 1,5 tonne d’or, sous forme de lingots, d’un montant évalué à
45 millions d’euros. Deux commissaires aux comptes internationaux sont
actuellement en train de procéder à un audit des réserves de la BCT et le
résultat préliminaire ne montre aucune variation du stock d’or, fait encore
savoir l’AFP. Ces dernières heures, les chaînes de télévision étrangères
passaient en boucle les images de certains biens saisis appartenant aux Ben Ali
et Trabesli. Dans le cadre de la transition entamée par le «gouvernement d’union
nationale», trois commissions devaient se réunir pour la première fois hier.
L’une est chargée de préparer des élections «d’ici six mois», la
deuxième d’enquêter sur la répression policière et la troisième sur la
corruption de l’ancien régime.
Deuil de
trois jours Une semaine, jour pour jour, après la chute du
régime autoritaire honni du président Ben Ali, la Tunisie observait hier un
premier jour de deuil national en mémoire des victimes du soulèvement populaire
- une centaine de morts selon l’ONU -, en ce vendredi de prière dans
les mosquées. Le ministère des Affaires religieuses avait appelé les imams
prédicateurs de toutes les mosquées du pays «à effectuer la prière de l’absent,
après la prière du vendredi, à la mémoire des martyrs de la révolution du peuple
tunisien», rapporte
l’AFP. | | | |