Transactions vers des paradis fiscaux dévoilées: la planète ébranlée
Transactions vers des paradis fiscaux dévoilées: la planète ébranlée
Hier à 15h06. Publié par Heidi
C'est une fuite informatique qui va secouer le monde de la finance: 2,5 millions de fichiers qui proviennent de sociétés offshore situées dans des lieux biens connus de l'évasion fiscale. Toutes ces données ont été analysées par 86 journalistes à travers le monde. Résultat : des millions de transactions vers des paradis fiscaux sont dévoilées. La planète entière est concernée...
L'information circule depuis minuit sur les sites internet des médias impliqués dans cette révélation. Le Soir en Belgique mais aussi The Guardian, la BBC, Radio Canada, l'Espresso en Italie, des médias en Thaïlande, en Afrique du Sud ou encore en Russie.
Sont concernés: des entreprises mais aussi des particuliers dans 170 pays différents qui ont tenté de cacher leur argent en toute discrétion. Selon Le Soir, des Belges seraient impliqués. Des diamantaires anversois notamment, des gérants de banques, des laboratoires pharmaceutiques, des conseillers fiscaux des trois Régions du pays, des cadres de banques et des anonymes partout en Belgique. Des résidents bruxellois, ucclois, dinantais ou de Waterloo en Brabant wallon seraient aussi repris dans le lot.
Tout cela reste encore assez flou. Mais on sait que la fuite a eu lieu fin 2011. Il s'agit 2,5 millions de fichiers appartenant à 120 000 sociétés offshore.
Alain Lallemand, journaliste au Soir, explique: "La première fuite, elle est arrivée il y a un peu plus d'un an et demi sous forme d'un disque dur, une sorte de mode d'emploi, dans les mains d'un journalisteaustralien, qui est membre, directeur d'un réseau international de journalistes".
Collectionneurs d'art, hommes politiques, entrepreneurs...
Deux millions de courriels et autres documents, provenant essentiellement de Iles Vierges britanniques, attesteraient de la présence dans des paradis fiscaux de quelques 32 mille milliards de dollars, estime un spécialiste de le bureau de conseil McKinsey.
Ces documents ont donc abouti entre les mains du consortium international pour le journalisme d'investigation à Washington. Le consortium a délégué l'analyse de ces documents à 86 journalistes à travers le monde. Le résultat doit être publié ce jeudi.
Les conséquences notamment politiques pourraient être explosives. "Il y a des conséquences politiques déjà connues, notamment pour les ayants droits de la fortune disparue des Marcos. Les Philippines ont donc déjà dit qu'ils étaient intéressés à retrouver cette fortune disparue pour la restituer au Trésor public. Il y a des conséquences également pour la manière dont la fortune de Mugabe au Zimbabwe a disparu, on retrouve un officiel de très haut rang en Thaïlande qui a servi d'homme de paille. Je suppose également que quand on retrouve les comptes offshores avec Dubai de diamantaires anversois indiens, on peut se poser des questions sur les échanges qui ont lieu entre les places diamantaires d'Anvers et de Dubai..."
De l'époux d'une sénatrice canadienne à la plus riche collectionneuse d'art espagnole, la baronne Carmen Thyssen-Bornemisza: la divulgation des noms des détenteurs de ces comptes se fait déjà au compte-goutte. Le président d'Azerbaïdjan, Ilham Aliyev, et sa famille pourraient être éclaboussés, comme la femme du vice président russe, Olga Shuvalova. Le nom d'un associé de l'oligarche russe décédé, Boris Berezovsky serait également cité; ainsi que celui de l'ex-ministre des Finances de Mongolie, qui a déjà dû faire un pas de côté, et pourrait renoncer à toute carrière politique.
En France, en pleine affaire Cahuzac, François Hollande pourrait encore une fois être déstabilisé par une révélation. Le Monde écrit ainsi que Jean-Jacques Augier, trésorier de François Hollande pendant la campagne présidentielle de 2012, serait actionnaire de deux sociétés offshore dans les îles Caïmans, via son holding financier.
Les pays de l'Union européenne doivent "se saisir de la question", dit la Commission
La Commission européenne demande aux pays de l'Union d'adopter notamment une définition commune de ce qu'est un paradis fiscal. Elle a rappelé que l'évasion fiscale coûtait "plus de 1000 milliards" d'euros par an à l'Europe.
Interrogé au cours d'un point de presse, le porte-parole de la Commission européenne, Olivier Bailly, a refusé de commenter la liste des personnalités concernées. Il a cependant rappelé que la Commission européenne "a une position très ferme sur la fraude fiscale en générale" et avait déjà proposé en décembre dernier des mesures qui "sont encore en attente d'accord de la part des États membres" de l'UE.
"Pour la Commission, il ne doit y avoir aucune complaisance quelle qu'elle soit pour les individus, les sociétés ou les pays tiers qui contournent les lois internationales pour organiser la fraude fiscale", a-t-il ajouté.
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