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Actualités :
LE BONJOUR DU «SOIR»
Le défilé militaire de là-bas, à défaut de celui d’ici…
Par Maamar Farah Le 14 juillet prochain, les Algériens accros des parades militaires seront devant leurs petits écrans pour y suivre celle des Champs-Elysées. Il n’y a pas si longtemps, nous étions tellement heureux de voir nos missiles, nos blindés, nos cavaliers, nos fantassins, nos jeunes soldates et nos différents corps d’armée défiler brillamment sous les bourdonnements des appareils de la grande aviation algérienne qui barbouillaient le ciel limpide d’Alger des trois couleurs nationales. Nous attendions le clou du spectacle : le passage des paras avec leur fameux cri de guerre qui nous transportait de fierté. L’armée défile maintenant dans l’espace clos des grandes écoles et ne va plus à la rencontre du peuple qui l’attend toujours Avenue de l’ALN ou, mieux encore, sous le grand Monument aux morts… En ce cinquantenaire de l’indépendance, les jeunes vont voir l’armée de l’ex-pays colonial sur TF1. L’Unique nous proposera des chants patriotiques… tic... tic… tic… l’horloge bat toujours mais ses aiguilles reculent au lieu d’avancer… maamarfarah20@yahoo.fr «A mon avis, dans la guerre, il y a une chose attractive, c'est le défilé de la victoire. L'emmerdant c'est avant.» (Michel Audiard)
  
  
Abdelaziz Bouteflika a procédé, jeudi dernier, au remplacement des six ministres élus aux législatives du 10 mai dont les secteurs respectifs sont confiés, à titre intérimaire, à six autres membres de l’actuel gouvernement Ouyahia. «Cette formalité accomplie, le gouvernement reprendra normalement ses activités, en reprenant notamment ses réunions, dès l’installation officielle de la nouvelle Assemblée.» Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - C’est ce que nous révèle une source proche de la présidence. «Ce faisant, Ouyahia ne déposera pas sa démission de sitôt et poursuivra sa mission à la tête du gouvernement pour quinze à vingt jours encore. Ce ne sera qu’au bout de cette période que le président procédera à la désignation de la composante définitive de l’exécutif.» Selon notre source, Bouteflika temporise sciemment. «C’est sa nature. Il a toujours agi ainsi : et en l’espèce, il attend à ce que les choses se tassent pour prendre une décision.» Cette marge de temps, explique encore notre source, «permettra à la nouvelle Assemblée de s’installer complètement avec la désignation de l’ensemble de ses instances. Ce n’est qu’après que l’on pourrait se faire une idée plus précise sur la nouvelle configuration de l’APN». Une APN fortement dominée par l’alliance présidentielle FLN-RND à laquelle le pouvoir associera, d’une manière ou d’une autre, de «nouveaux venus» comme le FFS ou le PT. En tout cas, au niveau des «attitudes» comme des «discours », ces deux partis n’ont pas déçu le locataire d’El Mouradia. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si ce sont ces deux partis qui seront les plus «gâtés» par le verdict définitif du Conseil constitutionnel rendu public jeudi dernier. Rachid Harraoubia, qui sera certainement élu président de l’Assemblée dès aujourd’hui samedi (et non pas au cours d’une seconde séance initialement prévue pour demain dimanche), n’aura dès lors aucune peine à conduire une législature que l’on prévoit d’ores et déjà des plus monotones. Le gouvernement aussi ne pouvait espérer mieux comme «contre-pouvoir». Pressé par le temps, l’exécutif qui sera constitué autour de Ahmed Ouyahia n’aura ainsi à accomplir qu’une simple formalité constitutionnelle pour faire adopter, dès le mois de juin déjà, le nouveau programme du gouvernement ainsi que la loi des finances pour 2013. Un souci de moins, aussi dès la rentrée où Ouyahia aura à gérer deux dossiers très lourds que sont l’organisation des élections locales et la préparation de la révision constitutionnelle. Cela, sans compter avec un agenda estival très chargé pour le gouvernement qui doit honorer des engagements multiples comme le lancement des festivités officielles de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance que le pouvoir veut grandioses, la gestion du mois de toutes les tensions qu’est le Ramadan, les épreuves du bac et de l’après-bac et, enfin, la préparation de la rentrée sociale. Vers la constitution de super-ministères ? S’achemine-t-on vers un réaménagement gouvernemental allant dans le sens d’un regroupement des secteurs ministériels par «affinités» ? «C’est un scénario envisagé même si rien n’est définitivement tranché pour le moment», nous confie notre source. La désignation par Bouteflika, jeudi dernier, de ministres en exercice pour gérer, en cumul et à titre provisoire, les secteurs de leurs collègues élus comme députés autorise bien une telle spéculation. «On peut même parler d’une sorte de test grandeur nature. Toujours est-il que cette forme d’organisation gouvernementale avec désignation d’un ministre plein assisté par un ou plusieurs secrétaires d’Etat, c’est la tendance à la mode au niveau mondial.» K. A.
  

Ces signes qui devraient inquiéter…
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Par Hakim Laâlam Email : laalamh@yahoo.fr |
Football. Le patron de la DGSN a décidé de retirer les policiers des stades. A mon avis, et quand on voit le niveau, c’est pas les flics qu’il faut enlever.
Si vous voyez ce que j’veux dire !
Loin des feux de l’actualité du vote, très loin des réajustements opérés par le Conseil constitutionnel et qui donnent à ce parti deux ou trois sièges retirés à une autre formation, j’étais jeudi devant le CEM de mon gamin, debout, les bras ballants, les épaules affaissées, le regard vide et presque vitreux devant ce spectacle. Une scène qui résume à elle seule tout l’état de l’enseignement et du savoir dans mon pays. Je n’ai besoin de rien d’autre pour me faire une idée exacte, un topo le plus précis qui soit de l’univers de l’école tel que devenu ces dernières années. Les enfants, à 11 heures 30 minutes, ayant terminé leur dernière composition du trimestre et de l’année, sont sortis bruyamment, pleins de vie, et en faisant un barouf d’enfer. Jusque-là, rien d’anormal ! Ils ont clos ainsi une année scolaire globalement épuisante, parce qu’émaillée d’interruptions, de blancs et de manifs. Ils ont le droit tout à fait légitime de s’exciter un peu et d’animer un chouia leur dernière sortie. Par contre, c’est lorsqu’ils ont commencé à faire la «chose» que là, moi, je me suis frotté les yeux à plusieurs reprises, je me suis pincé et repincé pour vérifier que je ne cauchemardais pas. Presque en même temps, dans un ballet que l’on aurait dit réglé comme du papier musique, sans même l’ombre d’un doute pour la majorité de ces mioches qui sortaient d’un CEM, ils ont extirpé de leurs cartables et besaces leurs livres et cahiers et les ont déchirés en mille morceaux qui sont allés blanchir le trottoir et l’asphalte. Quand j’écris «déchiré», il faut bien comprendre déchiqueté, mis en miettes, dans une sorte de rage folle. On aurait dit un rituel sacrificiel, une sorte de cérémonie de transes collectives, tellement les pages volaient, emplissant un court moment l’air d’une averse neigeuse inattendue en cette saison et cet endroit. La destruction acharnée des cahiers et livres s’est aussi accompagnée d’un piétinement des restes de ces «outils du savoir» de ces «compagnons de trimestres » au sol. Comme pour mieux s’assurer qu’ils ne seront pas repris et rafistolés. Comme pour être sûrs qu’ils ne ressusciteront pas. Lorsque l’école algérienne amène à ce genre de rapport aux supports didactiques, lorsque l’école algérienne aboutit en fin de cycle annuel sur des scènes de lacérations collectives des instruments directs du savoir, il y a motif sérieux à s’inquiéter pour l’équilibre général. Et ce n’est pas passer pour un gros con de nostalgique que de rappeler avec quelle religiosité nous avons gardé nos livres et cahiers d’enfants pour les transmettre à notre engeance. Comme un legs. Comme un processus de transfert, d’héritage qui nous a toujours semblé normal et qui, aujourd’hui, se délite, se déchire. Il n’y a pire supplice que le bruit des pages d’un cahier que l’on détruit. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue. H. L.
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