La Révolution du Jasmin, qui consacre l’irruption de la société sur la scène politique, a vocation de déboucher sur la mise en place d’un nouveau pacte politique entre les différentes sensibilités. L’onde de choc de la Révolution tunisienne est parvenue à “Oum Eddounia”. Depuis mardi, des dizaines de milliers de citoyens, qui ne veulent plus du puissant clan Moubarak, défilent dans les rues du Caire et partout dans le pays. Réaction de survie propre à toute dictature aux abois : la répression. Pas moins de 30 000 policiers, selon des agences, sont déployés pour tenter de sauver un régime chancelant, mais condamné historiquement à tomber. Simple question de temps, estiment les observateurs. Car les mêmes ingrédients, qui sont à l’origine du soulèvement populaire tunisien, existent aussi en Égypte, avec même un plus grand potentiel d’explosivité. Chômage des jeunes diplômés, pauvreté endémique, mainmise de la famille Moubarak sur les leviers économiques du pays, mise au pas de la presse, marginalisation de l’opposition par le parti-État PND... Les mêmes demandes exprimées par les Tunisiens se retrouvent aussi dans les slogans scandés par la rue égyptienne : “Moubarak, dégage !”, “Non à une République héréditaire !”, “Halte à la corruption !”, “Oui aux libertés démocratiques !”... Mais la comparaison doit s’arrêter là. Car les perspectives d’évolution des deux soulèvements sont différentes, de l’avis des experts. En effet, la Révolution du Jasmin, qui consacre l’irruption de la société sur la scène politique, a vocation de déboucher sur la mise en place d’un nouveau pacte politique entre les différentes sensibilités. Cela loin des interférences étrangères. Du moins jusqu’à un certain niveau. Ce qui ne saurait être le cas en Égypte, compte tenu de son poids géostratégique et de son rôle de modérateur dans l’équation du Moyen-Orient. Les Américains, qui sont les maîtres du jeu dans la région, vont vraisemblablement mettre toute leur influence dans la balance pour contrôler le processus de changement de bout en bout. Leur feuille de route consistera, certainement, à convaincre Moubarak de passer la main, pour le remplacer par une nouvelle figure qui répondrait aux attentes de changement exprimées par le peuple. Mais, celui qui succéderait à Moubarak, très probablement pas son fils Djamal, doit correspondre au même formatage que celui du vieux raïs. Ce serait une sorte de “révolution de velours” à l’égyptienne qui sauverait le système en place en changeant les hommes. Car l’Égypte n’est pas la Tunisie. Les enjeux ne sont pas les mêmes au Maghreb et au Moyen-Orient.
Edition du Jeudi 27 Janvier 2011
L’ex-ambassadeur de France en Tunisie enfonce Sarkozy Il affirme que la présidence française était “informée des dérives du système Ben Ali”
Par : Merzak T.
| La polémique franco-française sur les bévues de l’Élysée dans la gestion de la chute du régime de Zine El Abidine Ben Ali est loin d’être finie avec les révélations de l’ancien ambassadeur de France à Tunis, qui affirme que la présidence française était au courant de tout ce qui se passait dans ce pays, notamment les dérives du président tunisien et de son clan. Croyant avoir clos le dossier Tunisie, par son aveu laissant entendre que la France avait sous-estimé les conséquences des évènements ayant conduit à la fuite de Ben Ali, le patron de l’Élysée se voit rabroué par l’ex-ambassadeur de France en Tunisie, Yves Aubin de la Messuzière (2002-2005). Dans une tribune publiée, mercredi, dans le quotidien Libération, ce dernier affirme que la présidence française était bel et bien “informée des dérives du système Ben Ali” et que l'expertise des diplomates français a été “négligée”. Quarante-huit heures après que Nicolas Sarkozy eut fait son mea-culpa après avoir été très critiqué pour avoir lâché l'ex-président tunisien, Zine El abidine Ben Ali, en déclarant que la France avait “sous-estimé les aspirations du peuple tunisien à la liberté”, le diplomate, qui était en poste dans la capitale tunisienne, sort de sa réserve. Yves Aubin de la Messuzière accuse carrément l’Élysée de négligence en indiquant que “les autorités politiques françaises étaient (...) parfaitement informées des dérives du système Ben Ali, qui rejetait toute référence à la question des droits de l'Homme”. N’y allant pas de main morte, il soulignera que “l’expertise du Quai d'Orsay, marginalisé depuis 2007, était négligée”. Sans ambages, il enfoncera les responsables français, notamment Nicolas Sarkozy, qui tentent de se trouver des subterfuges pour échapper aux critiques, en ajoutant qu’“au cours de la décennie passée, les analyses de notre ambassade à Tunis et celles du Quai d'Orsay soulignaient régulièrement la dégradation des libertés publiques et la répression qui touchait les associations et les organisations non gouvernementales”. Yves Aubin de la Messuzière ajoute que “les premières déclarations françaises, au lendemain de la chute de Ben Ali, n'ont pas été à la hauteur”. Pour lui, “les rapports diplomatiques mettaient aussi l'accent sur l'exaspération et le mal-être de la jeunesse tunisienne”, ainsi que sur “la prévarication et le développement d'un système de prédation du secteur privé de l'économie par le clan Trabelsi”. L’ancien directeur Afrique du Nord et Moyen-Orient au ministère des Affaires étrangères trouve que “l’analyse diplomatique privilégiait le risque de mouvements sociaux à la menace islamiste”. Dans sa contribution au journal Libération, il rappellera les propos de Nicolas Sarkozy au cours de sa visite en 2008 à Tunis, où il s'était félicité “des progrès de l'espace des libertés publiques”, qui avaient suscité l'incompréhension et l'indignation. Il conclura son écrit en estimant qu’un “effort important est nécessaire pour rétablir la confiance” avec la Tunisie. Dans l’espoir d’atténuer la pression, Nicolas Sarkozy a décidé, hier, de relever de ses fonctions l’ambassadeur de France en Tunisie, Pierre Ménat, qui fait les frais des erreurs d'appréciation de la diplomatie française lors de la Révolution tunisienne. Pierre Ménat, 60 ans, sera remplacé par Boris Boillon, un jeune diplomate de 41 ans, ancien conseiller du président Nicolas Sarkozy et ambassadeur à Bagdad depuis mai 2009. Sa nomination a été avalisée, mercredi, lors de la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, a-t-on appris de source proche du dossier, confirmant une information du site Lemonde.fr. Précédemment directeur de la Coopération européenne au ministère français des Affaires étrangères, Pierre Ménat n'était en Tunisie que depuis 200 | www.liberte-algerie.com
IGF Djoudi fait son bilan | L’Inspection générale des finances (IGF) a effectué 36 missions de contrôle au niveau du secteur économique durant les deux dernières années et a notifié 177 rapports de contrôle touchant d’autres types d’établissements uniquement au cours de l’année 2010. L’information a été communiquée par le ministre des Finances, Karim Djoudi, qui intervenait, hier à l’ouverture des 5èmes Assises des cadres et inspecteurs de l’IGF. Sans vouloir donner d’amples détails sur le contenu et les conclusions de ces missions, le ministre s’est contenté de dire que l’IGF a effectué pas moins de 36 missions de contrôle au niveau du secteur économique durant les deux dernières années. En revanche, Karim Djoudi a expliqué que cette «sollicitation plus accrue» de l’inspection pour le contrôle et l’audit des Entreprises publiques économiques (EPE) est le fruit des récents amendements réglementaires qui ont permis l’élargissement du champ d’intervention de cette structure au secteur économique. Il importe de souligner dans ce sens qu’à l’effet d’accompagner la volonté affichée des pouvoirs publics en vue d’accentuer la lutte contre la corruption et la dilapidation des deniers publics qui ne cessent de gangrener les sphères économiques et administratives, une carte blanche a été donnée à l’IGF en renforçant ses prérogatives et ses champs d’interventions. Pour rappel, une ordonnance promulguée en février 2008, a renforcé les structures de l’IGF et élargi ses missions aux EPE. Mais les conditions et les modalités de contrôle et d’audit de gestion de ces entreprises par l’IGF n’ont été fixées qu’en mars 2009. Pour les autres interventions de l’IGF, touchant différents types d’établissements, Karim Djoudi a souligné que l’année 2010 a enregistré, à elle seule, la notification de 177 rapports de contrôle «de qualité nettement supérieure par rapport à la période antérieure». Les dépenses publiques colossales engagées dans le cadre du programme d’investissements publics (2010-2014), appellent les institutions de contrôle, notamment l’IGF, à jouer «un rôle prépondérant dans la rationalisation budgétaire, la sécurisation des fonds publics et la lutte contre la corruption», a-t-il tenu à rappeler. D’ailleurs, les saisines «en nombre sans cesse croissant» parvenant des autorités habilitées portant sur des dossiers «parfois très sensibles» sont, soutient l’argentier du pays, une «marque indéniable de la confiance placée par les pouvoirs publics en cette institution ». Karim Djoudi a appelé également les cadres de l’IGF à «anticiper sur la mise en application des nouvelles normes et procédures des systèmes budgétaires et du nouveau système comptable financier ». Les assises annuelles de l’IGF, dont les travaux se déroulent à huis clos, sont consacrées à l’examen du bilan de la feuille de route 2009-2010, au programme d’actions pour 2011 et 2012 ainsi qu’à la présentation d’un «manuel de procédures». Ce manuel, une fois formalisé et validé, constituera «un instrument privilégié pour une meilleure conduite des missions » de l’Inspection, s’est félicité le ministre. Il est nécessaire de rappeler que le gouvernement avait introduit en 2010 plusieurs amendements législatifs visant la lutte contre les diverses formes de dérives et malversations liées à la gestion des fonds publics. Pour ne citer que cela, les pouvoirs publics ont procédé à la révision de la loi relative à la lutte contre la corruption et du code des marchés publics, le renforcement de la Cour des comptes, l’amendement des lois sur la monnaie et le crédit et sur les infractions de change ainsi que l’élargissement du contrôle au sein du ministère des Finances. | H. M. Edition du Jeudi 27 Janvier 2011
Kadhafi se dit solidaire avec le peuple tunisien Opérant un virage à 180 degrés
Par : M. A. Boumendil
| Le dirigeant libyen, Mouâmmar Al-Kadhafi, s’est déclaré solidaire avec le peuple tunisien lors d’une interview diffusée, hier soir, par la chaîne de télévision privée, Nessma Tv. Ce faisant, il opère un virage à 180 degrés par rapport à ses déclarations qui ont suivi la fuite du dictateur tunisien, Zine El Abidine Ben Ali, qu’il disait alors reconnaître toujours comme le président légitime de la Tunisie, ce qui a provoqué l’ire et l’inquiétude du peuple voisin. “On ne peut pas être contre la volonté du peuple tunisien. Nous sommes avec le peuple tunisien”, a déclaré le Guide libyen, non sans y ajouter quelques conseils de son cru, en conformité avec sa propre vision des choses. “Si le peuple a déclenché la Révolution, il doit se gouverner lui-même. Je ne peux que soutenir cette orientation, si elle s’achemine vers le pouvoir des masses”, a-t-il, en effet, ajouté. Et d’expliquer que la révolution tunisienne serait vaine si les Tunisiens ne rompaient pas avec l’ordre républicain. Selon lui, si les Tunisiens doivent encore élire un président et un Parlement et se doter d’un gouvernement, leur révolution n’aura servi à rien et les sacrifices consentis auront été inutiles. En fait, il a tout simplement invité ses voisins à calquer leur future architecture institutionnelle sur le modèle qu’il a lui-même imposé aux Libyens et pour lequel il n’a pas tari d’éloges le long de l’entretien. Bref, le dirigeant libyen rêve d’une future Jamahiriya tunisienne. Se disant très concerné par l’évolution de la situation en Tunisie, il a néanmoins fait part de ses inquiétudes car, a-t-il dit, “j’ai peur que la révolution du peuple tunisien ne lui soit volée. Il y a des manœuvres à l’intérieur et de la part d’intérêts étrangers”. L’inquiétude du Guide libyen est sans doute sincère car, dans tous les cas, rien ne sera plus comme avant en Tunisie. Ou le pays réussit sa mue démocratique et construit un État de droit, ou les islamistes organisent le parfait hold-up et instaurent, à terme, une République islamique. Dans les deux cas, la contagion est à craindre pour le dirigeant libyen qui s’accommodait parfaitement du régime de Ben Ali. Loin d’être fortuite, l’intervention de Kadhafi sur une chaîne de télévision tunisienne, sans doute la plus regardée au Maghreb en cette période mouvementée, relève à la fois de son désir de réconciliation avec le peuple tunisien, que ses précédentes déclarations avaient sérieusement fâché, et de sa volonté de peser sur les évènements. C’est, en effet, lui qui a émis le vœu de s’adresser au peuple voisin, via une chaîne de télévision locale, prétextant que ses récentes interventions sur des chaînes satellitaires ne traduisaient pas la réalité et le fond de sa pensée. À l’origine, il n’était d’ailleurs pas question d’interview, mais d’une allocution solennelle. Le long de l’interview, le Guide libyen a développé un discours confus, décousu et, parfois, carrément incohérent. Il a néanmoins le mérite de se prononcer sur une Révolution qui se déroule à ses frontières. En cela, au moins, il se démarque des dirigeants maghrébins et arabes dont le silence assourdissant ne cache pas pour autant l’inquiétude, voire la peur et la panique dans certains cas. Edition du Jeudi 27 Janvier 2011
Hosni Moubarak sommé de quitter le pouvoir Quatre morts dans les manifestations contre son régime et pressions internationales
Par : Merzak Tigrine
| Prenant note des demandes de changement politique des manifestants égyptiens et dressant certainement un parallèle avec la Révolution en Tunisie, Washington et l’Union européenne pressent le raïs Moubarak à les écouter. En plus des nombreux appels des organisateurs des manifestations anti-régime de mardi en Égypte à poursuivre la contestation, malgré l’interdiction du président Hosni Moubarak, les États-Unis et l’Union européenne ont interpellé ce dernier pour qu’il réponde à ces aspirations qu’ils jugent “légitimes”. Sur le terrain, un manifestant est décédé, hier, succombant à ses blessures reçues la veille à Suez, à une centaine de kilomètres à l’est du Caire. Cela porte à quatre le nombre de personnes tuées dans des affrontements — trois manifestants et un policier. Ainsi, le Mouvement du 6 avril, un groupe de militants pro-démocratie, a annoncé qu’il appelait à de nouveaux rassemblements dans le centre du Caire, “pour demander le droit de vivre, la liberté et la dignité”. Les manifestations antigouvernementales de mardi, qui ont mobilisé des milliers de personnes à travers le pays, sont les plus importantes du genre survenues en Égypte au cours des trois décennies de présence du président Hosni Moubarak à la tête de l’État. Inspirées de la révolte tunisienne qui a conduit au départ du président Zine El Abidine Ben Ali à la mi-janvier, elles sont dominées par des slogans demandant le départ de M. Moubarak, 82 ans, au pouvoir depuis 1981. Quelque 200 personnes ont été arrêtées, mardi, lors des manifestations, selon les services de sécurité. Devant cette situation, Washington et Bruxelles ont appelé le président égyptien à répondre à ces demandes de changement. Pour l’Union européenne, les manifestations en Égypte reflètent les aspirations de la population en faveur du “changement politique” et constituent un “signal” après les évènements en Tunisie. La porte-parole de Catherine Ashton, Maja Kocijancic, a affirmé, dans un communiqué, que “des milliers de citoyens égyptiens se sont rassemblés dans les rues du Caire pour exprimer leur souhait de changement politique”. Elle a souligné que “l’Union européenne suit de près les manifestations qui se déroulent actuellement au Caire et les considèrent comme le signal des aspirations de beaucoup d'Égyptiens dans le sillage des évènements survenus en Tunisie”. La même source indiquera que l’UE appelle, en outre, les autorités égyptiennes à “respecter et à protéger le droit des citoyens égyptiens à manifester” de manière pacifique et à prendre note de leur souhait légitime “à ce que des décisions politiques soient prises pour répondre à leurs problèmes quotidiens”. De son côté, la Maison-Blanche a exhorté, sans détour, le gouvernement égyptien à écouter les aspirations de sa population et à respecter les droits démocratiques. “Le gouvernement égyptien a une occasion importante d'être sensible aux aspirations du peuple égyptien et de mener des réformes politiques, économiques et sociales qui peuvent améliorer sa vie et aider à la prospérité de l'Égypte”, lit-on dans le communiqué de la Maison-Blanche. Il précise que “les États-Unis sont engagés à travailler avec l’Égypte et le peuple égyptien pour faire avancer ces objectifs”. “Nous soutenons les droits universels du peuple égyptien, y compris le droit à la liberté d’expression, d’association et de rassemblement”, ajoute le communiqué. Ce communiqué de la Maison-Blanche au ton inhabituellement ferme a été publié plusieurs heures après que le président Barack Obama eut déclaré dans son discours sur l’état de l’Union qu’en Tunisie, “la volonté du peuple s'est révélée plus puissante que l'étreinte d'un dictateur”. |
|
|
***********************************************
|
|
|
|
|
|
|
| Dilem du Jeudi 27 Janvier 2011 | Vu 13992 fois
* Actualité | Par : Merzak T.
Lu : (6328 fois)
| |
|
Par : dr ahmed benbitour
Lu : (270 fois)
|
|
|
Par : Merzak Tigrine
Lu : (6771 fois)
| |
|
Par : M. A. Boumendil
Lu : (900 fois)
|
|
|
Par : MALIKA BEN
Lu : (3186 fois)
| |
|
Par : NEïLA B.
Lu : (155 fois)
| |
|
Par : Samir LESLOUS
Lu : (598 fois)
|
|
|
Par : N. B.
Lu : (563 fois)
|
|
|
Par : N. B.
Lu : (814 fois)
|
|
|
Par : Souheila B.
Lu : (270 fois)
|
|
|
Lu : (451 fois)
| |
|
Par : B. Badis
Lu : (185 fois)
|
|
|
Par : Moussa Ouyougoute
Lu : (121 fois)
|
|
|
Lu : (595 fois)
| | |
|
|
|
Edition du Jeudi 27 Janvier 2011
Question d’enjeux
| La Révolution du Jasmin, qui consacre l’irruption de la société sur la scène politique, a vocation de déboucher sur la mise en place d’un nouveau pacte politique entre les différentes sensibilités. L’onde de choc de la Révolution tunisienne est parvenue à “Oum Eddounia”. Depuis mardi, des dizaines de milliers de citoyens, qui ne veulent plus du puissant clan Moubarak, défilent dans les rues du Caire et partout dans le pays. Réaction de survie propre à toute dictature aux abois : la répression. Pas moins de 30 000 policiers, selon des agences, sont déployés pour tenter de sauver un régime chancelant, mais condamné historiquement à tomber. Simple question de temps, estiment les observateurs. Car les mêmes ingrédients, qui sont à l’origine du soulèvement populaire tunisien, existent aussi en Égypte, avec même un plus grand potentiel d’explosivité. Chômage des jeunes diplômés, pauvreté endémique, mainmise de la famille Moubarak sur les leviers économiques du pays, mise au pas de la presse, marginalisation de l’opposition par le parti-État PND... Les mêmes demandes exprimées par les Tunisiens se retrouvent aussi dans les slogans scandés par la rue égyptienne : “Moubarak, dégage !”, “Non à une République héréditaire !”, “Halte à la corruption !”, “Oui aux libertés démocratiques !”... Mais la comparaison doit s’arrêter là. Car les perspectives d’évolution des deux soulèvements sont différentes, de l’avis des experts. En effet, la Révolution du Jasmin, qui consacre l’irruption de la société sur la scène politique, a vocation de déboucher sur la mise en place d’un nouveau pacte politique entre les différentes sensibilités. Cela loin des interférences étrangères. Du moins jusqu’à un certain niveau. Ce qui ne saurait être le cas en Égypte, compte tenu de son poids géostratégique et de son rôle de modérateur dans l’équation du Moyen-Orient. Les Américains, qui sont les maîtres du jeu dans la région, vont vraisemblablement mettre toute leur influence dans la balance pour contrôler le processus de changement de bout en bout. Leur feuille de route consistera, certainement, à convaincre Moubarak de passer la main, pour le remplacer par une nouvelle figure qui répondrait aux attentes de changement exprimées par le peuple. Mais, celui qui succéderait à Moubarak, très probablement pas son fils Djamal, doit correspondre au même formatage que celui du vieux raïs. Ce serait une sorte de “révolution de velours” à l’égyptienne qui sauverait le système en place en changeant les hommes. Car l’Égypte n’est pas la Tunisie. Les enjeux ne sont pas les mêmes au Maghreb et au Moyen-Orient.
Edition du Jeudi 27 Janvier 2011
L’ex-ambassadeur de France en Tunisie enfonce Sarkozy Il affirme que la présidence française était “informée des dérives du système Ben Ali”
Par : Merzak T.
| La polémique franco-française sur les bévues de l’Élysée dans la gestion de la chute du régime de Zine El Abidine Ben Ali est loin d’être finie avec les révélations de l’ancien ambassadeur de France à Tunis, qui affirme que la présidence française était au courant de tout ce qui se passait dans ce pays, notamment les dérives du président tunisien et de son clan. Croyant avoir clos le dossier Tunisie, par son aveu laissant entendre que la France avait sous-estimé les conséquences des évènements ayant conduit à la fuite de Ben Ali, le patron de l’Élysée se voit rabroué par l’ex-ambassadeur de France en Tunisie, Yves Aubin de la Messuzière (2002-2005). Dans une tribune publiée, mercredi, dans le quotidien Libération, ce dernier affirme que la présidence française était bel et bien “informée des dérives du système Ben Ali” et que l'expertise des diplomates français a été “négligée”. Quarante-huit heures après que Nicolas Sarkozy eut fait son mea-culpa après avoir été très critiqué pour avoir lâché l'ex-président tunisien, Zine El abidine Ben Ali, en déclarant que la France avait “sous-estimé les aspirations du peuple tunisien à la liberté”, le diplomate, qui était en poste dans la capitale tunisienne, sort de sa réserve. Yves Aubin de la Messuzière accuse carrément l’Élysée de négligence en indiquant que “les autorités politiques françaises étaient (...) parfaitement informées des dérives du système Ben Ali, qui rejetait toute référence à la question des droits de l'Homme”. N’y allant pas de main morte, il soulignera que “l’expertise du Quai d'Orsay, marginalisé depuis 2007, était négligée”. Sans ambages, il enfoncera les responsables français, notamment Nicolas Sarkozy, qui tentent de se trouver des subterfuges pour échapper aux critiques, en ajoutant qu’“au cours de la décennie passée, les analyses de notre ambassade à Tunis et celles du Quai d'Orsay soulignaient régulièrement la dégradation des libertés publiques et la répression qui touchait les associations et les organisations non gouvernementales”. Yves Aubin de la Messuzière ajoute que “les premières déclarations françaises, au lendemain de la chute de Ben Ali, n'ont pas été à la hauteur”. Pour lui, “les rapports diplomatiques mettaient aussi l'accent sur l'exaspération et le mal-être de la jeunesse tunisienne”, ainsi que sur “la prévarication et le développement d'un système de prédation du secteur privé de l'économie par le clan Trabelsi”. L’ancien directeur Afrique du Nord et Moyen-Orient au ministère des Affaires étrangères trouve que “l’analyse diplomatique privilégiait le risque de mouvements sociaux à la menace islamiste”. Dans sa contribution au journal Libération, il rappellera les propos de Nicolas Sarkozy au cours de sa visite en 2008 à Tunis, où il s'était félicité “des progrès de l'espace des libertés publiques”, qui avaient suscité l'incompréhension et l'indignation. Il conclura son écrit en estimant qu’un “effort important est nécessaire pour rétablir la confiance” avec la Tunisie. Dans l’espoir d’atténuer la pression, Nicolas Sarkozy a décidé, hier, de relever de ses fonctions l’ambassadeur de France en Tunisie, Pierre Ménat, qui fait les frais des erreurs d'appréciation de la diplomatie française lors de la Révolution tunisienne. Pierre Ménat, 60 ans, sera remplacé par Boris Boillon, un jeune diplomate de 41 ans, ancien conseiller du président Nicolas Sarkozy et ambassadeur à Bagdad depuis mai 2009. Sa nomination a été avalisée, mercredi, lors de la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, a-t-on appris de source proche du dossier, confirmant une information du site Lemonde.fr. Précédemment directeur de la Coopération européenne au ministère français des Affaires étrangères, Pierre Ménat n'était en Tunisie que depuis 200 | www.liberte-algerie.com
IGF Djoudi fait son bilan | L’Inspection générale des finances (IGF) a effectué 36 missions de contrôle au niveau du secteur économique durant les deux dernières années et a notifié 177 rapports de contrôle touchant d’autres types d’établissements uniquement au cours de l’année 2010. L’information a été communiquée par le ministre des Finances, Karim Djoudi, qui intervenait, hier à l’ouverture des 5èmes Assises des cadres et inspecteurs de l’IGF. Sans vouloir donner d’amples détails sur le contenu et les conclusions de ces missions, le ministre s’est contenté de dire que l’IGF a effectué pas moins de 36 missions de contrôle au niveau du secteur économique durant les deux dernières années. En revanche, Karim Djoudi a expliqué que cette «sollicitation plus accrue» de l’inspection pour le contrôle et l’audit des Entreprises publiques économiques (EPE) est le fruit des récents amendements réglementaires qui ont permis l’élargissement du champ d’intervention de cette structure au secteur économique. Il importe de souligner dans ce sens qu’à l’effet d’accompagner la volonté affichée des pouvoirs publics en vue d’accentuer la lutte contre la corruption et la dilapidation des deniers publics qui ne cessent de gangrener les sphères économiques et administratives, une carte blanche a été donnée à l’IGF en renforçant ses prérogatives et ses champs d’interventions. Pour rappel, une ordonnance promulguée en février 2008, a renforcé les structures de l’IGF et élargi ses missions aux EPE. Mais les conditions et les modalités de contrôle et d’audit de gestion de ces entreprises par l’IGF n’ont été fixées qu’en mars 2009. Pour les autres interventions de l’IGF, touchant différents types d’établissements, Karim Djoudi a souligné que l’année 2010 a enregistré, à elle seule, la notification de 177 rapports de contrôle «de qualité nettement supérieure par rapport à la période antérieure». Les dépenses publiques colossales engagées dans le cadre du programme d’investissements publics (2010-2014), appellent les institutions de contrôle, notamment l’IGF, à jouer «un rôle prépondérant dans la rationalisation budgétaire, la sécurisation des fonds publics et la lutte contre la corruption», a-t-il tenu à rappeler. D’ailleurs, les saisines «en nombre sans cesse croissant» parvenant des autorités habilitées portant sur des dossiers «parfois très sensibles» sont, soutient l’argentier du pays, une «marque indéniable de la confiance placée par les pouvoirs publics en cette institution ». Karim Djoudi a appelé également les cadres de l’IGF à «anticiper sur la mise en application des nouvelles normes et procédures des systèmes budgétaires et du nouveau système comptable financier ». Les assises annuelles de l’IGF, dont les travaux se déroulent à huis clos, sont consacrées à l’examen du bilan de la feuille de route 2009-2010, au programme d’actions pour 2011 et 2012 ainsi qu’à la présentation d’un «manuel de procédures». Ce manuel, une fois formalisé et validé, constituera «un instrument privilégié pour une meilleure conduite des missions » de l’Inspection, s’est félicité le ministre. Il est nécessaire de rappeler que le gouvernement avait introduit en 2010 plusieurs amendements législatifs visant la lutte contre les diverses formes de dérives et malversations liées à la gestion des fonds publics. Pour ne citer que cela, les pouvoirs publics ont procédé à la révision de la loi relative à la lutte contre la corruption et du code des marchés publics, le renforcement de la Cour des comptes, l’amendement des lois sur la monnaie et le crédit et sur les infractions de change ainsi que l’élargissement du contrôle au sein du ministère des Finances. | H. M. Edition du Jeudi 27 Janvier 2011
Kadhafi se dit solidaire avec le peuple tunisien Opérant un virage à 180 degrés
Par : M. A. Boumendil
| Le dirigeant libyen, Mouâmmar Al-Kadhafi, s’est déclaré solidaire avec le peuple tunisien lors d’une interview diffusée, hier soir, par la chaîne de télévision privée, Nessma Tv. Ce faisant, il opère un virage à 180 degrés par rapport à ses déclarations qui ont suivi la fuite du dictateur tunisien, Zine El Abidine Ben Ali, qu’il disait alors reconnaître toujours comme le président légitime de la Tunisie, ce qui a provoqué l’ire et l’inquiétude du peuple voisin. “On ne peut pas être contre la volonté du peuple tunisien. Nous sommes avec le peuple tunisien”, a déclaré le Guide libyen, non sans y ajouter quelques conseils de son cru, en conformité avec sa propre vision des choses. “Si le peuple a déclenché la Révolution, il doit se gouverner lui-même. Je ne peux que soutenir cette orientation, si elle s’achemine vers le pouvoir des masses”, a-t-il, en effet, ajouté. Et d’expliquer que la révolution tunisienne serait vaine si les Tunisiens ne rompaient pas avec l’ordre républicain. Selon lui, si les Tunisiens doivent encore élire un président et un Parlement et se doter d’un gouvernement, leur révolution n’aura servi à rien et les sacrifices consentis auront été inutiles. En fait, il a tout simplement invité ses voisins à calquer leur future architecture institutionnelle sur le modèle qu’il a lui-même imposé aux Libyens et pour lequel il n’a pas tari d’éloges le long de l’entretien. Bref, le dirigeant libyen rêve d’une future Jamahiriya tunisienne. Se disant très concerné par l’évolution de la situation en Tunisie, il a néanmoins fait part de ses inquiétudes car, a-t-il dit, “j’ai peur que la révolution du peuple tunisien ne lui soit volée. Il y a des manœuvres à l’intérieur et de la part d’intérêts étrangers”. L’inquiétude du Guide libyen est sans doute sincère car, dans tous les cas, rien ne sera plus comme avant en Tunisie. Ou le pays réussit sa mue démocratique et construit un État de droit, ou les islamistes organisent le parfait hold-up et instaurent, à terme, une République islamique. Dans les deux cas, la contagion est à craindre pour le dirigeant libyen qui s’accommodait parfaitement du régime de Ben Ali. Loin d’être fortuite, l’intervention de Kadhafi sur une chaîne de télévision tunisienne, sans doute la plus regardée au Maghreb en cette période mouvementée, relève à la fois de son désir de réconciliation avec le peuple tunisien, que ses précédentes déclarations avaient sérieusement fâché, et de sa volonté de peser sur les évènements. C’est, en effet, lui qui a émis le vœu de s’adresser au peuple voisin, via une chaîne de télévision locale, prétextant que ses récentes interventions sur des chaînes satellitaires ne traduisaient pas la réalité et le fond de sa pensée. À l’origine, il n’était d’ailleurs pas question d’interview, mais d’une allocution solennelle. Le long de l’interview, le Guide libyen a développé un discours confus, décousu et, parfois, carrément incohérent. Il a néanmoins le mérite de se prononcer sur une Révolution qui se déroule à ses frontières. En cela, au moins, il se démarque des dirigeants maghrébins et arabes dont le silence assourdissant ne cache pas pour autant l’inquiétude, voire la peur et la panique dans certains cas. Edition du Jeudi 27 Janvier 2011
Hosni Moubarak sommé de quitter le pouvoir Quatre morts dans les manifestations contre son régime et pressions internationales
Par : Merzak Tigrine
| Prenant note des demandes de changement politique des manifestants égyptiens et dressant certainement un parallèle avec la Révolution en Tunisie, Washington et l’Union européenne pressent le raïs Moubarak à les écouter. En plus des nombreux appels des organisateurs des manifestations anti-régime de mardi en Égypte à poursuivre la contestation, malgré l’interdiction du président Hosni Moubarak, les États-Unis et l’Union européenne ont interpellé ce dernier pour qu’il réponde à ces aspirations qu’ils jugent “légitimes”. Sur le terrain, un manifestant est décédé, hier, succombant à ses blessures reçues la veille à Suez, à une centaine de kilomètres à l’est du Caire. Cela porte à quatre le nombre de personnes tuées dans des affrontements — trois manifestants et un policier. Ainsi, le Mouvement du 6 avril, un groupe de militants pro-démocratie, a annoncé qu’il appelait à de nouveaux rassemblements dans le centre du Caire, “pour demander le droit de vivre, la liberté et la dignité”. Les manifestations antigouvernementales de mardi, qui ont mobilisé des milliers de personnes à travers le pays, sont les plus importantes du genre survenues en Égypte au cours des trois décennies de présence du président Hosni Moubarak à la tête de l’État. Inspirées de la révolte tunisienne qui a conduit au départ du président Zine El Abidine Ben Ali à la mi-janvier, elles sont dominées par des slogans demandant le départ de M. Moubarak, 82 ans, au pouvoir depuis 1981. Quelque 200 personnes ont été arrêtées, mardi, lors des manifestations, selon les services de sécurité. Devant cette situation, Washington et Bruxelles ont appelé le président égyptien à répondre à ces demandes de changement. Pour l’Union européenne, les manifestations en Égypte reflètent les aspirations de la population en faveur du “changement politique” et constituent un “signal” après les évènements en Tunisie. La porte-parole de Catherine Ashton, Maja Kocijancic, a affirmé, dans un communiqué, que “des milliers de citoyens égyptiens se sont rassemblés dans les rues du Caire pour exprimer leur souhait de changement politique”. Elle a souligné que “l’Union européenne suit de près les manifestations qui se déroulent actuellement au Caire et les considèrent comme le signal des aspirations de beaucoup d'Égyptiens dans le sillage des évènements survenus en Tunisie”. La même source indiquera que l’UE appelle, en outre, les autorités égyptiennes à “respecter et à protéger le droit des citoyens égyptiens à manifester” de manière pacifique et à prendre note de leur souhait légitime “à ce que des décisions politiques soient prises pour répondre à leurs problèmes quotidiens”. De son côté, la Maison-Blanche a exhorté, sans détour, le gouvernement égyptien à écouter les aspirations de sa population et à respecter les droits démocratiques. “Le gouvernement égyptien a une occasion importante d'être sensible aux aspirations du peuple égyptien et de mener des réformes politiques, économiques et sociales qui peuvent améliorer sa vie et aider à la prospérité de l'Égypte”, lit-on dans le communiqué de la Maison-Blanche. Il précise que “les États-Unis sont engagés à travailler avec l’Égypte et le peuple égyptien pour faire avancer ces objectifs”. “Nous soutenons les droits universels du peuple égyptien, y compris le droit à la liberté d’expression, d’association et de rassemblement”, ajoute le communiqué. Ce communiqué de la Maison-Blanche au ton inhabituellement ferme a été publié plusieurs heures après que le président Barack Obama eut déclaré dans son discours sur l’état de l’Union qu’en Tunisie, “la volonté du peuple s'est révélée plus puissante que l'étreinte d'un dictateur”. |
|
|
|
|